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Mesure n°1 : La mise en place immédiate de la transparence sur le financement de la recherche et du développement (R&D), notamment publique
(L’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament propose, à côté des nécessaires dispositions d'hygiène, de précaution et de confinement, 5 mesures d’urgence qui doivent être reprises par l’exécutif)
- Constat : Seule la recherche publique semble efficace pour répondre aux besoins réels de la population en matière d’orientations et d’urgences de santé publique. Comme le montre le cas du COVID-19, les grands groupes pharmaceutiques privés se sont très rapidement tournés vers le soutien public pour faire face aux enjeux de l'épidémie du COVID-19. Les laboratoires travaillant sur ce virus depuis de nombreuses années sont principalement publics et sont sous-dotés financièrement et humainement, comme vient de le rappeler le témoignage d'un directeur de recherche CNRS à Aix-Marseille[1]. Les logiques de rentabilité à court terme, et de choix de R&D uniquement guidés par des logiques financières, la délocalisation des lieux de production, de la fermeture de secteurs entiers de recherche[2] rendent la recherche privée incapable de faire face aux enjeux réels de santé, notamment en cas d'urgence, sans des soutiens massifs de l’État.
- Mesure à prendre : le gouvernement doit s'assurer de la traçabilité du soutien public aux groupes privés, en assurant toute la transparence, par décret, comme l’exigeait l’amendement qui avait été adopté par les parlementaires en décembre dernier avant d’être censuré par le conseil constitutionnel le 20 décembre 2019. Ce décret doit aller plus loin et également exiger des firmes pharmaceutiques la transparence sur leurs contributions réelles à la R&D. Le gouvernement doit s’assurer que le prix des médicaments et produits de santé qui en découleront éventuellement prendra en compte ce soutien et également que ces produits seront disponibles et accessibles dans d’autres pays. Il faut en finir avec la logique de gaspillage qui veut que l'investissement et le risque liés à la recherche soient publics, mais les profits privés ; et que nous payons au moins deux fois pour les mêmes produits de santé, à travers le soutien à la recherche et à travers les remboursements de l’Assurance Maladie.
[1]"Dans mon équipe, nous avons participé à des réseaux collaboratifs européens, ce qui nous a conduits à trouver des résultats dès 2004. Mais, en recherche virale, en Europe comme en France, la tendance est plutôt à mettre le paquet en cas d’épidémie et, ensuite, on oublie. Dès 2006, l’intérêt des politiques pour le SARS-CoV avait disparu ; on ignorait s’il allait revenir. L’Europe s’est désengagée de ces grands projets d’anticipation au nom de la satisfaction du contribuable. [...] J’ai pensé au Crédit Impôt Recherche, passé de 1.5 milliards à 6 milliards annuels (soit deux fois le budget du CNRS) sous la présidence Sarkozy. J’ai pensé au Président Hollande, puis au Président Macron qui ont continué sciemment ce hold-up qui fait que je passe mon temps à écrire des projets ANR. J’ai pensé à tou·tes mes collègues à qui l’ont fait gérer la pénurie issue du hold-up."
[2]Alors que le laboratoire Sanofi reçoit 150 millions d'euros par an au titre du Crédit Impôt Recherche, il a supprimé en dix ans plus de 2000 postes de chercheurs et abandonné tout travail sur Alzheimer et de nombreuses autres pathologies. Cf. notamment les graphiques réalisés par les employé-es de Sanofi au sein du collectif "Anti-Sanofric", La Lutte des Sanofi pour les Nuls, page 60.