2024 sonne comme une renaissance. Côté ballet, les grosses machines de la modernité sont absentes. Une grande place est faite aux femmes, sans boursouflure pseudo-intellectuelle. Mention spéciale pour Maria Moreno, excellente danseuse de Cadix, en progression constante, qui s'attaque au chant « mère » qu'est la solea, avec « o../o../.o/o./o. (soleá) ». Spectacle dépouillé et intime avec une voix, Ángeles Toledano, une guitare, Eduardo Trassierra, une vielle à roue, Raúl Cantizano, et des percussions, Manu Masaedo.
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Paula Comitre a, quant à elle, la part belle dans ce festival avec deux spectacles. Le premier, « Après vous, Madame », au théâtre de l'Odéon, est un vibrant hommage à la danseuse mythique des années 30 qui a fait jaillir le flamenco sur la scène internationale, Antonia Mercé dite "La Argentina" (1890-1936).
Le lendemain, sur la scène du théâtre Bernadette Lafond, la bailaora est en mano a mano avec la danseuse contemporaine Lorena Nogal pour une exploration aux limites de nos frontières psychiques, « Alegoriás, El límite y sus mapas ». A leurs côtés le guitariste Juan Campallo, le percussionniste Rafael Heredia et le cantaor flamenquissime Tomás de Perrate.
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L'élégante Lucia Alvarez La Piñona, la fougueuse et virtuose Patricia Guerrero et l'imaginative Française Stéphanie Fuster complètent le tableau féminin.
Deux danseurs se glissent parmi elles. David Coria présente « Bailes robados », inspiré du Bal des ardents qui remonte au début du XVIe siècle. La foule strasbourgeoise s'était mise à danser jours et nuits, jusqu'à la mort pour certains. Comme pour « Fandangos », il retrouve les frères Lagos, David le cantaor, et Alfredo, le guitariste.
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Antonio Molina "El Choro" et Jesús Corbacho entrainent le public dans une bringue, Francachela, où se mêlent « Trajedia, alegría y complicidad » à l'image de ces fêtes gitanes qui vont jusqu'au bout de la nuit où le burlesque côtoie le drame. Le chant n'est pas derrière, patr'as, il n'est pas devant, pal'ante, il fait ici part égale avec la danse.
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