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Billet de blog 25 janvier 2015

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XXVe Festival flamenco de Nîmes - Cositas Mias

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mercredi, Joaquín Grilo, bailaor de Jerez. Après le voyage musical auquel nous a convié Mayte Martín, plus dure fut la chute. Dix musiciens sur scène, dont une chanteuse épouvantable, hurlante et chantant faux. On n'a pas lésiné sur la sono, tout est à fond la caisse. Nous ne dirons rien de Dorantes, le pianiste, qui n'a de flamenco que le nom. Quel besoin ont ces artistes de flamenco de toujours aller lorgner chez le voisin, selon le vieux principe de « L'herbe est toujours plus verte de l'autre côté de la vallée ». Je n'ai pas la réponse à la question. Mais quant on lorgne autant vers le free jazz, on intègre un groupe de jazz et ainsi on progresse. Ce manque de musicalité et de cadre rythmique permet à Grilo de ne pas danser, beaucoup d'expression corporelle, de mime. Il remue les bras tel un grand oiseau englué dans le mazout, lors du naufrage de l'Erika. Ses « Cositas mías » commencent sur un tambourin/tablao décoré de grosses fleurs en papier, m'a-t-il semblé, va savoir pourquoi. De manière générale, tous ces spectacles de flamenco à thème sont incompréhensibles du grand public. Cela raconte une histoire connue du seul créateur. Alors on pourrait dire que cela n'a pas d'importance. Mais en fait les gens veulent savoir. On leur dit : « On vous narre une histoire ; mais surtout on ne vous dit pas ce qu'elle raconte. »

Illustration 1
Joaquín Grilo et les frères Makarines © Joss Rodriguez

On peut imaginer, qu'à l'instar de Camaron, Joaquín a eu une vocation de torero contrariée, puisque dans la seule séquence lisible par moi, il torée manifestement au campo (dans la campagne). Un entre-chat entre deux passes de cape et le tour est joué.

Souvent dans tout spectacle, il y a un moment de grâce. Dans celui-ci, séquence magnifique, due aux Makarines, deux jeunes frères trianeros (du quartier de Triana à Séville). Dans un tableau que j'appellerai du condamné à mort, ils sont assis sur des tabourets bas, face à face, immobiles. Une petite table de fonte entre eux. Ils ont les yeux bandés et chantent un chant ultime, le dernier avant l'exécution, avec pour seul accompagnement la frappe de leurs mains sur la table. Instant poignant.

Le bilan de la soirée est donc bien maigre. Mais ce souvenir reste dans l'œil et dans l'oreille.

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