
Tel un fantôme ensommeillé avec sa gueule d’ange tombé des nues, à l’évidence son destin semblait tenir dans le creux de sa main. Aucune entrave ne pouvant mettre un terme à cet irrésistible pouvoir d’attraction dont il jugulait à merveille tenants et aboutissants. Conscient du prestige dont il jouissait aux yeux des autres, gloire et beauté s’offraient à lui comme pain béni en terre promise. Par d’étonnants tours de passe-passe sa toute puissance se focalisait sur son étonnante capacité de séduction, l’attrait de son charme livrant bataille de façon prémonitoire en assauts désordonnés.
Engoncé dans son pêché d’orgueil il ne prêtait guère le flanc aux éventuelles remarques à l’encontre de sa propre personne. À défaut d’une lignée de haut vol, il estimait ses proches indignes des vertueux enivrements que lui inspirait sa propre vénération où brûlait le feu triomphant des errances de sa jeunesse. Peu soucieux des autres anges jaloux de ses ailes d’apparat, l’œil aux aguets, prêt à affronter les flammes grésillantes de l’Enfer, à hue et à dia il sillonnait les rives maraudes du Styx. Son ombre portée se recourbait dans les tribulations ramenées d’entre les ruines. Perclus de blessures narcissiques, d’ignobles laideurs équarrissaient la face sombre de son âme emplie d’arrogance. Comment ne pas marcher seul à la poursuite de son étoile.
Par pure manigance, à la lueur des regards dérobés, il traquait sans relâche ce faux air de pudicité sur le masque des gens simples qu’il qualifiait sans piquant et sans malice. Soucieux du vernis de son apparence, plutôt Don Juan que Don Quichotte, sa figure effarée balbutiait quelques imprécations quant à l’indicible supplice de la patine des temps. Admirable enchanteur qui, sans scrupules, s’efforçait de proférer une réalité semblable à l’illusion dans laquelle se complaît le discours d’une imposture jusqu’à étourdissement de l’astre divin
Solitaire parmi les gens de son clan, malgré le feu flambant de son éloquence noyée en charpie de fanfreluches, brebis égarées, valets de cœur et âmes à livrer persistaient sans relâche à s’abreuver avec délice de ses propres fadaises, rhétorique de servitude volontaire. Au-delà des apparences, non sans malaise, la transgression de toutes les limites à sacraliser le paraître au détriment de l’être. Privé de sens, le culte de soi, tour d'ivoire d’une utopie sans fond. Mise en abîme de ce miroir sans tain à la merci du mythe de la débauche d’excès et du reniement de l’édifice de la nation. Pêché d’Hubris, syndrome d’imposture. Solitude du pouvoir, pouvoir de solitude.