Il était clair dès le départ de l'épidémie que la pandémie serait inévitable. Je l'écrivais déjà sur ce post le 1er mars
Je disais aussi qu'il n'était pas inutile de freiner la diffusion de la maladie, et que sur ce plan la gestion gouvernementale était adaptée à une épidémie débutante. Mais que voit-on depuis lors ? Comme en Europe où des milliards sont débloqués pour l'économie (30 au RU, 25 pour la commission européenne) Bruno Lemaire a promis une aide financière conséquente aux entreprises. Promesse logique dans la mesure où les charges de toutes sortes continueront à pleuvoir, quand les rentrées financières seront taries, mais qui amène plusieurs types de question :
1°/ de quel chapeau l'artiste tirera-t-il ces milliards qui n'existaient hier ni pour les salaires, ni pour les retraites, ni pour rembourser les exonérations de cotisations, ni pour les services publics et l'hôpital en particulier, ni pour la fonction publique, ni pour les chômeurs, ni pour la transition énergétique? De l'emprunt (moindre mal), des 80 milliards de bénéfice du CAC 40, du rétablissement de l'ISF et d'un impôt sur le revenu digne de ce nom, de la suppression des 40 milliards du CICE sanctuarisé en suppression pérenne de « charges », de la réquisition des 95% des fonds mondiaux disponibles qui circulent sur le secteur spéculatif au détriment de l'économie réelle, ou de la suppression de la Bourse ?
2°/ Pourquoi parallèlement à ce plan financier massif vers l'économie n'y a-t-il pas une identique, sinon supérieure pluie de financement vers la santé : crédits immédiatement débloqués pour engager des médecins, infirmiers et aides-soignants autant que de besoin, sans limite, vers le secteur hospitalier, crédits de fonctionnement pour le matériel nécessaire à commander en urgence en renforçant les circuits de fournitures, réquisition financée de tous les soignants aptes à donner les soins d'urgence, y compris dans les cliniques privées, etc etc ? On annonce un pourcentage de morts, comme si c'était une fatalité. A quand un discours volontariste promettant formellement de tout faire mieux soigner, mieux prendre en charge pour faire baisser la sinistre statistique ?
3°/ Comment le premier ministre peut-il continuer à faire campagne pour les municipales ? Si la mairie du Havre l'intéresse, qu'il démissionne de Matignon. Sinon, qu'il reprenne son poste. Et quid du président, qui parade en sauveur – lui, l'implacable artisan de l'austérité pour les pauvres - en monopolisant l'annonce de toutes les mesures, jusqu'à expliquer qui devait téléphoner à qui, quand et comment, en squeezant le travail du ministre dédié à ces annonces ?
4°/ Et surtout, quand cesseront les cris d'orfraie et les lamentations répétées ad libitum à l'idée (horreur !) du moindre point de décroissance, alors que chaque point de croissance nous replonge dans le drame environnemental ? Face au Corona virus comme face à la crise climatique, le même aveuglement : alors qu'il est évident que c'est notre organisation économique (recherche mortifère du profit par la multiplication des délocalisations, concurrence impitoyable pour une meilleure profitabilité pour une minorité) qui est responsable de nos problèmes, continuons à nourrir ce Moloch insatiable, cet ogre consumériste que nous adorons d'autant plus qu'il nous mène plus sûrement à notre perte.
5°/ enfin, sans vouloir accabler nos dirigeants, un peu de logique ne méssierait pas, qui nous obligerait à suivre l'exemple de l'Italie en renonçant aux demi-mesures : comment prétendre réduire la diffusion de la maladie en limitant les rassemblements à quelques centaines de personnes tout en laissant ouvert le métro et ses millions de contacts quotidiens, et ce n'est qu'un exemple...