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Billet de blog 14 oct. 2020

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SIDÉRATIONS VISUELLES

Le TINTORET, suite... 5 /5 épisodes. Après l’approche didactique et minutieuse d’un dessin du maître, en étant attentif à ses qualités techniques, conclusion sur le fait de la représentation de l’air en art visuel, afin de répondre à une expérience avec... – Le lavement des pieds – au Musée du Prado

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Episode 5 :

Pas à pas nous avons vu l’importance de la donnée de l’air, du climat gris-chaud ou de l’atmosphère englobante ;  somme toute, ce qui rend crédible en art visuel, humaniste, le vivant.

A ce niveau du regard sur ce Tintoret, le perçu s'impose comme subtilement simple. Toutefois, voici le mystère technique d'une réalisation de rehauts clairs au pinceau, l'harmonisation d'un maître vénitien en un métier où l’on ne peut dire si les clairs des rehauts émergent ou sont posés en préalable, comme support au jeu des traits obscurs du dessin.  — L'imbrication y paraît totale ;  c'est donc un choix... une esthétique.

De la Renaissance à l’art moderne les grands peintres célèbres sont habiles, non seulement parce qu’ils représentent des êtres, des choses, des iconographies, des matières... au fil de l'histoire des conquêtes en peinture à l’huile (du faux velours jusqu’au faux bois du cubisme cézannien), mais bien parce qu’ils recréent :  l’illusion spatiale, le relief, le climat coloré, l’atmosphère, et les conditions de la vie pour l’oeil humain.

Assurément, le génie de Tintoret n’est pas... le nom  d’un chien de la Cène (1), mais une mise en scène qui réplique et s'affirme, à la vénitienne : aux lumières sur les seins, aux ombres énergiques, aux plis de la chair, puis aux blondeurs radieuses... avec ces demi-clartés vaporeuses et comme tremblantes sur les parties les plus délicates de ces corps divins, par le moyen de ces passages si finement estompés qu’ils semblent se dissoudre dans l’air.(2)  Or, pour le Tintoret, c’est manifestement quand il y a de l’air – une teinte globale démontrée en ce dessin – qu’il nous révèle, par son travail, les profondeurs de l’être, « sa stridence profonde » [sic]. Car dans l’histoire des mentalités, certains relèvent qu’il prend place dans une forme de continuité de l’expression des doutes existentiels d'un Michel-Ange Buonarroti, voire aussi d'un Martin Luther…

Quant à en faire un pré-Cézanne qui se bat, par le doute créatif, sur le motif en plein air, avec des surfaces blanches plus ou moins fragmentées, du concassé qui va ouvrir la voie à l'art conceptuel...  là, c’est une autre histoire qui demandera encore, hélas, bien des mots sur la Peinture.

Et, l’étape suivante, à partir de l’acquis de  l’existence de l’air dans la représentation visuelle  sera de s’interroger sur les mobiles divers et l’hypothèse de restaurations fautives — qui annulent l’existence de l'air —,  illustrés par la vidéo du musée du Prado(3), à propos du Tintoret, Le lavement des pieds, etc.

1. https://blogs.mediapart.fr/el-discreto/blog/110820/dun-chien-8

2. cf. Auguste Rodin cité de mémoire à partir des Entretiens réunis par Paul Gsell,  L’ART

Illustration 1
élément 3, vidéo de référence à cliquer sur le site du musée

3. cf. video El lavatorio de Tintoretto, 2018 - por Miguel Falomir https://www.museodelprado.es/coleccion/artista/tintoretto-jacopo-robusti/134e0f91-ba9a-4fab-a3e4-d49573c318e7

à suivre prochainement : -d’abord une critique de la vidéo du musée ;

-puis, une sorte de Jeu des 7 étrangetés, avec Le Lavement des pieds du Prado

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