Niño de Elche qui a pour projet de bouleverser les codes du flamenco ne fait que les affadir. Pour la première fois, depuis longtemps, j’ai écouté jusqu’au bout son récital. Il hachure un peu, déconstruit beaucoup, moque surtout un répertoire tout ce qu’il y a de traditionnel, sans l’audace d’une Tremendita pour ne pas la nommer. Beaucoup de réverb et de techno, temporisées par la merveilleuse présence du guitariste Caracafé. Que dire de la tenue d’un horrible mauvais goût du cantaor, costard doré, porté sans chemise, et couvre-chef tout aussi doré ! Las Vegas nous voilà. On m’a rétorqué : « Mais enfin c’est la pochette de son disque ». Peut-être, mais c’est moche, disque et scène confondus. Le comble est que rien ne me semble transgressif, en revanche tout est édulcoré. Tout ce qui fait mal dans le chant flamenco est gommé. La tragi-comédie d’une buleria ou d’un tango qui peut vous mettre les larmes aux yeux n’est plus. Le tragique laisse place au dérisoire. Lente décrépitude du flamenco. Cela se laisse écouter, sans cris ni désolation.

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Il n’en va pas de même pour la seconde partie de la soirée. Tomas de Perrate, dans le bruit et la fureur, à l’instar du free jazz des années 60, offre sa vision du free flamenco et quelle vision. J’avoue que malgré toute l’affection que je lui porte, je suis partie au bout d’un quart d’heure. Ce boulgui-boulga musical était trop pour moi. Spectacle navrant de voir ces musiciens se perdre dans le n’importe quoi, en quête d’un Graal, lequel, là est la question.