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Billet de blog 16 septembre 2018

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Personnes exilées à la rue, habitants solidaires. Suite sans fin...

Le Collectif de soutien aux personnes sans-papiers de Rennes organisait samedi 15 septembre une balade du patrimoine pour un logement pour tous et toutes. Ayant successivement visité sans succès, avec les personnes à la rue, cinq lieux patrimoniaux en demandant à chaque fois d'être accueillis, ils ont investi la cathédrale. Et là, surprise!...

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La balade du patrimoine pour un logement pour tous et toutes a commencé samedi à 14 h, après évacuation spontanée du Centre Régional Information Jeunesse de Rennes (CRIJ, lire ici) et nettoyage des lieux. Nous avons successivement visité - avec les personnes à la rue et avec plusieurs familles hébergées au gymnase venues en solidarité - cinq lieux patrimoniaux en demandant à chaque fois de nous accueillir et en distribuant le tract utopique sur Rennes 2023. Ces cinq lieux sont la préfecture de région Martenot (arrivée immédiate de la BAC) puis le bâtiment proche du Conseil régional (échanges assez tendus avec la sécurité mais police non appelée), puis le Parlement (no problem), puis le Couvent des jacobins (no problem), puis la DRAC (personne).

A la suite de ces échecs répétés, nous avons investi à environ 80 la cathédrale de Rennes et nous avons annoncé notre intention d'occuper. Après un accueil peu empathique du sacristain, ce dernier a transmis au diocèse. Pendant deux heures, aucune réaction de ce dernier.

Nous attendions donc une réaction verbale du diocèse mais, tout d'un coup vers 18 h 30, arrivée d'une commissaire de la DSP (direction de la sécurité publique) qui nous annonce que nous allons être évacué-e-s par la police, SUR DEMANDE DU DIOCÈSE, si nous ne partons pas. Nous demandons quelques minutes pour nous concerter et elle accepte mais, la police étant de plus en plus remplie de gens plus ou moins policiers mais très volontaires pour mettre de l'ordre à leur manière (voir affaire Benalla), la BAC est entrée et a pris position pour nous faire sortir. Comme convenu, nous n'avons pas opposé de résistance et nous sommes sorti-e-s à une quarantaine restante en criant, la BAC autour de nous. A la sortie, une vingtaine de policiers en uniforme (pourquoi pas eux pour nous évacuer ???) nous faisaient une haie d'honneur et la cathédrale s'est refermée pour toujours (nous n'y reviendrons sans doute pas sauf pour une action "paie ta honte, le diocèse" mais nous ne désespérons pas de retrouver "l'amour du prochain" dans d'autres lieux catholiques, à très vite...).

A la sortie, les mines étaient fatiguées et déconfites tandis que nos camarades à la rue commençaient à se demander, après cinq heures d'errance et d'échecs, si une solution allait être trouvée. Et là, le vrai jésus est apparu et a pris la forme d'un syndicat : celui de la FSU, qui a ouvert ses portes pour deux nuits et mis le paquet en termes de qualité d'accueil (cuisine, toilettes, espace, bouffe, équipe de nuit...). Quel contraste avec la hiérarchie du pape François !

Vous êtes peut-être peu surpris-es de notre naïveté à la suite de l'évacuation policière ordonnée par le diocèse mais sachez que, si nous avions choisi ce lieu, c'est parce que, à Rennes en tout cas, jamais la hiérarchie catholique ne nous avait traité-e-s ainsi. Nous comprenons bien que nous n'allions pas dormir dans la cathédrale (quoique...) mais le diocèse aurait pu au moins nous parler et surtout proposer un lieu de mise à l'abri pour quelques jours. Mais, que nenni, les voies du seigneur sont devenues de plus en plus pénétrables et macroniennes...

Une AG à la FSU a terminé cette journée un peu longue (et chaude à cause du soleil) pour organiser l'action de lundi et réfléchir à l'action de mardi si échec. Une vingtaine de personnes dorment à la FSU jusqu'à lundi avec trois soutiens chaque nuit.

Le collectif de soutien aux personnes sans-papiers de Rennes 

Informations recueillies par Martine et Jean-Claude Vernier
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