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Billet de blog 13 décembre 2022

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Annie Colère : c’est la lutte pour le droit à l’avortement

Films de Blandine Lenoir, avec Laure Calamy, Zita Hanrot, Rosemary Standley, India Hair, Éric Caravaca, Damien Chapelle.

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Illustration 1
- Zita Hanrot, Laure Calamy, Rosemary Standley, India Hair, en plein brainstorming - © (c) Aurora Films Local Films

Timide et réservée, Annie (Laure Calamy) est ouvrière dans une usine de matelas. Mariée, elle se retrouve enceinte – non désirée – d’un potentiel troisième enfant, et cherche à avorter. Mais au début 1975, à quelques mois de la légalisation de l’avortement, ce n’est pas simple. Elle pousse la porte d’une antenne du MLAC (le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception), créé en 1973 par des médecins militants et des collectifs féministes, pratiquant des avortements clandestins à partir de la méthode « Karman », par aspiration, moins douloureux et plus simple. Elle y découvre une communauté familiale de femmes libres, pratiquant des IVG avec beaucoup de douceur et de bienveillance, dans une France qui, malgré la pilule contraceptive légalisée depuis 1967, peine encore à trouver son rythme. Au contact de femmes et de médecins engagés, elle va à son tour prendre une place de plus en plus importante dans le MLAC, pour à son tour pratiquer. Cette transformation va jusqu’à bouleverser aussi sa vie de famille et conjugale.

Film hautement d’actualité, alors que les députés discutent en France un projet de loi pour inscrire dans la constitution du droit à l’avortement pour protéger la loi Veil, et qu’aux États-Unis la Cour suprême vient le 24 juin dernier de supprimer un arrêt qui autorisait le recours à l’avortement dans l’ensemble du pays, Annie Colère de Blandine Lenoir tombe à point nommé dans l’inquiétude ambiante. Cintrée dans son petit manteau rouge, Annie – Laure Calamy  - fait briller une joie politique que personne ne soupçonnait auparavant. Quelques années auparavant, les « faiseuses d’anges » opéraient différemment, et de manière beaucoup plus froide, en témoigne L’Évènement, d’Audrey Diwan (sorti fin 2021, Lion d’or à Venise) tiré du récit d’Annie Ernaux et de sa propre expérience où elle cherchait en 1967 à avorter dans des conditions difficiles.

 Avec Annie Colère, la réalisatrice nous fait réfléchir sur le pouvoir médical : la plupart des médecins de cette époque étaient des hommes, les femmes pratiquaient les avortements clandestinement avec le risque de condamnation à la prison. Servi par un casting bien choisi (Laure Calamy, Zita Hanrot, India Hair, Rosemary Standley), Annie Colère évoque avec beaucoup de sensibilité de graves questions pour aujourd’hui : si la loi Veil a bien légalisé l’avortement en 1975, on se rend compte encore aujourd’hui que celui-ci n’est pas un droit acquis pour toujours, et que certaines forces le verraient remis en cause… De quoi mettre les femmes – et les hommes – en colère, non ?

F.S.

 Annie Colère, de Blandine Lenoir, en salle depuis le 30 novembre.

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