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Billet de blog 11 décembre 2010

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Ce qui me fait tenir debout (politiquement parlant)

Ce qui a pouvoir de me tenir debout dans la pensée politique : une certaine idée du communisme.Inscrite dans mon histoire. Histoire historique : j'avais 16 ans en 68, et dans ma petite ville une sorte de "commune" s'était installée (à la mairie), prenant en quelque sorte le pouvoir pendant 3 semaines. Histoire familiale aussi (mais ceci est une autre histoire !)

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Ce qui a pouvoir de me tenir debout dans la pensée politique : une certaine idée du communisme.

Inscrite dans mon histoire. Histoire historique : j'avais 16 ans en 68, et dans ma petite ville une sorte de "commune" s'était installée (à la mairie), prenant en quelque sorte le pouvoir pendant 3 semaines. Histoire familiale aussi (mais ceci est une autre histoire !)

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Comme d'habitude, ceci était au départ un trop long commentaire;
Composé dans un billet de Hêtre : Ce qui a pouvoir de nous tenir debout dans la pensée.

Ecrit à la suite d'un commentaire interrogatif de Pierre Ferron. Merci à eux-deux de maintenir une dynamique de pensée autour de ces idées.

"Je me demande parfois qu'est ce qui empêche ceux qui ne comprennent pas, de ne pas comprendre cette chose simple : le rapport du singulier au pluriel, le rapport de l'individuation au communisme.

Et si je me référe à l'époque où je ne comprenais pas, je perçois un embrouillamini, un fatras, un fracas et un tracas : une aliénation. Je regardais mes pieds ou le ciel, au lieu de regarder à hauteur d'homme, les yeux de mes semblables, autres différents. Regarder la divergence, la dialoguer, possibilté d'une convergence, d'une communauté, d'un bien commun.

Simplex simplicissimus. L'Idiot, quoi. N'y aurait-il que celui-ci qui comprenne l'idiome de l'Idée ?

Il faudra que je relise Dostoievski. La littérature donne souvent de la chair à l'idée, elle incarne le Verbe.

Et à nous, la parole pensée, le sens d'un mouvement. Action talking, le geste et la geste."

11/12/2010 08:25 Par Pierre Ferron

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....Je répondais ceci à Pierre :

@ Pierre : Peut-être faudrait-il aussi rassembler avec l'idée un autre "nous", avec une autre révolte qui a fait aussi se tenir de debout tant de personnes, le nous et la révolte des libertaires et anarchistes ?

D'où je parle :

J'avais 16 ans en 68, et dans ma petite ville une sorte de "commune" s'était installée (à la mairie), prenant en quelque sorte le pouvoir pendant 3 semaines.

De mes lectures (restée superficielles) de Marx, Engels, Trotsky et de quelques anarchistes ou libertaires j'avais à cette époque retenu du communisme quelques idées :

-l'expérience de la Commune de Paris ;

-l'origine des inégalités sociales ;

-que le but du communisme était l'émancipation individuelle ;

-c'est-à-dire pour chacun la satisfaction de ses besoins essentiels en tant qu'être humain - besoins matériels mais aussi d'épanouissement individuel (de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins (le Manifeste ?) ; faire de sa vie une oeuvre d'art : Trotsky ?) ;

-enfin, la nécessité de l'organisation pour y arriver.

J'avais chez moi tous les bouquins si je peux dire ! (de famille ou de groupe) ; mais je n'ai rien retenu de Mao* , ni de Staline : de l'actualité et de l'histoire j'avais appris l'existence d'un communisme étatique, bureaucratique et oppressif dans les pays dits "démocraties populaires", type de pouvoir ayant conduit à la reconstitution d'une classe dominante, et à l'extinction des expériences des conseils ouvriers (soviets).

Quant à Lénine : après une prise de tête sur la question de l'organisation/moyens de l'émancipation individuelle, je me suis rangée au final du côté de Rosa Luxembourg, dans leur controverse :

Un individu ne peut s'émanciper que de lui-même, mais dans une lutte collective à laquelle il s'engage. Il ne peut pas être émancipé de l'extérieur, même par une prise de pouvoir de "sa classe" (brochure de R.L. Parti et grève de masse, je crois).

*Je n'ai rien retenu de Mao :

-sauf la formule (revisitée par les institutionnalistes des années 70 ?) L'institution est un tigre en papier,

Formule qui m'a souvent servi de guide pratique dans ma vie pour dépasser certaines peurs du pouvoir dont parle Hêtre (dans son billet pré-cité).

- sauf je crois une ouverture à la "pensée chinoise", ouverture concrétisée bien plus tard lors d'occasions non directement "politiques".

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Pourquoi je n'ai pas adhéré au maoïsme, malgré les militants actifs que je cotoyais alors ? Pour le lien avec Staline, certes - mais, dans mon expérience, surtout à cause de cette question de l'émancipation individuelle en tant qu'épanouissement par les oeuvres (refus de l'art dit "bourgeois"). Dans le rapport à l'art, j'étais (et je suis) trotskyste.

Pourquoi j'ai refusé l'engagement trotskyste ? Là encore par expérience personnelle (j'ai tenu 3 ou 6 mois en 70, je ne sais plus) : leur vision léniniste de l'organisation - vision verticale, avec comité central etc. et noyautage des groupes plus larges (à l'époque, les comités d'action lycéens).

Pourquoi je n'ai pas rejoint l'anarchisme ? ... ? Pas de rencontres personnelles significatives dans ces années là.

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40 ans après je reste demandeuse de mise en chantier des deux questions ouvertes en parallèle dans Le manifeste communiste :

-la question du but : une société "communiste" (ou libertaire, ou anarchiste") : pourquoi ? donc, qu'est-ce que c'est ? quelle place pour l'individu en tant qu'être humain ayant des besoins, aspirant à les réaliser, sachant que ces besoins sont inégaux ?

- la question du moyen : comment y arriver : outils et nature du passage. Pour que les moyens employés ne dénaturent pas la fin, le but, la future société.

Entre ces deux questions reste ouverte la question de la fin et des moyens :

Dans mon expérience du changement, les moyens du passage sont déjà l'embryon de ce qui sera après. De la société qui sera.

Et qu'avons nous comme moyens du passage sinon nous-mêmes, individus, proposant quelque chose "d'autre" à d'autres individus ?

Que voit-il, cet autre à qui nous nous adressons, sinon nos actes? notre comportement envers lui et les autres ?

C'est pourquoi j'en suis venue à me dire que le moyen du passage ce sont nos interactions ici et maintenant, c'est le type d'interactions que nous proposons à ceux qui arrivent, qui rejoignent nos discussions et actions.

Ce que nous leur proposons de vivre, d'expérimenter comme type de relation dans l'action, c'est ce que nous leur proposons comme but.

Et pour rejoindre le point de départ de ce commentaire/billet, ma réponse à Pierre Ferron : mon impression est que jusqu'ici les libertaires et anarchistes (je ne connais pas la différence) ont davantage réfléchi à cette question des rapports de la fin et des moyens que les communistes. D'où l'intérêt de rassembler dans l'idée ces deux nous.

(texte écrit le 11 décembre 2010)

Pas du tout, je n'ai pas décidé de fermer les commentaires ! Ah ce gestionnaire de commentaire qui prend le pouvoir !

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