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Billet de blog 7 octobre 2025

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TALIS : L'OCDE demande une autre formation des enseignants

Les résultats de l'enquête Talis 2024, réalisée par l'OCDE, pointent des manques criants dans la formation initiale et continue des enseignants français. L'OCDE appelle, comme en 2018, à y remédier. Mais valide la réforme de la formation initiale.

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TALIS 2024 couverture © OCDE

"Face aux difficultés, les enseignants français n'ont pas la formation qui va les aider". Eric Charbonnier, expert de l'OCDE, s'appuie sur les résultats de l'enquête internationale (55 pays) Talis 2024 publiés ce 7 octobre.

Selon Talis 2024, seulement 50% des jeunes enseignants en collège se déclarent correctement formés à la pratique pédagogique des disciplines qu'ils enseignent. Mais c'est pire à l'école où seulement 24% des enseignants partagent cet avis. C'est presque le taux le plus faible des 55 pays de l'OCDE participant à Talis. Et on constate une chute nette depuis 2018.

Seulement 53% des enseignants débutants estiment que leur formation est de haut niveau, le taux le plus bas de tous les pays de l'OCDE. Seulement 17% des enseignants débutants bénéficient d'un tuteur, un des taux les plus bas des pays de l'OCDE. Et qui n'a pas évolué depuis 2018. Seulement 35% des enseignants ont participé à une formation efficace au cours des 12 derniers mois. La moyenne des pays de l'OCDE est à 55%.

Les enseignants français sont en queue de classement international sur tous les aspects de la formation. Ils sont parmi les moins nombreux à se déclarer formé à l'intelligence artificielle (là on est au dernier rang), l'enseignement en milieu multiculturel, l'apprentissage émotionnel, la gestion de la classe (on est là aussi derniers), les pratiques d'évaluation et même la connaissance de la matière enseignée. Avec un tel palmarès, on comprend que les déclarations sur la priorité accordée à la formation des enseignants a été un leurre.

"On a une défaillance sur la façon de débuter dans la carrière et notre formation professionnelle est très en retard", estime E Charbonnier.  Autrement dit, les résultats de Talis pointent aussi bien la formation initiale que la formation continue.

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Opinion des jeunes diplômés sur leur formation initale. Extrait de Talis 2024 © OCDE

Pour faire évoluer les pratiques pédagogiques

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Peu de temps au travail coopératif. Extrait de Talis 2024 © OCDE

L'OCDE lie cette question au retard pris dans le travail collaboratif des enseignants et l'esprit d'établissement. Avec 2 heures hebdomadaires, la France est au dernier rang des 55 pays de l'OCDE pour le travail collectif. La plupart des autres pays y consacrent au moins le double de temps. Les enseignants français observent le moins leurs collègues enseigner. Ils participent le moins à un apprentissage professionnel coopératif. Il est vrai que le travail coopératif ne bénéficie d'aucune reconnaissance salariale en France en dehors de l'éducation prioritaire et de quelques niches. Il est sensé relever du bénévolat.

En 2018, l'OCDE enfonçait déjà le clou en observant la qualité de la formation dans des termes choisis. "La participation à des cours et séminaires en présentiel est l’un des types de formation continue les plus répandus parmi les enseignants au sein de l’OCDE. En France, 50% des enseignants participent à ce type de formation, tandis que 20% des enseignants participent à des formations basées sur l’apprentissage et le coaching entre pairs. Il est intéressant de noter que les enseignants, dans l’ensemble de l’OCDE, déclarent que la formation continue basée sur la collaboration et les approches pédagogiques collaboratives compte parmi le type de formations qu’ils jugent les plus efficaces".

Et l'organisation citait en exemple l'enseignement aux élèves à besoin particulier avec un très fort décalage entre le nombre d'enseignants confrontés à ces élèves et celui des formés. En 2024 le décalage s'est accru avec une très forte augmentation des classes accueillant un nombre important d'élèves à besoin particulier. 74% des enseignants déclarent avoir un groupe de ces élèves en classe et seulement 53% disent être formés à y faire face (contre 46% et 62% dans l'OCDE).

Pour E Charbonnier, "la formation continue est très peu développée en France" et il faut offrir aux enseignants "la formation qui va les aider". Dans ce sens il estime que la réforme de la formation initiale va dans le bon sens en ce qui concerne l'attractivité du métier. "Mais il faut que la formation soit efficiente".

Pourtant, si la réforme , en rémunérant deux années de formation, va améliorer l'attractivité, il n'est pas certain qu'elle soit suivie d'une formation à la hauteur. En abaissant le niveau de recrutement, voire en transformant le concours en simple examen pour les professeurs des écoles, le gouvernement abaisse le niveau de la formation. Un autre problème guette toute réforme de la formation. Si celle ci est aussi peu développée en France c'est aussi qu'elle sert de vache à lait pour le ministère. Ainsi en 2024, 1.2 milliard ont été prélevés sur le budget formation pour combler des trous dans le budget comme l'a établi la Cour des Comptes. La France a la formation qu'elle se donne.

François Jarraud

Talis 2024

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