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Billet de blog 1 septembre 2021

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Une histoire d’amour et de désir

Le Valois de Diamant et de l'acteur du dernier Festival du film francophone d'Angoulême est sur les écrans le 1er septembre. Il serait dommage de passer à côté de cette éducation sentimentale du XXIe siècle. Film de De Leyla Bouzid. Avec : Sami Outalbali, Zbeida Belhajamor, Diong-Keba Tacu. 1h45.

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Illustration 1
- Sami Outalbali, Zbeida Belhajamor -

Le pitch : Ahmed a 18 ans, et fait son entrée à la fac en lettres à la Sorbonne. Franco-algérien, il vit en banlieue chez ses parents, avec sa jeune sœur. Sur les bancs du cours de littérature comparée, il fait la connaissance de Farah, jeune Tunisienne pleine d’énergie venue étudier les lettres en France. Ahmed découvre le corpus de littérature arabe du Moyen Age, sensuel et érotique, dont il ignorait l’existence. Ahmed et Farah vont tomber très amoureux l’un de l’autre, mais Ahmed résiste bien qu’il soit submergé de désir.

L’éducation sentimentale des jeunes adultes : si le sujet est fréquemment traité au cinéma, il est rare de prendre le point de vue du garçon. C’est le pari fait – et réussi - par Leyla Bouzid, réalisatrice franco-tunisienne, débarquée elle aussi un jour en lettres à Paris ; « mais le parallèle s’arrête là », a-t-elle exprimé lors de la présentation du film au FFA (Festival du film d’Angoulême) d’août 2021. Filmé de près, si près qu’on perçoit le grain de la peau, Leyla Bouzid montre, dans Une histoire d’amour et de désir, les tourments du jeune homme tiraillé entre son désir de succomber à la jolie Farah, et une force intérieure qui le repousse. Passé un temps où elle trouve ça touchant, à rebours des canons machos actuels, Farah finit par se lasser, et plaque sèchement Ahmed qui de son côté tente de saborder ses études à la fac. « Vous donnez raison à ceux qui souhaitent votre échec », lui dit sa prof de littérature comparée, où il a rendu copie blanche aux partiels…

Illustration 2
- Sami Outalbali, Zbeida Belhajamor -

Sami Outalbali (Ahmed) et Zbeida Belhajamor (Farah) transpercent le casting de ce septième long-métrage de la réalisatrice tunisienne Leyla Bouzid, qui a récemment fait la clôture de la Semaine de la critique à Cannes. Submergé par son désir, timide, n’osant pas aller au bout de ses élans de vie, le film montre avec une grande délicatesse la première expérience amoureuse et sexuelle d’un garçon, le raz de marée qu’elle provoque. Fait encore plus rare, l’exacerbation habituelle de la virilité masculine dans la culture maghrébine se trouve, dans Une histoire d’amour et de désir, reléguée loin derrière la fragilité à fleur de peau du garçon, en accordant une part signifiante à une sexualité assumée.  

Ahmed la découvre, à son grand étonnement, dans les textes érotiques arabes du XIIIe siècle qu’il étudie en cours à la Sorbonne, menant par là même à une quête identitaire. Ahmed, qui ne connaît pas son pays d’origine, ni sa langue ni sa culture (ses parents ont fui les années noires d’Algérie et ne sont jamais revenus), va faire la découverte de cette culture arabe comme une ouverture sur lui-même, et sur Farah. Une culture que son père connaît mais ne lui a pas transmis.

Une histoire d’amour et de désir a su, au FFA, trouvé le public et plus encore l’œil et le cœur du jury : Sami Outalbali (Ahmed) repart avec le Valois de l’acteur, et Leyda Bouzid avec le très convoité Valois de Diamant. De justes et méritées récompenses pour un film, ça tombe bien, sur les écrans le 1er septembre.

F.S.

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