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Episode 4 :
Prenons l’exemple de Paul Cézanne. Le maître d’Aix travaille dessin ou peinture sur toile et papier blanc neutre ; tout au plus, un apprêt ivoire ou perle fonde l’origine et anticipe la clarté de l’oeuvre. Alors que le support (ou subjectile) des anciens maîtres de la Peinture est quasiment toujours de tonalité sourde, car imprégné d'une imprimatura. Les couleurs utilisées lors de l’impression de la teinte sont : divers ocres ou gris bleu, mais aussi des rouges ou des bruns (par exemple terre d’ombre naturelle ou brûlée). C’est aussi le principe terre pour une appartenance naturelle des tons nécessaires aux demi-teintes et colorants ; base pour le jeu des valeurs et clartés.
La demi-teinte légère de la couleur de ce dessin paraît... richesse aérienne et climat de mystères ; c’est une formule de gris colorés (entre le chaud et le froid) qui unifie et permet la diversification des éléments du dessin. Si l’on considère ici la teinte moyenne et l’aspect artificiel et neutre du passe-partout-numérique (en périphérie de ce dessin), on comprend peut-être mieux l’importance de papiers plus ou moins colorés, ou non-blanchis, pour l’art des anciens. En l’occurrence, de fines modulations faisant varier la granulométrie du rendu de la lumière — sur le subjectile papier — apportent des gradations colorées aux nuances des traits du Peintre.
avec les fig.2 : -Nous avons pu observer que l’inventivité des grandes directions de la position du personnage (scindée pour la démonstration) est une longue traverse oblique qui suggère le doute et les retournements de l’humain… Mais aussi que l’organisation ressentie de la forme dépend d'un bain global aérien.
avec les fig.3 : -Que par une économie de traits nommant une morphologie, il y a des appuis, des accents… C'est le dessin d’une harmonie signifiante et même, bien plus. A cet effet de la représentation, il n’y a pas forcément une nécessité d'un clair-obscur pictural si les demi-teintes du papier confèrent l’idée de l’existence.
avec les fig.4 : -Nous sommes allés aux interrogations du représenté... avec lequel, par empathie, nous nous identifions jusqu’à un-tout-au-monde non-figuratif ; petite ‘marge'(1) qu’il suffirait d’agrandir et d’augmenter encore et encore pour y voir un univers abstrait, mais en bien plus intéressant… Car, là aussi, on peut ressentir humainement l'existence de l’air en dessin !
avec les fig.5 : -Que cette formule de drapé mouillé aérien soit en lien culturel avec l'Antique… C’est peut-être un des éléments qui nous touchent. Et le Tintoret devait convaincre aussi par l’expression inscrite d'un souffle d’air présent en la matière. En fait, c’est l’incarnation par l’intelligence de la main de visions intérieures rencontrées aussi, naturellement, chez les peintres calligraphes orientaux (cf. introduction préalable).
Pas à pas, nous avons vu par cet exemple caractéristique et ancien l’importance de…
1. Cf. commentaire & billet « Une esthétique du grossissement » par El Discreto : https://blogs.mediapart.fr/el-discreto/blog/190820/une-esthetique-du-grossissement/commentaires
à suivre, le 14 oct. 2020 : https://blogs.mediapart.fr/etienne-trouvers/blog/141020/siderations-visuelles-0