
Agrandissement : Illustration 1

Communiqué de presse – Lundi 21 novembre 2022
Observatoire de la transparence dans les politiques du médicaments (OTMeds)
Les pénuries et tensions de médicaments à répétition compromettent la sécurité sanitaire de tous et toutes. De plus, les ruptures touchant les formes pédiatriques ajoutent une préoccupation supplémentaire pour les professionnel-les de santé déjà en nombre très insuffisant. Deux ans et demi après le début de la pandémie et neuf mois après le début de la guerre en Ukraine, et de ses conséquences prévisibles sur le prix de l’énergie et de la matière première, il est inacceptable et irresponsable que des mesures politiques fortes n’aient toujours pas été prises par l’État.
OTMeds appelle donc les parlementaires à instituer une commission d'enquête sur la réalité de l'action gouvernementale menée depuis février 2020 en matière de production pharmaceutique locale. La dégradation de la situation, le retard et la légèreté des réactions gouvernementales face aux pénuries de médicaments essentiels, dont le ministre de la santé François Braun a encore apporté la preuve hier au sujet du paracétamol et de l'amoxicilline, appellent une réaction collective et ferme de la représentation nationale.
Les signalements de tensions et ruptures de médicaments essentiels sont en constante augmentation depuis 10 ans. Ces pénuries compromettent la prise en charge des patient-es, sont une menace pour la santé individuelle comme pour la santé publique. La gestion de ces pénuries représentent un coût financier et mobilise le temps des professionnel-le de santé. La réaction tardive et légère de François Braun, hier et aujourd'hui, est à cet égard déconnectée de toute réalité.
Les causes de ces pénuries sont structurelles : logique de rentabilité, loi de l'offre et de la demande, délocalisation de la production, notamment de matière première, crise énergétique et économique, évolution géostratégique. Nous en avons fait le constat remis dans un rapport pour le Parlement européen publié en mars 2022. Un gouvernement soucieux du droit à la santé doit s'attaquer à ces causes structurelles, et non se contenter de mesures d'urgence sans anticipation, ni-proactivié. Il faut donc relocaliser, en France et en Europe, en se coordonnant avec les partenaires de l'Union Européenne. Mais il faut aussi sortir le médicament des lois de l'offre et de la demande et de la rentabilité qui engendrent les premières causes des pénuries. Nous avons publié 10 mesures pragmatiques pour une production locale et européenne publique.
Ces mesures vont dans le sens d'engagements publics pris à plusieurs reprises en 2020 par le président de la République pour garantir le médicament comme bien commun. Rien n'a été réellement fait en ce sens depuis. François Braun peut bien rappeler le plan France 2030, il s'agit de 800 millions d'euros qui iront essentiellement aux acteurs privés, qui restent soumis aux logiques commerciales qui génèrent les pénuries ; de plus, le ministre ne précise pas s'il s'agit de production de matière première, sans laquelle façonniers ou conditionneurs ne pourraient rien ; enfin, ce plan concerne 20 biomédicaments alors qu'il y a 422 médicaments thérapeutiques majeurs et qu'il y a eu 2160 signalements de tensions ou ruptures pour des médicaments essentiels en 2021.
Il faut être pragmatique : le système actuel ne garantit pas la disponibilité de traitements essentiels. Il faut donc en changer. Ce changement ne semble pas pouvoir intervenir tant que le gouvernements et les ministres concerné-es (santé, recherche, industrie, économie) ne rendront pas de comptes sur l'incapacité qu'a la septième puissance mondiale à fournir à ses citoyen-nes les médicaments dont ils et elles ont besoin. C'est aux parlementaires de leur demander ces comptes.