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Communiqué de presse, Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds) – Vendredi 16 septembre 2022
Dans un courrier rendu public ce jour, 50 organisations et experts internationaux des politiques du médicament et de l’accès aux traitements répondent au LEEM suite à son communiqué après la sortie de Combien coûtent nos vies ?, co-écrit par Pauline Londeix et Jérôme Martin (éditions 10/18, paru le 1er septembre). Ils appellent à un débat pour le droit fondamental à la santé, face aux attaques du syndicat français des multinationales pharmaceutiques qui tente de se présenter comme unique interlocuteur des citoyens, journalistes et décideurs politiques.
« Parmi les signataires de cette lettre, beaucoup ont vu les conséquences dramatiques du manque d’accès aux médicaments dans leur pays, ils ont vu le prix des médicaments détruire des vies, priver des personnes de tout avenir. Beaucoup d'entre eux ont mis en place des stratégies pour améliorer l'accès aux traitements dans leurs pays. L’idée que tout débat soit empêché sur cette question fondamentale pour la population mondiale est insupportable»
Pauline Londeix, co-autrice de Combien Coûtent Nos Vies.
Un débat nécessaire pour l'exercice du droit à la santé
Depuis des décennies le prix très élevé des médicaments empêche l’accès à ceux-ci pour une majorité de la population mondiale. La société civile des pays à bas et moyen revenu, confrontée à ce problème, tente de trouver des solutions pour permettre à la fois aux systèmes de santé de tenir, et aux populations d’avoir accès aux produits de santé. Combien Coûtent Nos Vies rappelle certaines des solutions mises en place dans différents pays et appelle la France à s’en inspirer face au nombre croissant de pénuries de médicaments, et face à une augmentation exponentielle de leurs prix, car à terme le système de santé ne pourra plus faire face. C’est d’ailleurs l’avis du conseil consultatif national d’éthique (CCNE) de novembre 2020.
Le livre décrit les autres limites du système actuel comme les angles morts de la recherche et du développement, qui empêchent de répondre à des besoins en santé criants croissants.
Face aux preuves documentées des failles de notre système actuel et des succès des alternatives, le LEEM, qui représente les intérêts en France des multinationales du médicament, a publié un communiqué s’en prenant à l’ouvrage et à ses auteurs. Au lieu de profiter de la sortie du livre pour débattre honnêtement et de façon constructive des façons de défendre concrètement le droit à la santé en améliorant les politiques pharmaceutiques, le LEEM a choisi de nier les dysfonctionnements actuels et leur caractère structurel, de discréditer le contenu du livre, de remettre en cause la capacité de la puissance publique à répondre aux besoins en santé des populations, mais aussi de rabaisser les combats et les politiques efficaces menées dans les pays du Sud et qui sont décrites dans l’essai.
Les organisations et experts du Sud prennent la parole
Face au déni des problèmes que les industriels du LEEM s’avèrent incapables de résoudre, le débat, ouvert, pluraliste et démocratique doit bien se prolonger. 50 organisations et experts internationaux le rappellent : « Nous ne laisserons pas le discours des multinationales s’imposer comme étant le seul possible auprès des décideurs politiques, des journalistes et des citoyens. »
Parmi les signataires, on compte des associations de personnes vivant avec le VIH de pays asiatiques, de personnes atteintes de diabète, des syndicats des chercheurs et collaborateurs des firmes en France, des organisations brésiliennes défendant un modèle de production publique et de promotion des génériques décrit dans le livre, des associations de la société civile de pays du sud travaillant à réduire les inégalités dans l'accès aux soins, des pharmacologues, économistes, juristes, sociologues, philosophe, éthiciens, etc.
« Le problème n’est pas d’être en désaccord, mais de vouloir faire taire tout débat contradictoire, sur un sujet qui revêt une importance majeure pour notre système de santé solidaire, pour la France et pour les populations du monde entier ».
Jérôme Martin, co-auteur de Combien Coûtent Nos Vies.
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Lettre de soutien et signataires
A travers le monde, le prix élevé des médicaments, la propriété intellectuelle et notamment la difficulté de recourir aux flexibilités de l’accord ADPIC, ainsi que l’absence de transparence, conduisent nos systèmes de santé dans des impasses, et condamnent des populations entières.
Le débat pour le droit fondamental à la santé est donc aujourd’hui vital. Malheureusement celui-ci est dominé depuis des décennies par les multinationales pharmaceutiques et leurs intérêts. C’est pourquoi des livres tels que Combien Coûtent Nos Vies sont précieux car ils permettent de faire entendre un discours différent.
Par cette lettre, nous, membres de la société civile à travers le monde, notamment des pays à bas et moyens revenus, exprimons notre soutien à l’Observatoire de la Transparence dans les politiques du Médicament (OTMeds) et à la démarche du livre Combien Coûtent Nos vies, dont l’objectif est de promouvoir l’accès à la santé pour tous et toutes à travers le monde. Nous ne laisserons pas le discours des multinationales s’imposer comme étant le seul possible auprès des décideurs politiques et des citoyens.
1 Diabète et Méchant France
2 Sud Chimie France
3 Health Justice Initiative (HJI) Afrique du Sud
4 CGT Sanofi France
5 Initiative for Medicines, Access & Knowledge (I-MAK) États-Unis
6 Santé Diabète France / Mali / Comores / Burkina Faso
7 Fundacion GEP Argentine
8 International Treatment Preparedness Coalition (ITPC) - Global
9 African Services, New York Etats-Unis
10 Act Up-Paris France
11 Associação Brasileira Interdisciplinar de AIDS (ABIA) Brésil
12 Grupo de Trabalho sobre Propriedade Intelectual (GTPI) Brésil
13 Delhi Network of Positive People (DNP+) Inde
14 Asia Pacific Network of People living with HIV (APN+) Inde
15 Collectif Antisanofric France
16 Health GAP (Global access project) États-Unis
17 ITPC Afrique du Nord/Moyen-Orient (ITPC-MENA)
18 Act Up-Basel Suisse/France
19 Just Treatment Royaume-Uni
20 Third World Network (TWN)
21 Vertex Save Us Royaume-Uni
22 Collectif Les mots sont importants (LMSI) France
23 APESAC (Association d'Aide aux Parents d'Enfants souffrant du Syndrome de l'Anti-Convulsivant) France
Signatures individuelles
1 Els Torreele, PhD Visiting Fellow, Institute of Innovation and Public Purpose, University College London, Ancienne Directrice de la Campagne Accès aux Médicaments de MSF Suisse/Belgique
2 Dr Andrew Hill, PhD Department of Pharmacology and Therapeutics, University of Liverpool Royaume-Uni
3 Jorge Bermudez Researcher/ Professor at the National School of Public Health/ Fiocruz Brazil; former Vice-president of Health Production and Innvoation Fiocruz Brésil
4 Bertrand Burgalat Musicien, producteur France
5 Stéphane Besançon Directeur général, ONG Santé Diabète France/Mali/Burkina/Comores
6 Lorena Di Giano Directrice, Fundacion GEP Argentine
7 Hakima Himmich Fondatrice et ancienne présidente de l'ALCS (Maroc), ancienne présidente de Coalition Plus, professeure Maroc
8 Fatima Hassan Directrice, Health Justice Initiative Afrique du Sud
9 Serge Hercberg Professeur Emérite de Nutrition, Université Sorbonne Paris-Nord, auteur du livre « Mange et tais-toi: un nutritionniste face au lobby agroalimentaire » France
10 Karyn Kaplan Independent Consultant, Health and Human Rights
Etats-Unis/Thaïlande
11 Gregg Gonsalves Associate Professor, Yale School of Public Health États-Unis
12 David Beran PhD, Chercheur universitaire, Genève Suisse
13 Lindsay McKenna Treatment Action Group (TAG) États-Unis
14 Sandrine Caristan Membre du Collectif Antisanofric France
15 Professor Brook K. Baker Northeastern U. School of Law Etats-Unis
16 Gayle Pledger Co-founder of global campaign group, Vertex Save Us Royaume-Uni
17 Diarmaid McDonald Executive Director, Just Treatment Royaume-Uni
18 Loon Gangte HIV activist Inde
19 Kajal Bhardwaj Human Rights Lawyer Inde
20 Étienne Guillard Pharmacien, acteur en solidarité internationale France
21 Amy Kapczynski Professor of law, Yale Law School / Co-director Yale Global Health Justice Partnership États-Unis
22 Pierre Tevanian Philosophe, enseignant, Collectif Les mot sont importants France
23 Sylvie Tissot Sociologue, enseignante, Collectif Les mots sont importants France
24 Nathalie Coutinet Enseignante-chercheuse Université Sorbonne Paris Nord France
25 Stéphanie Tchiombiano Maitresse de conférence associée dans le département de science politique de Paris 1 Panthéon Sorbonne France
26 Priti Krishtel Co-Founder and Co-Executive Director - I-Mak (Initiative for Medicines, Access & Knowledge) États-Unis
27 Tahir Amin Co-Founder and Co-Executive Director - I-Mak (Initiative for Medicines, Access & Knowledge) États-Unis
28 Virginie Pirard Philosophe et ethicienne, Université libre de Bruxelles Belgique
29 Casey Fabriesco Secrétaire général d'Act Up-Paris France
30 Cécile Cadu Co-fondatrice d'Act Up-Basel Suisse
31 Vitor Ido Chercheur South Center Suisse / Bresil
32 Marine Martin, présidente de l'APESAC France