C'est dans une ambiance de "Je t'aime, moi aussi" entre socialistes qui "s'aiment", donc, et "sont amis" (sic), que ce Jeudi 29 Septembre avait lieu à Science Po un débat d'HES sur les questions LGBT, réunissant les représentants des six candidats à la Primaire Citoyenne.
Ce fut l'occasion d'une piqûre de rappel pour touTEs celles et ceux qui doutaient encore de la bêtise et l'ignorance du Parti Socialiste en matière de lutte contre le sida.
Malheur aux optimistes, mais à Act Up-Paris, cela fait bien longtemps qu'on ne se leurre plus.
En terrain conquis
Si pour Gilles Bon-Maury, président d'HES, "en matière de sida, nous refusons tous les amalgames, mais nous connaissons les convergences", chez Act Up-Paris, nous connaissons surtout les grandes divergences. Et il en fallu du temps, avant d'évoquer le VIH.
Act Up-Paris est difficilement parvenu à poser trois questions en toute fin de "débat" au titre de la lutte contre le sida, à savoir si les candidats aux primaires approuvaient:-les soins post-mortem pour les séropos1;
-l'installation de salles de consommation à moindres risques (SCMR) pour les usagers de drogue2, (permettant la réduction des risques de contamination VIH/VHC, l'amélioration de l’accès aux soins et à la prévention pour un public en grande précarité, et une baisse significative des overdoses mortelles);
-la pénalisation des clients des travailleuRses du sexe3, qui ne ferait qu'éloigner encore un peu plus les sexworkers des lieux de prévention, et les met dans une précarité qui entrave leur capacité à imposer le préservatif.
Rimbaud se marre
Sur le droit des trans' à fonder une famille, comme sur les questions graves de santé publique qui leur étaient posées par Act Up-Paris, les représentantEs socialistes nous ont unE à unE offertEs un grand coktail d'hypocrisie, préférant sciemment déclamer une litanie interminable sur la question de l'éducation sexuelle à l'école (au PS on essaie semble-t-il de renouer avec les profs, sauf que les profs aussi peuvent être séropo).
Question dont on sait très bien qu'elle fait l'objet d'un consensus. Et l'on devrait applaudir cette position si téméraire? Comme pour le mariage et l'adoption? Mais encore heureux que le PS en soit là, au moins dans les mots!
Trois des représentantEs se distinguent tout de même, et il serait injuste de ne pas les citer pour l'enfumage sacerdotal de leur discours.
Le tiercé gagnant socialiste des collabos du SIDA
Sur le silence total ayant trait à la stigmatisation des usageREs de drogues et leur envoi en prison, défendu par les très prohibitionnistes VALLS et MONTEBOURG qui prônent le statut-quo de 1970:
Pour Manuel VALLS, Zohra Bitam.Cette dernière parle du "candidat de la vérité" pour désigner VALLS -l'humour en plus, oui- puis annonce "le sida n'est pas que l'affaire des homosexuels" et ne doit plus être "un tabou" (saluons les gros poncifs, il fallait quand même avoir le courage de les sortir).
Sur les usageREs de drogues, elle a menti par omission en refusant de nous répondre.
Pour Arnaud MONTEBOURG, Bertrand Montlhubert, qui tout professeur des universités qu'il est, a fait preuve d'une malhonnêteté intellectuelle et d'une mauvaise foi terrifiante en soutenant la main sur le cœur et les yeux plein de condescendance envers un militant actupien, qu'Arnaud MONTEBOURG n'avait jamais, ô grand jamais, tenu cet inique et dangereux discours répressif et prohibitionniste .
Manque de bol, Act Up-Paris possède le verbatim du premier débat des primaires, diffusé sur France 2 le 15 Septembre dernier4.
Professeur mais menteur, c'est triste et intolérable pour quelqu'un qui prétendait il y a peu encore "sauver la recherche".
La pire de toutE reste sans commune mesure pour Martine AUBRY, Marie-Pierre de la Gontrie ("contre la marchandisation des femmes", poncif n°76585), dont on peut s'accorder à penser que le crédit de sa parole en matière de lutte contre le sida n'arrivera jamais à égaler celui qu'elle mit au service de Cetelem, organisme de crédit à la consommation5. Elle aurait d'ailleurs été bien inspirée d'évoquer les discriminations subies par les séropos en matière de crédit, prêts immobiliers et assurances. Même sur ce terrain là, le B-A BA n'y était pas.
Ses réponses indignes (et complètement ignorantes) aux questions de la salle n'ont été qu'un torrent de lieux communs en matière d'égalité des droits et de lutte contre l'homophobie. Passons sur sa brève, mais tellement révélatrice, sortie sur la gestation pour autrui, beau cas d'école du réactionnarisme droitier (Christine Boutin, vous n'êtes pas seule!).
Son dédain manifeste envers Act Up-Paris qui l'interpelait sur les "putes séropos" eu égard à notre question sur la pénalisation des client7, dont il faut saluer l'initiative et la production qui en émane, qui sera (nous l'espérons) utile aux associations LGBT et de lutte contre le sida.
Pour autant, que les candidatEs dont les représentanTEs nous ont snobéEs sachent bien qu'Act Up-Paris ne les oubliera pas.
Si les orateurRICEs socialistes avaient voulu nous dégouter définitivement des échéances de 2012 et du programme du PS, ils et elles ne s'y seraient pas prisEs autrement.
Le bipartisme n’étant pas dans nos mœurs, nous observerons également les autres partis sur ces questions: ni EELV, ni l’UMP, ni les centristes de tout poil, ni le parti de gauche, ni le NPA n’ont pour l’instant fait d’annonce fracassante sur les questions de VIH. Ils n'en ont pas fait du tout.
SéropositifVEs et engagéEs nous les attendons de pied ferme.
Nous ne serons pas les oubliéEs de cette campagne.
1 http://www.actupparis.org/spip.php?article4482 : "Les soins Post-Mortem", Action n°122.
2 http://www.actupparis.org/spip.php?article4267: "Salles de Consommation à moindres risques: pragmatisme contre idéologie", Action 124.
3 http://www.actupparis.org/spip.php?article4464: " Danielle Bousquet fera-t-elle aux travailleurSEs du sexe et à leurs clientEs ce que Laurent Fabius a fait aux transfuséEs et aux hémophiles ?", Dossier de Presse d'Act Up-Paris.
4 :
« Je suis fermement opposé à toute forme de libéralisation de la consommation du cannabis. (…) Je n'ai pas envie que les enfants de notre pays, les miens comme les nôtres, ici, nous soyons dans un pays où il est en quelque sorte autorisé des drogues, fut-elle douce. (…) Est-ce que c'est parce que les conducteurs ne respectent pas les limitations de vitesse qu'il faut abbsooolument dépénaliser la limitation de vitesse? (sic) La réponse est non. Un Etat doit assumer l'ordre qu'il veut organiser pour la société. (…) Il est temps d'y mettre bon ordre. Voilà. C'est ma position Monsieur Pujadas.
L'idée même qu'on puisse libéraliser, autoriser ce qui est une drogue, et ce qui est d'une manière ou d'une autre, une dépendance, être de gauche c'est lutté contre toutes les dépendances possibles, et la drogue, quelle qu'elle soit, est une dépendance. Dont je suis fermement opposé, au nom même des valeurs de gauche (sic), à l'idée que je me fais de l'ordre républicain et de la liberté de chacun à toute concession dans ce domaine là!
J'approuve ce message!
5 http://www.leparisien.fr/elections-regionales/paris-cetelem-recrute-marie-pierre-de-la-gontrie-26-01-2010-792567.php "Cetelem recrute Marie-Pierre de la Gontrie", Le Parisien en ligne, du 26 Janvier 2010.
6 Pénalisation que Martine AUBRY soutient de fait en hébergeant dans son équipe Caroline de Haas, très proche collaboratrice de Benoît HAMON, comme chacunE sait, et grande apôtre de la