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Billet de blog 14 juillet 2025

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La vie quotidienne d'un prof - Semaine 39

Avancer, en partie en aveugle, mais avancer.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Lundi 7 juillet

     La première semaine de « vacances », j’alterne entre rangement, repos, dossier persos qui trainent depuis des mois, préparation de la rentrée, lecture-pour-le-boulot… Pendant l’année, j’ai pas le temps pour ça. Le quotidien prend tout, les urgences sont permanentes, on ne gère que l’immédiat. Sans répit. Les vacances servent donc à ça : se reposer ET faire tout le boulot qu’on a pas fait avant.

     Et encore, ça suffit pas toujours. Par exemple, c’est en octobre que je me suis rappelé que le programme d’EMC avait changé et que je devais donc préparer de nouveaux cours pour les 5 e. T’imagines ? Le prof, il se rappelle qu’il a un nouveau programme… au moment où il doit le faire ! Je l’avais lu, bien sûr, et puis pouf ! Oublié. C’est un peu comme si tu te rappelles, en démarrant la bagnole pour les vacances, que tu as pas validé ta location.

     Donc je relis encore le programme, je réfléchis aux cours à préparer (j’ai évidemment pas eu le temps de boucler les chapitres d’EMC cette année). Je lis aussi le programme d’EMC pour les 4e, qui change à son tour. Avec disparition du chapitre « médias », remplacé par celui sur la « défense » qui se faisait en 3e. Mais alors, les médias et les réseaux, on en parle quand ? Attendez, ça vient.

Illustration 1

     Je mets à jour la fiche des « règles à respecter », que je donne dès la 1ère heure de cours à la rentrée. Pour poser le cadre. J’enlève ce qui était inutile, j’ajoute des nouveautés et des précisions. Ça donne ça (document ci-joint).

     Je lis un rapport sur l’état du collège, écrit par le Conseil Supérieur des Programmes. Les propositions de réformes sont discutables, mais le bilan est catastrophique :

1/ La France est toujours à la ramasse dans les études internationales sur le niveau des élèves

2/ L’école ne permet pas de réduire les inégalités sociales, et même au contraire : la réussite des gamins est TRÈS fortement liée au niveau d’instruction de leurs parents

3/ Le lycée professionnel est toujours perçu comme une voie de garage, voire un dépotoir

Voilà une lecture bien joyeuse pour des vacances !

     En plus, dans les faits, certains lycées pros refusent des élèves par brouettes de 15 tellement ils ont de demandes. Parce qu’en fin de 3e, plein de gamin(e)s se rendent compte (ah ben merde alors) que le lycée général, ils vont pas y arriver, ou on va leur refuser. Expérience vécue cette année dans mon collège : 20 élèves sur le carreau, sans affectation.

 Mardi 8 juillet

     J’ai demandé conseil à un des inspecteurs de l’académie : est-ce qu’on va trop loin quand on apprend à nos 3e d’écrire un texte très construit, avec introduction en 3 parties, plan précis, mots de liaisons, sel poivre moutarde, sachant qu’au brevet on ne demande pas aux élèves d’en mettre autant (surtout la moutarde) ? (1)

     Il m’a répondu. Il m’indique des docs à lire, instructifs mais qui ne résolvent pas mon problème. Il m’explique que je peux demander à ce qu’une formation soit organisée dans mon collège, dans quelques mois, ou alors demander à ma cheffe d’inviter l’inspecteur en charge de notre collège à venir rencontrer toute l’équipe.

En attendant, je continue de faire comme avant.

Mercredi 9 juillet

     Je prépare les premières séances, les premières heures de la rentrée. Il y a toujours des améliorations à faire et, surtout, maintenant je vais distribuer aux élèves les leçons déjà écrites. Plus de textes à trous, de tableaux ou schémas à compléter (les phrases entières à écrire, ça j’ai laissé tomber depuis longtemps !) Donc je dois écrire toutes les leçons, et reprendre aussi les exercices en classe qui vont avec. C’est pas très dur, c’est parfois amusant, mais il faut le faire.

     La semaine dernière, on n’avait pas réussi à se mettre d’accord entre collègues sur la répartition des classes. Les chefs devaient décider à notre place. Réponse cet aprem : cette année non plus, pas de classes de 6e. Enorme soulagement : sinon, je devais passer une partie de l’été et/ou de l’année à préparer tous les cours de 6e.

 Cette année, je n’aurai donc « que » :

  • Les améliorations de mes cours préexistants, pour les 5e – 4e – 3e
  • Les préparations spéciales pour Dounia (2), l’élève non voyante de 4e que je me suis engagé à suivre
  • Les nouveaux chapitres d’EMC pour les 5e et les 4e
  • Commencer à regarder le programme de 6e, parce qu’il va bien falloir que je m’y mette
  • Les urgences du quotidien, tout ça

Ah, et puis attendre de savoir si les programmes sont complètement changés à la rentrée 2026, et donc à refaire en grande partie, pour les 4 niveaux.

A part ça, l’année sera paisible.

Jeudi 10 juillet

     Je prépare les premiers cours de 4e pour voir comment les adapter pour Dounia. L’AESH qui s’occupait d’elle me donne quelques conseils, et j’écris à l’organisme qui s’occupe des traductions en braille. Ils doivent recevoir les docs au moins deux semaines avant la rentrée, et ils reprennent le boulot le 25 août. Donc la rentrée, pour Dounia, faut la préparer maintenant.

     Premier document : une carte des différentes régions du monde, que les élèves colorient en classe. Les traductrices peuvent fabriquer des cartes en relief. Est-ce que celle-là, elles peuvent ? J’envoie… Réponse la semaine prochaine.

     Je reprends ma « todolist » qui mesure environ 45 mètres (hors taxes). Déjà, ranger la todolist ! Remplie à l’arrache pendant l’année, à chaque nouvelle idée, mais jamais désaccumoncelée ensuite. Pas le temps. Je commence par les petites bricoles, des docs à peaufiner, des vidéos à regarder, supprimer, trier, des articles à récupérer, puis lire… je sais pas quand.

     Je lis le programme d’Education aux Médias et à l’Information, qui permet (en théorie) aux élèves d’avoir un parcours complet autour de ces sujets. Mis en place dès la rentrée. Chouette, il était temps ! Je lis : programme très complet en effet. Et qui s’en occupe ? Les profs documentalistes. Sur quels créneaux ? Ben… aucun. Dans l’emploi du temps des élèves, aucune heure dédiée. Chaque prof peut (doit ?) mener des actions séparées dans son cours, et la documentaliste se charge de coordonner, répertorier, orienter, proposer… ? On sait pas.

     Je lis le Courrier International, me suis réabonné en septembre. Comme chaque semaine, j’en suis à la moitié du numéro de la semaine quand je reçois celui de la semaine suivante. Même lire le journal, j’ai pas le temps. Je me demande d’ailleurs si je me réabonne.

Vendredi 11 juillet

     Je lis encore ! C’est fou. Me souvenais pas que je pouvais avoir autant de temps pour ça. Ce matin, j’avance « la psychologie de l’ado », pour mieux connaitre l’ennemi.

     Je remplis un fichier, commun à tout le collège, où chaque prof principal écrit un petit résumé sur certains élèves (fragiles, perturbateurs, à encourager, relations avec la famille, dyslexies, orientation à travailler…). Ça permet aux profs qui ont ces élèves l’année suivante d’avoir une petite idée de départ. Si tout le monde remplit le fichier, slavadsoi.

Et puis encore quelques bricoles.

Et puis j’ai aidé deux amies à déménager.

Et puis j’ai changé de bagnole, parce qu’à la campagne c’est vital, et que ça non plus, pas le temps avant.

Et puis, hier, incroyable : j’ai pas allumé le PC de la journée.

Je prends quelques vacances, donc.

En n’ayant pas fait le quart de mes devoirs de vacances.

(1) Mais non, j’ai pas écrit ça à l’inspecteur !

(2) Prénom modifié

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