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Billet de blog 12 janvier 2024

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Flamenco de verdad

Ce jeudi, changement radical d'ambiance musicale au théâtre Bernadette Lafont de Nîmes. Israel Fernandez et Diego El Morao mettaient le feu à une salle déjà conquise.

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Illustration 1
Le chanteur Israel Fernandez sur la scène du théâtre Bernadette Lafont © Sandy Korzekwa

Salle comble pour écouter le nouveau phénomène du cante, Israel Fernandez. Tous les Gitans de Marseille à Perpignan s'étaient donnés rendez-vous au cœur de la cité pour soutenir « leur » artiste. Et l'ambiance était aussi dans la salle ; jaleos, palmas, rires aux plaisanteries d'Israel ont ponctué tout le récital. Récital oh combien gitan. Cante minero en ouverture, tientos tangos, solea, solea por buleria, siguiriya, bulerias et fandangos en rappel.

Israel avait 3 ans quand Camaron meurt. Et pourtant, invisible, la main du cantaor de légende est posée sur son épaule. Pas d'imitation grossière comme peuvent le faire certains chanteurs, pas de photocopie ; mais un sens du tragique qui contraste avec son physique massif. Une oscillation entre la fragilité et la démesure.

Illustration 2
Diego del Morao © Sandy Korzekwa

Son guitariste, Diego del Morao, est l'élégance personnifiée. Son toque est juste, inventif. Fils du regretté Moraito, cette filiation n'est pas étrangère au triomphe qui lui est fait à son arrivée sur scène. Sa manière d'être, son jeu éloignent très vite le spectre du père. Il est lui. Et le public ne s'y trompe pas.

Les ombres bienveillantes du flamenco régnaient sur cette soirée. Comme pour leur rendre hommage, Israel Fernandez reprend le « Cielito lindo », standard mexicain, que Pastora Pavon, La Niña de los Peines, avait créée en buleria. Si on peut faire de tout du flamenco, l'inverse n'est pas forcément vrai.

Israel et Diego sont jeunes ; ils sont, pour une part, l'avenir du flamenco, mais ils savent que le passé est là. Ils doivent composer avec. Ils le font avec brio. Le public ne s'y est pas trompé.

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