Billet de blog 4 août 2021

vent d'autan (avatar)

vent d'autan

Je ne suis qu'un rêveur...

Abonné·e de Mediapart

Ziggy Stardust

Sur la piste du microsillon qui nous ramène à cette époque bénie des Dieux virtuoses, où la musique se sublimait en grandes galettes de vinyle noir, habillées de pochettes épiques. « La musique creuse le ciel» Charles Baudelaire

vent d'autan (avatar)

vent d'autan

Je ne suis qu'un rêveur...

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Tout était à réinventer. Le monde. Les desseins. Les destinées. Les courants de pensée. Les croyances. Les idées. La liberté. La sexualité. Le genre humain. Garçon-fille. Fille-garçon. Les postures, regards  et attitudes. Les codes vestimentaires et capillaires. La culture, l’art et la musique. Révolution hallucinée des Beatnicks. Déferlement utopiste et planétaire d’une houle révolutionnaire.

Illustration 2

Bien après leur révolution copernicienne, les quatre British scarabées, en quête d’inspiration mystique, entamaient une retraite dorée saupoudrée de patchouli chinchilla. Dans un havre de méditation au pied des contreforts de l’Himalaya, à l' écart du tohu-bohu londonien et de ses poisseurs embrumées. Love is all you need !

Illustration 3

Pierre qui roule n’amasse pas mousse. I can’t get no. Satisfaction! Branché sur secteur alternatif, le rock’n’roll bousculait les codes établis. La société se déridait, tout autant qu’elle se débridait. L’Establishment volait en éclat sous l’enthousiasme de cette jeunesse frivole, pionnière de cet esprit de contestation et de liberté  incarné par l’idéologie utopiste du Flower power. De la baie de San Francisco, du côté des montagnes de Woodstock, jusqu’aux rivages de l’île de Wight, sous les cieux de toutes les latitudes, la bohème de la beat génération et ses assemblées de hippies essaimaient ça et là ses graines de paix et d’amour , emportées par le souffle de vents nouveaux. Sous les pavés la plage, dans les idées l’orage.

Illustration 4

Sur la piste du microsillon qui nous ramène à cette époque bénie des Dieux virtuoses, où la musique se sublimait en grandes galettes de vinyle noir, habillées de pochettes épiques. Chargé de particules vibratoires, épicé de mille saveurs, griffonné de craquètements et de gargouillis parasites, le son, charnu, charpenté, graveleux, aérien. Magie de cette chaleureuse sonorité des petits craquements qui lui confèrent tout son charme, réchauffé par les filaments des lampes d’amplis à tubes qui marquent l’esprit de cette décennie musicale. Bulles sonores brutes de décoffrage, bonifiées sous la patine des temps, non épurées par quelconque saucissonnage binaire miraculeux.  Empreint de cette tessiture originelle, le son charnel d’une époque révolue.

A l’instar de l’exhalaison du plus capiteux des arômes, la musique possède cette étonnante capacité intrinsèque d’incarner sa propre fragrance dans la mémoire des âges, cristallisant l’instant le plus fugace au panthéon des souvenirs exaltés. Parfum désinvolte, une note échappée de sa portée symphonique. Senteur qui séduit autant, immuable caresse des temps.

Illustration 5

Dans le capharnaüm des brumes londoniennes englouties dans les profondeurs de la singularité spatiale, débute le compte à rebours de l’homme qui a vendu le monde. Artiste inclassable d’allures iconoclastes, caméléon aux mille facettes se glissant dans la peau de Ziggy, alter égo iconique, il incarne à merveille la métamorphose de cette galaxie de personnages décalés, qui, au gré des époques peupleront la nébuleuse de son univers fantasmagorique. Bousculant les codes, mélangeant les genres, transgressant les sexes, précurseur et novateur, à merveille, il personnifiera l’archétype de la transgression. Une certaine manière d’être, de façonner, de formuler. L’exubérance n’étant point du domaine de quelconque retenue. Attirer l’œil, provoquer, choquer, écorcher, scandaliser. Farouche volonté de percuter toutes ces énergies bouillonnantes d’entre toutes les formes d’expression manifestées. Métamorphose des symboles. Rock’n’roll suicide.

Illustration 6

Mouvement incantatoire d’une idole en devenir. Album mythique du double androgyne de la figure de proue du glam-rock, The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars, allait provoquer une tempête sismique, inondant les charts de toute la planète rock. Cet album éponyme est le ticket d’accès privilégié à la planète Bowie. A l’arrière de la pochette, l’avertissement reste sans appel : «  To be played at maximum volume ». Z’êtes prévenus… faudra pas vous plaindre que vous ne saviez pas !!!

Intro à couper le souffle, syncopée de batterie rythmique, slide guitare cordes métal, voix cristalline un brin aguicheuse, échos de cathédrale. Le tempo qui monte crescendo sous la saccade des mots déposés sur la portée des touches noires et blanches d’un piano symphonique, enflammé par le fil d'harmoniques du cœur de lamentations magnifiées. Smiling and waving and looking so fine… Your face, your race, the way that you talk…. I kiss you, you're beautiful, I want you to walk. We've got five years, stuck on my eyes. We've got five years, what a surprise. We've got five years, my brain hurts a lot. We've got five years, that's all we've got.

Cachet sonore aux arabesques symphoniques. Fracas phonique teinté de mélopées chaloupés. Univers poétique bercé par le génie universel et singulier de cette exploration sensorielle, qui vous propulse à des années lumière dans les abimes de la galaxie, marqué du sceau de la postérité. Exploration des moindres recoins sous ses aspects les plus intimistes à coups de groove endiablé et de beat survolté. Dans cet espace d'évasion en solitaire, Major Tom enfonce le clou, crucifiant les esprits au bord de l'apoplexie.

Puis la musique qui s’évapore dans ce flux d’énergie canalisée, au pied du mur d’une résonance toute particulière, novatrice et avant-gardiste. Solo de sax désaccordé, la légende de Ziggy qui s’inscrit en lignes de mélodies aux tonalités cadencés. Fracturer le temple du bon goût, transgresser tabous et interdits tout en explorant modernité et inventivité.  Dégrossir et déchiffrer les territoires vierges d’oniriques horizons saturés d’électricité. Échos de l’apothéose d’une rock-star planétaire.

Et toutes ces années qui défilent, saccadées sous l’accélération de la bannière des temps. Pas une seule ride en façade, intemporel dans l’âme, cet album, empli de précieuses pépites, reste et demeure un véritable ovni tombé de la planète rouge, en compagnie d'araignées martiennes prises au piège des vertiges des profondeurs. A ce jour, vendu à plusieurs millions d’exemplaires exemplaires, cette galette devenue culte, prône au panthéon de la planète rock, tout en haut de l'affiche.

Au travers du corridor des carrefours obscurs, saturé de bruits, de couleurs, d’odeurs, de sensations et d’émotions, l’œuvre pictorialiste, grandiose et accomplie, transformée en palette élégiaque et prophétique. Sentiment d’être, écorché vif, au pied de son propre mur du son. Provocateur dans l’âme. Apôtre d’une prochaine rédemption, illuminé par le soudain regard magnétique d’un éclair zébrant son visage aux accents angéliques. Démoniaque incarnation. Ziggy played guitar….

 Wild is the wind

Bye-bye Ziggy!!

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.