vent d'autan
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Politique Fiction

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Billet de blog 10 nov. 2021

vent d'autan
Je ne suis qu'un rêveur...
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EST-CE QUE CE MONDE EST SÉRIEUX ?

“Ainsi commence le fascisme. Il ne dit jamais son nom, il rampe, il flotte, quand il montre le bout de son nez, on dit : C'est lui ? Vous croyez ? Il ne faut rien exagérer ! Et puis un jour on le prend dans la gueule et il est trop tard pour l'expulser.” ― Françoise Giroud

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

24 Avril 2022. Vingt heures pétantes. Décompte à rebours. La Start-up nation au garde à vous. Tapis rouge sous les projecteurs. Capharnaüm médiatique. Prophéties de gourous à écharpe rouge.

Rivés sur leur poste de télévision, les yeux hagards, vagues et dilatés par des mois entiers de débats sulfureux, quelques millions de citoyens en quête de renouveau, restent suspendus au résultat. Retranché en son bunker, le conciliabule s’éternise dans son isoloir.  Point de fumée sans feu. Point de fumée blanche. Pronostics au coude à coude. Suspens et désarroi. Qui sera le prochain protagoniste de cette tragédie quinquennale ? Casting à odeur de souffre.

Les paris restent ouverts. La côte dépasse tous les entendements. Les bookmakers, eux, s'en frottent les mains. Plus par conviction que par rébellion, la boite à cafard restera éteinte en cette soirée désobligeante. Qu'importe le dénouement de cette folle mascarade, la fracture, elle, restera sociale. Quoi que l'on dise, quoi que l'on fasse. L’échéance d’une mauvaise plaisanterie. Pour combien de jours encore ?

Illustration 2

Aux prémices du petit matin, la nation franchouillarde s'éveille avec la gaule  de bois. Soupe de moure des lendemains de foire. Alka Seltzer pour tout le monde. Tournée générale !

Mal à droite et un peu gauche, Marianne, en proie à tant de fourberie et d’hypocrisie, ne sait plus trop à quel sein se vouer. Confuse et médusée, quitte à damner son âme au diable, elle s'en retourne en ses pénates, la République en lambeaux.

Aux avants  postes, la peste brune en embuscade. 1936, chronique de l’avant guerre, n'aura pas suffit à imprégner les mémoires. L'histoire, satanée réitération des événements. La douleur à fleur de maux. L’obscur, toujours en ligne de mire. Plus personne ne parle de lendemain qui chante. Asthénie générale.

Blasé, lassé de cette zizanie de la crise démocratique, on finit par s’abandonner à la dépression citoyenne. Dégout d’un casting politique déjà trop vu, trop entendu. A vaincre sans péril, l’abstention paralyse les rêves de liberté. Mais comment s’indigner face à cette présidentielle de trop ? Comment s’extraire du carcan du suffrage universel et des institutions du présidentialisme outrancier de la V° ? Vestiges et vertiges d’un temps honni sous la bannière des insurgés. L’Enfer a bien les pieds sur terre.

Illustration 3

Invité surprise de la campagne présidentielle, l'agitateur gonflé par l’outrecuidance des sondages, surfe sur la fabrique de l'opinion. En ces temps aussi  imprévisibles qu'incertains, hanté par ce malin plaisir à empoisonner cette dépravation des passions, le prophète de pacotille s’est mis à charmer les serpents à sornettes, manière tonitruante de se prouver quelconque légitimité de leader charismatique. Provocateur au point de vue qui détonne à coups d’obsessions identitaires, nationalistes et populistes. Déchéance et usurpation du socle démocratique. L’enfer pavé de bonnes intentions. Le pays, au bord de l'abîme, a perdu le sens de l'avenir. Nous n’avons plus le temps d’imaginer le pire…

Mille et une stratégies au lance-flammes pour amadouer, cajoler, caresser dans le sens du poil une opinion en écho à la fracture sociale. Tous les prétextes sont de bon aloi pour agiter les peurs, stigmatiser l’étranger, flagorner l’outrance et la négation jusqu'à instiller le poison de sa propre sale haine au sein des esprits les plus retors. Violente et passionnée, la polémique fait le buzz, qui lui-même alimente sans fin cette même controverse.  Ainsi donc la boucle est bouclée. Problématique sans fin du chien qui se mord la queue. Sans queue ni tête. Tête à queue. Veni, Vidi, Vichy. Z: l’énigme sous X.

Du côté de Toulon, la Marine reste en rade. A quai dans les brumes pestilentielles des décombres. La rumeur devient prégnante. Extrêmes : fanatisme,  haine,  mort, bien plus qu’une habitude, récurrente certitude. Presque une attitude. Miracle vénéneux. La marge en avant.

Cinq ans de Trumpitude outre Atlantique auront ouvert la boîte de Pandore, agitant sans vergogne les vieux démons. Pourquoi donc cette vielle France pantouflarde des Lumières se damne t'elle de la sorte à singer sans vergogne le pire des infamies du continent de tous les extrêmes? Manquerions- nous cruellement d'idéologie constructive? Serions- nous éternellement condamnés à exister dans l'ombre de l'aigle rapace de la bannière étoilée ? En décalage permanent, à toujours s’empresser de renifler le derrière de l’empire de la démesure ? Ne serions-nous point un pays de seconde zone, ersatz hollywoodien, parodie de western spaghetti? Pourquoi s'auto flageller de la sorte? Et l’on entend dire sournoisement : « Tout cela finira mal… »

Illustration 4

Nuit sombre et peste brune.Duo de choc. Le bruit des bottes en fond sonore. Et le tocsin qui sonne le glas des jours ordinaires engloutis dans le néant.. Bien peu se reconnaitront dans les tréfonds de cette sourde angoisse d’un autre temps, résurgence de cette hystérie collective de l’oscillation au bord de l’abîme que Jaurès claironnait haut et fort.

Nul prophète en ce pays, nous ne pouvons pas dire que nous ne savions pas et nous retrancher en silence derrière le confort de nos commodités matérielles, bien au chaud dans le silence de nos pantoufles. Il est grand temps de se réveiller, là où les cœurs battent plus fort que l’infamie! Un regain, un sursaut, un élan, un soulèvement, une révolte, l'insurrection qui vient....

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