Agrandissement : Illustration 1
Après quelques jours de vacances en montagne mi-juin, reposée, elle avait repris la route vers son plat pays, un voyage qu’elle voyait désormais, avec autant de plaisir que l’envolée artistique et talentueuse des « Plumes de traverse » !
La dentelle givrée du paysage avait fait place à un patchwork bucolique de grandes étendues de champs diversement colorés. De nouveau, le rêve embellissait cette longue route, entraînant son regard sur d’autres sillages et d’autres découvertes ! Carpe diem, se disait-elle ! Il sera toujours temps, après cet incommensurable instant de bonheur, de se replonger dans les mystères et les angoisses de la vie quotidienne.
Afin de sublimer ces lieux, elle pensait à différents tableaux de Vincent Van Gogh ou Claude Monet, univers expressif de champs de blé en campagne, d’arbustes et de cyprès mais encore plus aux écrits poétiques en prose de Jean Jaurès et sa description inattendue des champs de blé félicitant la main et l’esprit de l’homme : « … Et comment, en effet, sans un effort de l’esprit, s’imaginer de façon vivante que cette grande mer des blés qui, depuis des milliers d’années roule ses vagues, se couchant, dorée et chaude en juin, pour redresser en mars son flot verdissant et frais, gonflé encore peu à peu en une magnifique crue d’or, comment s’imaginer que cette grande mer, dont les saisons règlent le flux et le reflux, a sa source lointaine dans l’esprit de l’homme ?... »
Quelques jours après son retour, elle s’engageait alors dans les ornières des blés, ils étaient dans tous leurs états. Ici, encore un peu verts, là jaunes, en voici des nuancés, en voilà des plus blancs ou tout en transparence. Mais, il fallait toujours attendre, ils ne s’égrenaient pas encore … patience !
Agrandissement : Illustration 2
Tendre, dur ou de force, glabre ou barbu, de printemps ou d’hiver, virant du vert au jaune d’or suivant la saison, le blé est une des céréales la plus cultivée et la plus consommée au monde.
La semence après le tallage et la montaison germe en verte graminée, vient alors le temps de l’épiaison. Au moment suprême de la floraison, deux rangées harmonieuses d’épillets aplatis s’agrippent à la tige. Les épis de blé se dressent alors, magiquement et fièrement, déployant leurs rythmes et leurs nuances de couleurs vers le ciel puis progressivement se courbent sous le poids du grain mûr à point.
Soudain, la graine de forme ovale se sent engoncée dans son enveloppe comme si celle-ci avait rétréci sous les affres des pluies. Plus moyen de se bouger. L’amande farineuse, collée au péricarpe, pleure de douleur et crie son épanouissement. Fruit de la terre, l’épis baisse la tête, happé de nouveau par le sol. Il est vraiment temps de libérer ce grain laiteux ou pâteux et de former des ballots de paille !
Si vous ne l’avez déjà fait au solstice d’été, le jour de la Saint Jean, ne laissez pas passer le 7ème jour du 7ème mois à la 7ème heure, un moment hautement symbolique, pour cueillir vos 7 épis de blé, graines de folie d’une vieille tradition, symbole de prospérité et d’abondance. Elle, tout simplement, le fera pour le charme et l'art du rêve, la beauté du blé et parce que 7 lui rappelle un moment essentiel de sa vie…