J’y pensais ce matin devant mon œuf à la coke. Vous êtes bien gentil, msieur Pine-eau, de donner tous ces millions à notre dame pour qu’elle s’assoit sur un banc en attendant de se relever. Bien gentil. C’est de la philanthropie. Vous êtes trop bon. Merci patron.
Et puis ces millions, comme vous nous les avez pris pour notre bien, parce que les gens ne savent pas gérer leur argent, vous avez senti que le moment était venu de les redonner. Au centuple ? Comme Jésus ? Peut-être moins, il faut rester modeste et laisser à Jésus ce qui lui appartient. Sinon c’est de l’orgueil, et c’est pas bien.
Ces millions d’ailleurs, vous les avez pas eus en virant des gens de leurs usines parce qu’ils rapportaient pas assez histoire de leur apprendre à être des vrais entrepreneurs dans l’âme pour leur bien ? Non ? C’est pas vous ? Ah oui c’est votre ami Peinard Arnaud, qui a donné encore plus que vous soit dit en passant. Ah msieur Peinard, il s’y connaît en ruines, il en a fermé des usines. C’est un expert. Avec lui vous faites une belle équipe. C’est sûr que notre dame va bientôt se relever.
Et puis vous avez un allié dans les Tas ! Votre ami le Résident, l’occupant de la Raie publique. Lui il en a des bonnes idées modernes ! Le crowdfunding par exemple ! J’en ai fait un récemment pour obtenir deux mille balles. Dans mon secteur on y a de plus en plus recours, comme il n’y a plus de subventions ou en tous cas de moins en moins pour notre bien pour qu’on devienne des entrepreneurs dans l’âme. Et je les ai obtenus ! Vous pouvez être fier de moi.
Je m’y connais, je vous explique. Grâce à ce système de don aux entreprises culturelles, qui bénéficiera à notre dame, vous êtes gagnant msieur Pine-eau. Vous aurez une réduction d’impôts de 66% sur le montant de votre don. Ce qui fait que votre don de 100 millions ne vous coûtera en fait que 34 millions.
Et puis avec tout ce que vous avez investi dans les Radis fiscaux, en fait ça ne vous coûtera rien. Pas un radis, s’y j’ose dire. Ah ça vous avez beaucoup investi dans les Radis. Des hectares et des hectares. Comme votre ami Peinard. Vous êtes des vrais agriculteurs. Et des propriétaires ! Parce qu’avec vos dons, notre dame, elle vous appartiendra ! N’oubliez pas de mettre des tickets à l’entrée, quand on ira la voir sur son banc. N’oubliez pas de nous faire payer, pour vous faire rembourser de toute votre bonté.
Alors je vous dis merci pour résumer. Avec toute mon admiration pour les vrais entrepreneurs dans l’âme que vous êtes. Des modèles. Oui, pour beaucoup de gens, enfin les modernes, ceux qui ont de la bonne volonté et qui comprennent le monde tel qu’il est.
Et puis notre dame, je l’aime beaucoup et j’aimerais qu’elle se relève bien vite.
Mais je vous le dis en toute honnêteté, votre argent, je préférerais que vous le gardiez, ou plutôt que vous payiez vos impôts avec. Ça, ça nous aiderait vraiment. Nous tous, pas seulement notre dame.
Allez, je vous sers la main. Tellement fort et avec tellement d’amour qu’on entend craquer vos petites jointures.