Après Bruno Remaury, le défi était lancé à mon libraire... Il n'aurait pas dû me faire lire Remaury, ça allait être dur de trouver mieux. Il trouverait, m'avait-il dit !
C'était au beau milieu de notre tragédie minuscule. Les magasins non essentiels étaient fermés. Librairie en drive. Soutenir son libraire. Lui écrire pour passer commande : un Vuillard que je n'aurais pas lu, et deux autres romans de son choix. Je vous fais découvrir Calet et Bove, m'avait-il répondu.
De Calet, il ne m'a lu alors que trois phrases.

La suite, j'allais la lire sur un bancs, dehors, instants de liberté, au pied de l'église. Là ni pour faire du sport, ni pour faire des achats. Micro-fraude... Beauté des lieux, froidure et sourires énigmatiques pour qui serait passer.
Calet ? Une évidence...
Sauras-tu jamais ce qui me traverse
Ce qui me bouleverse et qui m'envahit
Sauras-tu jamais ce qui me transperce
Ce que j'ai trahi quand j'ai tressailli
L’atroce dit en retenue musicale.
Rien à dire.
Henri Calet, La belle lurette, première édition 1935, Gallimard, Collection L'imaginaire, 1979 - 8,50 euros
Pour aller plus loin :
La fièvre des polders: la première scène est une merveille..." Sauras-tu jamais ce qui me traverse"....
A ma mère, en son jour anniversaire...:
"..confiante, serrée contre une poitrine chaude, j'ai eu les bons jours de la vie dans le vide.
Rien que du chaud. (...) "