Cette ouverture du 35e Festival de Flamenco de Nîmes était placée sous le signe de l’élégance et du bon goût. Pas de trivialité ni de sonorités malséantes. Patricia Guerrero, excellente danseuse, originaire de Grenade, a le sens du spectacle. Et ce « Mariana Pineda » qu’elle a monté avec le Ballet de Andalucia est un modèle du genre. Mariana Pineda (1804-1831), compatriote de la danseuse, est une martyre de la liberté ; elle meurt par le garrot à 27 ans. Federico Garcia Lorca écrit une pièce de théâtre à sa gloire, point de départ du travail de la danseuse.

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Les costumes sont d’une extrême élégance ; pour le corps de ballet, variations chromatiques autour du taupe, en allant du blanc au noir. Seule l’héroïne porte des couleurs vives, du vert, du rouge, du violet et bien sûr du blanc lors de son exécution. Le décor est simple, camaïeu de gris, trouées dans la muraille, tout se module au gré des différents tableaux. Les danses de groupe sont extrêmement travaillées, ce sont les plus beaux moments de ce ballet.
Sinon, on peut regretter que cette héroïne de la liberté, se battant contre l’absolutisme et l’autoritarisme de Ferdinand VII, ne soit pas plus fougueuse et passionnée. Elle a eu des amants, quelques pas de deux, pas très torrides, l’évoquent. Elle joue d’un drapeau comme d’un châle, drapeau de la discorde qui la mène à la mort. Elle y a brodé la devise des libéraux, Ley, libertad y egalidad (Loi, liberté et égalité). Mais ces danses de la liberté et de la mort sont lisses. Alors on ne s’ennuie pas, c’est agréable à regarder et à entendre. Mais la passionaria de Graná est très loin de Nîmes, dans un spectacle qui doit s’exporter sans difficulté.

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