Pour commencer, je voudrais revenir sur cette histoire de participation qui concerne ce Suffrage Censitaire avec des liens vers des articles de journaux qui résument très bien cette affaire, donc inutile d'en écrire un pavé sauf pour préciser que l'on reste plus proche du 1,2-1,3 millions de votants que du 1,6 millions ( est compté les votes blancs et nuls).
http://www.lejdd.fr/Politique/Embrouillamini-autour-des-chiffres-de-la-primaire-842152
Maintenant, passons au sujet qui m'intéresse ainsi que plusieurs médiapartiens je suppose : La victoire de Benoit Hamon et ses conséquences. Au soir du premier tour, je vous avoue m'être dit que celà allait être compliqué pour la FI et JLM puisque Benoit Hamon et Jean Luc Mélenchon peuvent avoir le même potentiel électoral et donc se "marcher dessus". Mais la réflexion aidant, ainsi qu'une bonne nuit de sommeil ça va sans dire, je suis revenu sur mon premier constat pour plusieurs raisons :
- La victoire de la ligne Hamon ne marque qu'une probable victoire dans la lutte pour le contrôle du PS après les échéances de 2017. Et oui, Benoit Hamon se retrouve dans la même posture que François Fillon : Convaincre les militants et sympathisants du PS est une chose, convaincre une majorité de français qui votent à Gauche en est une autre (Fillon l'apprend à ses dépends). Il se retrouve face à Mélenchon dans cette lutte mais avec un gros désavantage à mon sens qui est que Mélenchon a quitté le PS il y a près de dix ans, est depuis d'une constance rectiligne sur sa ligne politique tandis que Hamon est resté au PS, à du manger des couleuvres à n'en plus finir, dont la constance politique n'est pas ce qui saute aux yeux (parlait-il du RU il y a un an ?) et surtout fut ministre sous la présidence Hollande (TSCG, CICE, il fut encore au GVT) . Alors oui, c'est un "boulet" au niveau stratégique à première vue mais pas si lourd que ça au final puisque beaucoup de votants se retrouvent aussi sur ce que propose Mélenchon, et comme Mélenchon est devant d'après les sondages "marc de cafés", ces mêmes ne cachent pas que le vote utile serait JLM si il est devant ( twitter de Marc de Boni, à Bagnolet notamment). Mais tous sont quasiment unanimes pour ce constat : Le candidat PS désigné ne gagnera pas en 2017, ce qui ressemble à se retrouver avec deux pneus crevés sur la ligne de départ.
- Cette future victoire va paradoxalement le pousser à se retrouver dans la même position que Ségolène Royal en 2007, et là ma réference à Pyrrhus prend tout son sens : L'aile dite Gauche au sein du PS est minoritaire face à la ligne Valls dite Social-Libérale, donc il devra faire face à une "hémorragie" d'élus et de militants qui se retrouvent chez les idées proposées par Emmanuel Macron. De plus, la ligne Hamon se trouve face à un deuxième problème qui est la désignation des 400 candidats aux législatives par l'appareil socialiste (en tout cas officiellement mais vu l'affaire des votes, je suis dubitatif). La grosse majorité de ceux et celles désigné(e)s ne sont absolument pas dans la ligne Hamon mais plutôt du côté de celle mené par Valls, je rajoute que Benoit Hamon ne peut revenir sur ces choix sans prendre le risque de mettre à mal sa tentative de construction d'un "Ethos" ( du grec ancien désignant une personne qui veut paraître avoir un comportement habituel, ici en l'occurence un combat politique constant). L'ennui est que cet "Ethos" n'est guère crédible et je m'en expliquerais plus bas mais pour finir ici, je souligne que cette campagne est semblable à celle de 2007 si ce n'est en pire : Ségolène Royal a du faire face non pas à des querelles idéologiques à postériori (ils avaient la même ligne doctrinale, rappel de l'entre-deux tours avec l'affaire Bayrou) mais plutôt à une guerre des égocentrismes. Là, Hamon devra faire face à trois fronts qui est Macron-Mélenchon-hiérarques PS. Pour calmer ces piliers PS, il devra recentrer son programme (ça a déjà commencé avec cette histoire de RU qui devient un RSA +, qu'il propose de voir mise en oeuvre progressivement après une conférence, ce qui est la meilleure manière de l'enterrer). Mais il n'échappera pas, comme Emmanuel Macron, à deux handicaps majeurs : Le bilan PS et leurs comportements sous la présidence Hollande.
- Benoit Hamon fut ministre de l'économie sociale et solidaire du 16 mai 2012 au 31 mars 2014 puis enfin ministre de l'Éducation Nationale du 2 avril au 25 août 2014 (en récompense de la prise de pouvoir à Matignon par.....Manuel Valls). Mais la reconnaissance n'étant pas une qualité que l'on reconnait à Manuel Valls, il les démissionna (dire le contraire est une légende urbaine) le 25 août pour "divergences de vues", un langage diplomatique digne du temps de l'URSS. Entre 2012 et 2014, on ne peut pas dire que Benoit Hamon brilla par une constance politique qui peut renforcer son "Ethos" : Sur le TSCG, il ne s'opposa pas (ce qui au fond ne surprend pas après coup) tout comme face au CICE, au refus de nationaliser Florange ou PSA Aulnay. Pour quelqu'un qui veut montrer un "Ethos" cohérent, la balance est très lourde du mauvais côté, au contraire d'un Mélenchon qui peut présenter un "Ethos" et un "Logos" en cohérence avec ses actes, comme Philippe Poutou et Nathalie Arthaud (qui ne sont pas ma tasse de thé politiquement parlant) d'ailleurs. Le bilan PS va lui coller comme un sparadrap durant la campagne sans compter qu'il doit faire avec ces fameux députés qui ont votés toutes ces lois ou ont combattus mollement comme le CICE, l'État d'Urgence, la Loi Travail (les frondeurs-blagueurs ayant démontré durant les 5 ans qu'ils frondaient à la boule de papier). Comment être crédible auprès d'une opinion déjà rétive à s'interesser au PS ?
- Pour ce dernier paragraphe, je vais aborder cette histoire d'alliance entre Hamon et Mélenchon et en expliquer les divergences. Depuis le soir du premier tour, j'entends par-ci et par-là "il faut que Hamon et Mélenchon s'unissent face au péril Fillon/Le Pen", même des plus audacieux y vont jusqu'a l'étendre à Macron ! Premièrement, cette idée d'une addition de courants politiques me fait furieusement penser à une vision que je nomme "féodale" du Suffrage Universel : En effet, ça part du principe qu'il suffit d'assembler pour que les militants et les futurs électeurs aillent voter en posant de côté leur cerveau, diable j'ai toujours cru que le système féodal fut aboli le 17 juillet 1793...... Mais l'électorat en général n'appartient pas aux partis et aux mouvements, c'est une lapalissade j'en conviens, néanmoins le fait que je soit obligé de l'écrire me force à réfléchir sur le niveau de la culture politique en France car imaginer une seconde, je dis bien une seconde, Macron et Mélenchon sur le même bateau (qui n'ont aucun intérêt au demeurant) démontre une bêtise qui frôle la niaiserie puisque c'est faire fi des oppositions doctrinales entre les deux courants qu'ils représentent : Les lignes altermondialiste et Individualiste. Toutefois, il y avait un spécialiste pour la synthèse, François Hollande, on a vu ceux à quoi celà nous a amené(e)s..... Donc si c'est pour quitter une "planche pourrie" vers une autre, autant rester sur place et s'écraser avec elle. Quant aux divergences programmatiques entre Hamon et JLM, à part sur le RU sur laquelle plusieurs lecteurs connaissent ma position sur le sujet, la divergence fondamentale est la question européenne : Hier matin sur France Inter, Benoit Hamon déclara que sa divergence avec Mélenchon concerne l'Europe : Il est ainsi dans l'optique Tsipras-Varoufakis (qui le félicita par twitter pour son premier tour) avec cette idée d'annualisation des dettes et de renégociation des Traités. Mais où un Mélenchon propose un Plan A/B qui va jusqu'à la sortie de l'UE si les revendications ne sont pas acceptées (implosion de l'UE indirectement suite à la sortie des Traités), Hamon ne veut pas passer le Rubicon et donc décrédibilise ses messages (à l'origine guère crédible) car il ne peut y échapper à la question : Si ils disent "Non", que compte t-il faire ? Hier je note sur son site qu'il est pour un salaire minimum à hauteur de 60% du salaire moyen......comme Manuel Valls et Jean Claude Juncker !!
https://www.benoithamon2017.fr/thematique/pour-un-progres-social-et-ecologique/#economie
En conclusion, Benoit Hamon a gagné sur le papier le PS mais dans le fond des choses, il utilise la même stratégie que François Hollande en 2012. Très gros bémol, il feint d'oublier que ce dernier a gouverné pendant 5 ans suite à sa victoire du fait des slogans du type "Mon ennemi c'est la finance", " je renégocierais le TSCG" et les français ont vu ce qu'il en était aujourd'hui. Comme il a piqué pas mal d'idées chez JLM et la FI (qui s'en rappelle des discours écologiques, humanistes, sociaux de Benoit Hamon sur plusieurs années ? Car la sincérité, l'honnêteté est un élément important pour 2017 et Benoit Hamon ne pourra en faire abstraction, d'ou mon avis tranché sur son "Ethos"), les électeurs vont préferer l'original à la copie, selon moi. L'absence de dynamique pour cette Primaire montre qu'il ne pourra enclencher d'engouement propre à faire basculer le vote Mélenchon vers le sien (je rappelle que quasiment tous sont résignés et ne croient pas la réussite de la candidature PS, quelle qu'elle soit).Il ne pourra empêcher l'implosion d'un parti moribond, ou l'on se partage déjà l'héritage des courants qui le composent.
PS : Pour l'histoire du PS, je mets un lien qui amène vers un billet de blog du journaliste Simon Moreaux, que je trouve très bien pour ma part car il explique que ce parti est victime de ses contradictions internes.
https://blogs.mediapart.fr/simon-moreau/blog/240117/ps-la-division-dans-ladn