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Billet de blog 25 juillet 2024

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Paul Watson : un héros international derrière les barreaux

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Paul Watson en prison

"Mais c'est qui ce Paul Watson ?"


Une question anodine entendue hier "Mais c'est qui ce Paul Watson ?" a réveillé notre fibre militante parfois trop endormie...
Un magnet un peu inquiétant de Sea Sheperd Dive venant de Koh Tao en Thaïlande est visible sur la porte de notre réfrigérateur depuis des années, nous donnant l'occasion, quand elle se présente, de parler de Sea Sheperd à nos visiteurs. Sea Sheperd Dive est un réseau de soutien et d’information pour permettre aux plongeurs et clubs de plongée de s'impliquer dans la défense des océans.

Illustration 2

Avec nos enfants, ces vingt dernières années, à un moment où un autre de leur enfance, alors qu'une histoire de pirates arrivait dans le paysage, nous avons souvent parlé de Sea Sheperd pour leur expliquer qu'il y avait aussi des pirates modernes qui n'abordaient pas seulement les bateaux pour s'enrichir mais pour défendre les richesses de nos océans, pillées par des puissants.

Pourchassé par Sea Shepherd, un braconnier coule son propre navire © Sea Shepherd France - Officiel


Comment ne pas connaître ce héros écologiste cofondateur de Greenpeace et fondateur de Sea Sheperd, qui depuis 40 ans se bat pour que demain les baleines et autres habitants de l'océan ne fassent pas partie seulement des livres d'histoire de nos petits enfants ? Précurseur de la désobéissance civile, ses méthodes radicales permettent de faire bouger les lignes au niveau planétaire. Il est d'ailleurs ironique de constater que ses actions sur le terrain pour faire respecter les lois interdisant la pêche d'espèces protégées fassent de lui un hors-la-loi aujourd'hui.
Notre sang n'a fait qu'un tour dimanche lorsque nous avons appris l'arrestation au Groenland de Paul Watson, qui s'est littéralement fait piéger : le mandat d'arrêt international, la notice rouge d'Interpol, lancée par le Japon il y a plus de 10 ans avait en effet disparu, laissant croire qu’elle avait été retirée. « Il semble que le Japon ait rendu la notice confidentielle afin de faciliter le voyage de Paul dans le but de procéder à une arrestation », écrit la fondation de Paul Watson (CPWF) dans son communiqué.
Après avoir prétendu effectuer un simple contrôle de routine des passeports de l’équipage, la police est montée à bord, a brandi un mandat d’arrêt et a menotté Paul Watson. Ils l’ont ensuite débarqué et emmené au centre pénitentiaire, où il a passé sa première nuit en prison. Quatorze policiers et un procureur ont été dépêchés par avion de Copenhague spécialement pour appréhender Paul Watson. Le Danemark a tendu un piège à Paul Watson, exécutant les ordres du Japon.
Le bateau de la fondation de Paul Watson s'était rendu à terre pour faire le plein de carburant alors qu'il se dirigeait vers le passage du Nord-Ouest, une voie maritime stratégique qui relie l'océan Atlantique et l'océan Pacifique en traversant l'archipel Arctique canadien. Cette mission faisait partie d'une campagne visant à intercepter le Kangei-Maru, un navire-usine flambant neuf récemment construit par le Japon pour la pêche industrielle dans le Pacifique Nord.
Le Kangei-Maru est un bateau usine équipé de technologies avancées permettant de transformer les baleines prises directement à bord, ce qui en fait une menace directe considérable pour les populations marines locales. En interceptant ce navire, Paul Watson, 73 ans espérait attirer l'attention sur les pratiques destructrices de la chasse à la baleine interdite au niveau international et protéger la biodiversité marine et les baleines menacée par ces activités. Le Japon ne voulait certainement pas de cet empêcheur de tourner en rond dans les parages de cette zone de chasse intensive à la baleine.

Alors en effet, qui est "Ce Paul Watson" ?

Paul Watson
Illustration 4
Paul Watson - © Sea Shepard France © Sea Sheperd France

Date de naissance : 2 décembre 1950
Lieu de naissance : Toronto, Ontario, Canada

Enfance et jeunesse

Paul Watson est né à Toronto, en Ontario, en 1950. Dès son plus jeune âge, il a montré un profond intérêt pour la nature et les animaux. Sa passion pour la protection de l'environnement a commencé à se manifester sérieusement lors de son adolescence, période durant laquelle il a passé beaucoup de temps à observer la faune et à naviguer sur les eaux canadiennes.

Début de carrière et Greenpeace

En 1969, Paul Watson cofonde Greenpeace, organisation non gouvernementale de protection de l'environnement basée à Vancouver, en Colombie-Britannique, qui deviendra rapidement mondialement connue, en particulier du public français, lorsque les services secrets français coulent le Rainbow Warrior, principal navire de Greenpeace. À cette époque, Greenpeace se concentrait principalement sur la lutte contre les essais nucléaires. Watson a été l'un des membres les plus actifs et les plus audacieux, participant à plusieurs missions risquées pour protéger l'environnement. Son engagement et son audace ont joué un rôle crucial dans l'essor et la notoriété de Greenpeace.
Départ de Greenpeace

Malgré son dévouement pour Greenpeace, Paul Watson a quitté l'organisation en 1977. Les raisons de son départ sont principalement dues à des différences philosophiques et stratégiques avec les autres membres, que l'on peut parfaitement comprendre. Watson préconisait des actions directes et parfois agressives pour arrêter les activités qu'il considérait comme destructrices pour l'environnement, notamment la chasse à la baleine. En revanche, Greenpeace favorisait une approche plus lente, plus pacifique et consensuelle, même si le torchon brûlait.
Cette divergence de méthodes a conduit à une rupture irréconciliable entre Watson et Greenpeace. C'est en ça que Paul Watson est un héros et qu'il mérite davantage la légion d'honneur de la prison, il risque en effet personnellement les tribunaux et la prison en utilisant de méthodes un peu plus musclées que les méthodes de Greenpeace pour dénoncer des atteintes à l'environnement qui nous concernent pourtant tous.

La Création de Sea Shepherd

Après avoir quitté Greenpeace, Paul Watson a fondé la Sea Shepherd Conservation Society en 1977. Cette organisation vise à protéger la vie marine et à combattre la pêche illégale, la chasse aux phoques et la chasse à la baleine par des actions directes. Sea Shepherd est connue pour ses méthodes d'intervention audacieuses, y compris le sabotage de navires et l'utilisation de tactiques de confrontation pour arrêter les activités illégales en mer.
Quelques dates emblématiques 

  • 1971 : Paul Watson participe personnellement à la première mission de Greenpeace contre les essais nucléaires aux îles Amchitka.
  • 1975 : Il devient célèbre pour son implication dans l'interception de navires baleiniers soviétiques, une action qui a été documentée par la presse mondiale.
  • 1977 : Quitte Greenpeace et fonde Sea Shepherd.
  • 1986 : Lance une campagne contre la chasse aux phoques en Norvège, utilisant des tactiques de sabotage pour endommager les navires chasseurs.
  • 2002 : Lance l'Operation Migaloo pour lutter contre la chasse à la baleine en Antarctique.
  • 2006 : Débute la série télévisée "Whale Wars" sur Animal Planet, qui documente les campagnes de Sea Shepherd contre la chasse à la baleine.
  • 2012 : Est arrêté en Allemagne en raison d'un mandat d'arrêt émis par le Costa Rica pour un incident en 2002. Éventuellement relâché sous caution, il fuit le pays et reste en mer pendant plus de 15 mois pour éviter l'extradition.
  • 2013 : Démissionne temporairement de son poste de président de Sea Shepherd mais continue de jouer un rôle crucial dans l'organisation.

Principaux procès

  1. Première arrestation au Canada (1979) : la première arrestation du capitaine Watson au Canada En 1979, Paul Watson, figure emblématique de la défense des océans, est arrêté pour la première fois au Canada. L'ONG Sea Shepherd, qu'il a fondée, réussit à empêcher l'abattage d'un millier de phoques dans le golfe du Saint-Laurent. Cet acte marque le début d'une longue série d'arrestations et de confrontations entre l'activiste et les autorités de nombreux pays, où le capitaine mène des actions audacieuses et percutantes.
  2. Incarcération en Norvège (1997) : Paul Watson est arrêté en Norvège, où il passe 120 jours en prison. Mais cela ne l'arrête pas. La même année, il est de nouveau appréhendé, cette fois aux Pays-Bas. La Norvège exige son extradition pour le naufrage du baleinier norvégien Nybraena, et Watson est placé en détention pendant 120 jours. Cependant, il est libéré après que le tribunal néerlandais a rejeté la demande d'extradition.
  3. Incident avec le Costa Rica (2002) : Paul Watson a été accusé par le Costa Rica d'avoir mis en danger l'équipage d'un navire de pêche pendant une opération de Sea Shepherd contre la pêche illégale aux requins. En 2012, il a été arrêté en Allemagne à la suite de ces accusations, mais a été libéré sous caution. Il a ensuite fui le pays pour éviter l'extradition vers le Costa Rica.
  4. Mandat d'arrêt du Japon (2013) : Le Japon a émis un mandat d'arrêt international contre Watson, l'accusant d'entraver leurs activités de chasse à la baleine. Les autorités japonaises ont tenté, sans succès, de le faire arrêter par Interpol.
  5. Procès avec le Canada et la Norvège : Watson a également été confronté à des poursuites judiciaires au Canada et en Norvège pour ses actions contre la chasse aux phoques et la chasse à la baleine dans ces pays.

Trois ans plus tard, en 2000, le magazine Time le consacre « héros de l’écologie », le plaçant parmi les 50 meilleurs défenseurs de l’environnement du XXe siècle.

« Quand vous détruisez le matériel d’une personne qui veut tuer un animal, c’est un acte de non-violence, se défendait-il auprès de Ouest-France en 2016. Car vous détruisez un objet pour sauver une vie. On a affaire à des gens qui ne comprennent que pertes et profits. Pour les arrêter, nous devons parler leur langue. Mais nous n’avons jamais blessé personne. C’est un engagement, et nous nous y tenons. »

La volonté de Paul Watson d'utiliser des méthodes controversées et radicales pour défendre les océans a souvent suscité des débats, on peut le comprendre, mais elle a également mis en lumière des pratiques illégales et destructrices qui auraient autrement pu passer inaperçues. Comme le fait une autre association, L214 dont j'admire le travail. Aujourd'hui on ne retient parfois que les abordages brutaux en mer, mais Sea Shepherd continue de mener des campagnes à travers le monde, souvent en collaboration avec les autorités locales pour renforcer les lois de protection marine.

Paul Watson reste une figure emblématique du mouvement écologiste international dans son ensemble. Son dévouement indéfectible à la cause environnementale, ainsi que ses méthodes audacieuses, sont remarquables et forcent le respect. Il en paye aujourd'hui le prix fort en étant incarcéré. Que l'on approuve ou non ses méthodes, son impact sur la protection de la vie marine et pour un meilleur environnement depuis plus de 40 ans de façon continue est indéniable et remarquable.

Pourquoi le Japon veut il la peau de Paul Watson ?

Dans le pays du soleil levant, la viande de baleine a longtemps été un aliment de base, notamment jusqu’à la 2e Guerre mondiale, à un moment où la population du pays était moins importante, et la pêche du cétacé reste ancrée dans des traditions ancestrales nippones.
Néanmoins, ces pratiques, à l'instar de la "chasse au taureau" dans les arènes de Nîmes, sont aujourd'hui complètement archaïques, dépassées et décadentes.

Illustration 5
© Sea Sheperd France

Quelques dates emblématiques
En 1986, l'archipel nippon a signé le moratoire sur la chasse commerciale, mais a cyniquement contourné cette interdiction en lançant un programme de soit disant "recherche scientifique", lui permettant de tuer chaque année 300 baleines de Minke en Antarctique. Derrière ce prétexte pseudo-scientifique se cachait une véritable activité commerciale, les cétacés se retrouvant systématiquement sur les étals des poissonniers japonais.
En 2014, la Cour internationale de justice a condamné le Japon pour ses activités de chasse illégales dissimulées sous le couvert de la recherche scientifique.
En 2019, ignorant les condamnations internationales et les appels à la protection des espèces, le Japon a quitté la Commission Baleinière Internationale (CBI) et a repris la chasse commerciale après trois décennies d'arrêt officiel. Cette décision est présentée comme un enjeu identitaire pour le Japon, où le moratoire est perçu comme une atteinte à la souveraineté nationale. Un véritable crime écologique pour justifier un repli identitaire. Pour de nombreux Japonais conservateurs accrochés à des valeurs idéologiques qui n'ont aujourd'hui plus aucune raison d'être alimentaire, cette reprise est une manière de porter à bout de bras une culture et des traditions obsolètes, au mépris des enjeux écologiques mondiaux et de la mise en danger d'espèces entières.

Que pouvez vous faire ?

Parlez en à vos proches, à vos amis, aux plus jeunes qui ne connaissent peut être pas Paul Watson, signez et partagez cette pétition lancé par Hugo Clément, journaliste écologiste militant, les premiers signataires sont : Nagui, Brigitte Bardot, Stéphane Bern, Nicola Sirkis, Shaka Ponk, Marc Simoncini, Louis Schweitzer, Hugo Clément...
Cette pétition a recueilli plus de 500 000 signatures en 48h mais en mérite 1 million sans aucune doute !
Partagez ce reportage de Brut sur Paul Watson :

Pirates ou sauveteurs des mers ? L'histoire de Sea Shepherd (avec Hugo du Tatou) © Brut

Merci pour les baleines et les océans !

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