Antonia Fudez (avatar)

Antonia Fudez

Abonné·e de Mediapart

Billet publié dans

Édition

Ritmos latinos

Suivi par 47 abonnés

Billet de blog 26 janvier 2015

Antonia Fudez (avatar)

Antonia Fudez

Abonné·e de Mediapart

XXVe Festival flamenco de Nîmes - Miguel Ortega et Les Familles Gitanes

Antonia Fudez (avatar)

Antonia Fudez

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Insensiblement la fin du festival approche, vendredi est l'avant-dernier jour. Au programme, Miguel Ortega à l'institut d'Alzon pour le concert acoustique, et le soir, concert que j'analysais comme le concert ghetto des gitans français. Après le concert, je modulais mon jugement, un peu.

Illustration 1
Miguel Ortega, accompagné par Salvadot Guttierez © Murielle Timsit - Flamenco Culture

Revenons à Miguel Ortega que j'attendais avec impatience. Je ne l'avais vu qu'en accompagnement de la danse. Pour une raison inconnue, les chanteurs commencent par les chants graves qui demandent beaucoup de ressource intérieure. Et finissent par tangos et bulerias. Miguel Ortega n'a pas fait exception à la règle. Sa voix s'était chauffée. Et il est rentré dans son chant lors de la seconde partie. Il faut dire qu'il était accompagné par Salvador Guttierez qui n'est pas mon guitariste préféré. Il est assez froid et mécanique. Mais j'aurais volontiers écouté un ou deux palos de plus pour entrer de plain pied dans son univers. Mais nous ne pouvions pas abuser des rappels, La Paloma et les familles gitanes nous attendaient.

La Paloma est une de ces salles perdues dans de lointaines banlieues sans âme. En l'occurrence cette Paloma est au milieu d'un gigantesque terrain vague transformé en parking. Par grand mistral, comme c'était le cas vendredi soir, cela appartient aux plaisirs de la vie. Scène drôlatique de gens cramponnés à leur chapeau, béret, bonnet, coupés en deux, zigzagant pour tenter de passer entre les rafales glaciales. On arrive enfin. A l'intérieur, il fait chaud et la salle de 1 700 places est pleine. Le spectacle peut commencer. Trois familles sont présentées. Les Cortes de Chateauneuf-les-Martigues, les Gomez y Fernandez de Marseille, et les Santiago y Gomez de Port de Bouc. Nous connaissions Cristo Cortes, Jose de la Negreta et Juan Gomez dit de la Alpurraja. Tous trois sont d'excellents chanteurs. Nous avons pu découvrir, dans ce jeu des « sept familles », le neveu de Cristo, Emilio Cortes, le fils de Paco Santiago, Juanito, à la voix étrange et décalée, et Tony Fernandez que j'écoutais pour la première fois. Une mention spéciale pour une version déjantée de « Soy un americano gitano » à mettre au compte d'un membre de la Familia de Port-de-Bouc, porté et soutenu par elle.

Illustration 2
Fin de fiesta des trois familles réunies © Murielle Timsit - Flamenco Culture

Depuis le début du festival, tous les spectacles ont lieu dans une semi-obscurité ; là, nous avons eu droit à une débauche de lumières, laser, roues miroitantes, rose bonbon, bleu canard, inhabituel mais pas désagréable, joyeux en quelque sorte. Comme si les artistes, arrivant sur les lieux, avaient dit : « On veut tout, tous les effets, tous les boutons ». Les petites lampes devant la scène, façon quatorze juillet, croissant en intensité en symbiose avec le son. Des rosaces, façon vitrail, tourbillonnant sur la scène.

Le final, rassemblant les trois familles, est un feu d'artifice. Je n'ai pas boudé mon plaisir. Mais la gent féminine en était remarquablement absente. Pas de danseuse, pas de chanteuse. Le petit Lord Fauntleroy, âgé de 2 ans maximum, que l'on a fait monter sur scène, était lui aussi de sexe masculin.

 La culture n'est pas une abstraction. Même si organiser le spectacle à la Paloma a permis à un plus grand nombre de participer, il n'empêche qu'il n'est pas anodin de parquer au bout du monde des gens qui participent activement à l'ancrage de cette région de France dans les cultures latines. Ils animent les fêtes, les férias, les bars, les petits théâtres de Perpignan à Marseille. Mais ils ont su faire oublier que la Paloma n'était pas seulement la colombe chantée dans beaucoup de letras, et qu'il suffisait de vouloir transformer un lieu pour qu'il se transforme.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.