Je ne suis pas idolâtre. Donc je n'ai jamais été une thuriféraire de Israel Galvan, ni de qui que ce soit d'autre. Mais je suis sortie emballée par Fla.Co.Men. C'est juste, c'est drôle, les musiciens sont à la place idoine et Israel Galvàn respire la liberté. Moins narcissique, moins nombriliste, plus ouvert aux autres.
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Mais reprenons au commencement. Galvàn arrive sur scène, vêtu de noir, portant une chose qui tient du vertu-gadin et du corset orthopédique, avec la jeune Eloisa Cantón, bottes marron et robe courte vert d'eau. Sur scène, une bottine blanche, esseulée, et un pupitre portant un cahier. Le noir n'est pas fait dans la salle et un préambule drôlatique peut commencer. Galvàn effeuille son cahier en lançant des anathèmes sur le flamenco rigoriste, institutionnalisé, figé, sans imagination. Pour finir, il fait un sort à la bottine blanche qui est de plâtre. Le noir se fait et son hymne à la liberté peut commencer. Mise à part une séquence très free jazz dans le noir absolu, qui m'a laissée rêveuse, tout est bien. Une mention particulière pour l'alegria, jouée par Caracafé, puis chantée par David Lagos et Tomas de Perate, puis jouée au xylophone par Antonio Moreno, qui s'enchaine glissando sur un pasodoble joué par le saxophoniste Juan Jimenez Alba. S'ouvre alors une parenthèse sur la culture andalouse, avec l'évocation des grands toreros Juan Belmonte ou Joselito. Un autre moment de grâce est cette danse accompagnée par une corne au son nasillard. Elle serait d'un village de la région de Huelva, mais elle évoque furieusement le fandango, danse emblématique du Pays basque. Juan Jimenez Alba, au son de cet instrument bizarre, fait danser les six autres, en ligne et face à face, comme sur la place du pueblo.
David Lagos tient la partition flamenca pure et dure. Il chante entre autres un très beau martinete. A Tomas de Perate, l'exploration altermondialiste. Il chante dans des langues étranges, le cale (langue des Gitans) sans doute, en allemand probablement et en anglais sûrement. A son actif, un très beau tango argentin ou encore une chanson façon ragtime avec sa voix qui évoque Louis Amstrong. Et bien sûr, il participe à l'alegria allègre. Avec sa gueule cabossée et sa silhouette un peu chétive, il emplit l'espace de sa présence. Caracafé, guitariste hors normes, hors des clous, possède des fulgurances qui tombent toujours justes.
Face à ou plus tôt avec ces musiciens qu'il a choisi, Galvàn danse en homme libre, sans contraintes. Il rencontre d'autres univers, mais revient toujours à l'essentiel. Avec ce spectacle, on sort du zapping, un peu de ceci, une pincée de cela. Tout est mis en valeur. On profite de tout.