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Guillaume Di Grazia est tombé sous les yeux de ceux qui, chaque année, refusent obstinément de voir la réalité en face : les fêtes votives, là où l’animal est forcé à la panique et où l'humain s’enivre de risque, sont la roulette russe estivale de la sécurité publique. Ce ne sont pas des accidents que la malchance distribue au gré du vent ; ce sont des délits d’omission collective que les maires, les préfets et le lobby taurin entretiennent avec une froide détermination.
Il est temps, non seulement de s'émouvoir, mais de sortir de l’émotion de l’instant pour regarder la froideur des chiffres et la profondeur des blessures. L’horreur de Langlade, ce village où je vis, est l’aboutissement logique et prévisible de décennies de déni, de mensonges éhontés et de lâcheté politique.
Le bilan macabre de l’enfer taurin de rue
Pour ceux qui continuent de parler d’« accidents isolés » ou de « risques acceptables », je leur mets sous les yeux la comptabilité macabre de la honte. Voici un décompte sur une seule année dans mon département qui devrait suffire à faire interdire ces pratiques dès demain matin, sans attendre un mort de plus.
Carton plein dans le Gard en 2025
- Octobre 2025, Langlade (Gard) : Le journaliste Guillaume Di Grazia, 52 ans, décède suite à un accident lors d'une abrivado, percuté violemment par un cheval. Un nom connu pour masquer un danger ignoré.
- Septembre 2025, Aramon (Gard) : Un homme d'une cinquantaine d'années est percuté par un taureau et un cheval lors d'une abrivado, puis renversé par un véhicule. Triple fatalité.
- Juillet 2025, Générac (Gard) : Un septuagénaire est mortellement frappé par un taureau lors d'un lâcher en pleine rue.
Dans l'article "Concert ou Corrida", différents incidents mortels antérieurs sont listés, c’est une feuille de route de l’horreur qui s'étend sur plus de vingt ans. Elle prouve que les pratiques taurines de rue ne sont pas des exceptions culturelles anodines, mais bien des événements à haut risque létal dont la récurrence ne peut plus, ne doit plus, être ignorée par les autorités.
L’hypocrisie électorale et l’ivresse du risque : les responsables désignés
Le silence de nos élus est une complicité.
Nos maires, obsédés par la réélection et la peur de froisser un certain "électorat identitaire", se cachent derrière un « usage local » fragile plutôt que d'affronter le puissant lobby taurin. Ils signent des arrêtés municipaux qui, sous couvert d’encadrement, garantissent la poursuite d'un risque dont ils connaissent parfaitement les conséquences. La vie d’un citoyen vaut-elle moins que la peur de perdre quelques voix ?
Par ailleurs, ces événements sont très souvent le théâtre d’une ivresse collective et d’une irresponsabilité encouragée. La foule devient un organisme complexe à gérer où le jugement individuel est anéanti par l'excitation primitive et collective. Des touristes, des jeunes, des pères de famille – des profils comme Di Grazia – se retrouvent piégés dans une spirale de danger où l'animal paniqué (taureaux ou chevaux d'ailleurs) devient l'instrument de leur propre folie.
Le coût humain et financier est un scandale éthique et budgétaire. L'argent public utilisé pour subventionner ce désordre, passer une partie de l'année à monter/démonter des grilles, épandre, ramasser du sable, détourner la circulation et les transports scolaires devrait être réorienté vers des événements qui honorent la vie, et non qui la mettent en péril.
Le taureau, double victime et bouc émissaire de notre inhumanité
Mon combat, est éthique et total. Nous ne pouvons dissocier la mort de l’homme de la souffrance de la bête.
Le taureau, dans ces abrivados et ces encierros, n'est pas un partenaire de jeu. C’est un être vivant intelligent, soumis à une terreur maximale. On le pousse à bout, on le force à la course à travers des rues bruyantes et stressantes, il est encadré et harcelé par des cavaliers. Sa réaction n'est pas de la bravoure, mais de la panique pure.
Ces pratiques de rue sont le laboratoire éthique de la corrida. Elles acclimatent les esprits à la violence faite à l'animal pour le divertissement. L'industrie qui profite de ces événements doit être tenue pour responsable. Tant que nous tolérerons cette brutalité festive, nous cautionnerons une vision du monde où la vie, qu'elle soit humaine ou animale, est jetable pour un frisson éphémère.
L’abolition est la seule réponse civilisée
Le sang de Guillaume Di Grazia, celui de l’homme de Générac, celui des dizaines de victimes anonymes de la dernière décennie, crie justice. Il est temps de mettre un terme définitif à ces festivités barbares. Il n'y a aucune fierté, aucune identité à maintenir des traditions qui coûtent des vies et engendrent la souffrance.
L’interdiction absolue et immédiate de toute manifestation taurine de rue, des abrivado et des encierro en milieu urbain, doit être une priorité politique. Tant que le danger persistera, tant que la vie d'un homme sera sacrifiée pour une poussée d’adrénaline collective, l'ombre du déshonneur pèsera sur notre département Gardois. Rejoignez la pétition de 30 millions d'amis pour abolir déjà la corrida en France, premier domino à faiure tomber.
Assez de ce spectacle. Assez de ces morts. L’ère du bon sens, de la sécurité et du respect du vivant doit enfin sonner.