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Billet de blog 23 janvier 2015

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XXVe Festival flamenco de Nîmes - Belén Maya et ses Invitados

Belén Maya et ses « Los Invitados » sont un moment de choix de ce festival. Il est à son mitan. Dimanche soir, moment traditionnellement un peu triste, la danseuse invite à un pèlerinage vers ses origines.

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Illustration 1
Belen Maya © Joss Rodriguez

Belén Maya et ses « Los Invitados » sont un moment de choix de ce festival. Il est à son mitan. Dimanche soir, moment traditionnellement un peu triste, la danseuse invite à un pèlerinage vers ses origines. Enfant de la balle, elle est née à New-York, au hasard des pérégrinations de ses géniteurs, les danseurs Mario Maya et Carmen Mora. « Los Invitados » est un hymne à ses parents et amis disparus. Le spectacle commence et se termine sur un chant religieux qui évoque un requiem. Tôt dans sa vie, Belén a été confrontée à la maladie et à la mort. Blessure toujours ouverte, elle a perdu sa mère à l'adolescence. Son spectacle est un magnifique tribut à celle-ci.

Les premières minutes ne laissent pas présager de la suite. L'agitation, dans le silence, d'une chaise à l'autre, j'en pousse une, j'en déplace une autre, est sans doute un clin d'œil à la vie de bohème qu'elle a connue dès sa plus tendre enfance. Là un jour, ailleurs le lendemain. Le spectacle met du temps à rentrer dans le vif du sujet. On craint le pire, mais quand il démarre, c'est magnifique.

La cantaora Gema Caballero fait le lien entre tous les tableaux. C'est elle qui chante l'intime, la mère et l'enfant. Elle ouvre le spectacle avec une malagueña et accompagne entre autres la merveilleuse alégria dansée par Patricia Guerrero, la jeune danseuse de Grenade, artiste invitée. Elle est rejointe par Belén. Elles sont en bata de cola toutes les deux, ces longues robes à traîne et à volants, tellement lourdes et tellement difficiles à manier avec élégance. L'une est en rouge et blanc, l'autre en blanc et rouge. Elles évoquent la fantaisie, l'humour et la tendresse. Dans leur jeu de jupon on peut y voir aussi bien un clin d'œil aux revues du Broadway de la grande époque, qu'une allégorie de la naissance de Belén.

Illustration 2
Patricia Guerrero, Belén Maya ; en fond, les deux palmeras, Gema Caballero et Javier Patino © Joss Rodriguez

Les cantaores invités sont issus de la génération des quarantenaires, ceux qui arrivent au firmament du cante en pleine possession de leurs moyens. Jose Anillo, Tomas de Perrate et Jose Valencia. Trois voix, trois styles, trois siguiriyas, du plus discret au plus explosif. Avec une mention spéciale pour celle chantée debout par José Valencia, accompagné par Rafael Rodriguez. Il a embarqué la salle dans un univers de cataclysme. J'ai toujours l'impression que Jose Valencia chante la siguiriya comme si c'était la dernière. Je n'oublie pas Tomas de Perrate dans mes dédicaces et son clin d'œil new-yorkais. Il chante un « Cheek to cheek » que n'aurait pas renié Louis Armstrong. Sa voix rocailleuse fait merveille.

Illustration 3
Jose Valencia © DR

Les deux guitaristes, Javier Patino et Rafael Rodriguez, sont à l'unisson du groupe.

Tous ces invitados rendent un hommage poignant à Carmen Mora, l'émotion et les larmes affleurent toujours, même si elles sont repoussées par le rire et l'humour. Mais, pudique, Belén Maya laisse entrevoir les grands moments de solitude qu'elle a vécu. A elle seule elle est un vibrant hommage à son père, le grand danseur Mario Maya. Il l'a formé et son talent a fait le reste.

 Le noir se fait sur une dernière image de la bailaora très tôt disparue. Et la nostalgie peut s'installer.

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