Le martyre des gazaouis
Est-il encore possible d'écrire sans verser dans la déraison, la surenchère verbale pour traduire son horreur absolue, son écoeurement et son espoir quasi-insensé de cessez-le-feu durable devant ce génocide en cours des Palestiniens de Gaza qui défie la moindre raison, la moindre humanité, qui déchaîne une violence inouïe, toujours plus meurtrière, tuant aveuglément et sciemment femmes et enfants, blessant à tout jamais quantité d'autres pour rester traumatisés, invalides ou handicapé·es à vie, qui détruit tout sur tout le territoire de Gaza, y compris le moindre abri, le moindre hôpital, qui sème par ses traumatismes des plus petits au plus grands et pour longtemps, les racines de la haine et de la vengeance en retour ? A combien de morts, de blessés, d'invalides, s'arrêtera cette hécatombe que nul n'arrête et qui en est déjà à plus de 21 000 morts et 55 000 blessés (sur 2,4 millions de gazaouis !), 30 000, 50 000 ou davantage ? Ces chiffres peuvent devenir réalité si comme le veut et l'affirme ce génocidaire Nétanyahou, qui rejoint la longue liste des génocidaires du XXème siècle, si cette vengeance opportuniste avec sa puissance de feu dure encore des mois et des mois avec ses séquelles et drames pour des générations. Pour ce foutu criminel qui devra être jugé pour de tels méfaits, le drame des juifs en otage et leurs libérations compte moins que sa guerre et la réalisation du Grand Israël en chassant les Palestiniens des terres, du territoire morcelé ou détruit qui leur reste. Le décès récent des trois otages israéliens évadés arborant torse nu un semblant de drapeau blanc et abattus par les tirs israéliens montre, s'il en était besoin, que la chasse à l'homme (aux femmes et aux enfants) est non seulement ouverte mais surtout tirer d'abord avant de voir et de comprendre. Les robots-tueurs autonomes n'agiraient pas autrement. Et ce criminel en chef qui ose dire : "« Nous continuerons notre guerre défensive, dont la justice et la moralité sont sans équivalent...[l'armée] fait tout pour éviter de blesser des civils, alors que le Hamas fait tout pour leur nuire et les utilise comme boucliers humains ».
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Celui ou celle qui veut savoir la réalité de ce martyre de la population gazaoui par cet état colonial le peut en France malgré la pipolisation croissante des médias. En Israël c'est tout autre chose où est soigneusement invisibilisé tout ce qui est martyre de la population gazaouis et surtout ne pas montrer ces enfants traumatisés, ensanglantés, hagards, soignés à même le sol quand ils peuvent l'être. Ce qui doit être caché pour perpétuer sa propagande, pour ne mettre en avant que les horreurs des victimes juives en diabolisant les Palestiniens, est bien cette population affamée, dénutrie, assoiffée, en grand risque d'épidémies ravageuses, blessés non secourus ou soignés avec des moyens dérisoires, morts par dizaines de milliers avec ses hôpitaux détruits avec deux millions de déplacés vers Rafah et la totalité de Gaza bombardé, frappes aériennes continues y compris sur des convois et abris de l'ONU et d'ONG. L'horreur est absolue, au-delà de tout ce que je pouvais imaginer dans l'horreur, même après la guerre en ex-Yougoslavie, même après le Rwanda et l'Ukraine, les karens et les rohingyas de Birmanie et tant d'autres tant la liste est longue et s'allonge.
C'est une horreur absolue et une nouvelle fois la « banalité du mal » avec ces démocraties qui demandent la protection des populations quand la doctrine Dahiya est en œuvre et se déroule avec un cynisme qui en rappelle d'autres dans l'Histoire.
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Ce nouveau traumatisme ne peut être un alibi.
Oui ce peuple juif dont les parents ont vécu la Shoah qui reste vivace dans les mémoires et dans leur chair, qui, même non-juif, reste dans ma mémoire ineffaçable, est embarqué sous ce gouvernement de fanatiques religieux dans un génocide dont le seul mot montre le renversement historique, un génocide contre toute une population de 2,5 millions d'habitants ghétoïsée dans l'enclave sans possibilité de fuir, qui rappelle d'autres ghettos. Tuer à tout va pour soi-disant « éradiquer le Hamas » quand toute l'Histoire des massacres et guerres récentes pour éradiquer le terrorisme nous apprend que le terrorisme est un moyen pour imposer une idéologie totalitaire ou un moyen désespéré de résistance aussi désastreux soit-il (moyen du faible au fort) ici, face à l'inertie de la communauté internationale complice et co-responsable de ce massacre, la colonisation sans limite (en terres, en morts et en détenus), l'apartheid. La vengeance ou la résistance sont toujours armées par les massacres et les facilités que donnent ces armes de tuer sans en rendre compte. Il n'est que de se rappeler la Résistance française sous l'occupation et la résistance algérienne pendant la guerre d'Algérie. L'idéologie qui prône la tuerie et le meurtre engendre toujours la tuerie en miroir alors qu'elle ne peut être vaincue qu'en recherchant la paix contre tous les fauteurs de guerre qui savent bien se coaliser contre les artisans de paix comme le firent Hamas et religieux fanatiques avec Nétanyahou après les accords d'Oslo.
Oui le 7 octobre fut une journée d'une violence inouïe qui a tué, violé, mutilé, qui a renvoyé la population juive à son histoire tragique de pogroms et du cauchemar de la Shoah mais aussi d'une éducation fallacieuse qui présente les Palestiniens comme une menace permanente qu'il s'agit d'opprimer, de dominer, d'asservir et de spolier à volonté, comme de tuer à la moindre occasion ou préventivement - comme ces journalistes qui visibilisent au péril de leur vie .- pour assurer la sécurité. Cette journée restera un traumatisme pour tous les juifs, dans le saisissement de cette déflagration, pensée comme impossible par la croyance à la Toute-Puissance des armes sophistiquées et la dissymétrie évidente. Terrible constat qui a de quoi effrayer la population israélienne. Ne pourrait-elle s'effrayer de ces graines de haine et de vengeance semées par cette destruction de Gaza et ces cadavres, ces pauvres humains qui errent ensanglantés, effrayés, en survie, ne pourrait-elle s'effrayer de ce seul chemin de guerre permanente sans fin et de menaces réelles ou illusoires comme avenir ?
Ce 7 octobre – comme le 11 septembre aux USA par Bush – a bien été saisi par ce gouvernement comme une opportunité pour étouffer toute critique intérieure via les manifestations hebdomadaires qui duraient depuis des mois par une large partie de la population d'Israël mais surtout pour pousser les pions d'une stratégie qui veut d'abord écraser et terroriser sous les bombes la population palestinienne de Gaza dont une majorité d'enfants et de femmes (pour quelques centaines de combattants Hamas), expulser « volontairement » cette population en Egypte et en Jordanie comme pour terminer la Nakba de 1948 et s'y réinstaller comme certains le voudraient. Les colons fanatiques de Cisjordanie dotés d'armes de guerre distribués récemment ne sont pas en reste, tuent selon leur bon vouloir, y compris sous les yeux et la complicité de l'armée israélienne dans le seul souci de terroriser et de chasser pour envahir et accaparer le territoire.
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Les Etats-Unis et la communauté internationale co-responsables
En laissant depuis 1967, cet état colonial être sans aucune conséquence en dehors de toute justice internationale, violant et niant toutes les résolutions de l'ONU, les démocraties occidentales, au premier chef les Etats-Unis, ont laissé dériver son gouvernement vers l'extrême-droite dirigée par des fanatiques religieux qui valent tous les autres fanatismes religieux. En validant par un blanc-seing cette guerre sans fin ni objectif autre qu'un illusoire et lapidaire « éradiquer le Hamas » - quand cette guerre le renforce dans l'opinion palestinienne et bien au-delà - elles ont donné leur accord à cette extrême-droite fanatique et meurtrière pour engager cette guerre et ce génocide. Des démocraties qui soutiennent la pire des extrêmes-droites, celles qui avancent ses vues sous couvert d'une expansion sans fin quitte à déporter « volontairement » hors des frontières la grande masse de cette population palestinienne mais aussi ceux de Cisjordanie et de Jérusalem-Est pour réaliser ce rêve fou de Grand Israël de la mer au Jourdain débarrassé de ses habitants non-juifs sauf ceux assujettis en bantoustan cadenassé. "le ministre des finances israélien a préconisé un retour de colons à Gaza après le conflit"
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Cette responsabilité écrasante vrille tous les discours officiels de ces démocraties promptes à se donner en modèle universel et en exemple de valeurs mises en œuvre ! Au fond, en France, ce serait comme si Macron avait soutenu Zemmour dans tous ses délires de fachos. Biden soutient l'Ukraine et condamne les bombardements russes mais soutien Israël qui bombarde Gaza.
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Les tueurs d'aujourd'hui ont torpillé les accord d'Oslo
Soutenir ce gouvernement de religieux fanatiques est soutenir ceux qui ont torpillé les accords d'Oslo, Hamas et Shas, allant jusqu'à l'assassinat d'Ytzak Rabin par un colon du seul Premier Ministre qui a voulu faire face à la menace de l'Iran en recherchant la sécurité d'Israël dans un accord et un chemin difficile et incertain pour la paix avec les Palestiniens, pas dans la poursuite sans fin d'opérations militaires toujours plus violentes. Tous les va-t-en guerre des deux côtés extrémistes et fanatiques n'en veulent jamais de la paix. Pour faire bonne mesure, Netanyahou a joué et soutenu le Hamas pour combattre l'OLP, ce qui en dit long sur sa courte vue, son peu de sens politique et sa rancune personnelle qui veut faire payer. Leur fond de commerce est la guerre ou le terrorisme sans fin. Côté israélien, le fond de commerce c'est encore accuser à tout propos, tout opposant, toute voix un peu critique, d'antisémitisme, dans leurs mains arme absolue de la disqualification, servie au secrétaire de l'ONU et résolutions de l'ONU comme encore à tout juif mesuré et critique, immédiatement ostracisé, qui ne rentre pas dans les rangs de ce fanatisme. L'antisémitisme est un racisme qui ne souffre pas d'un maniement léger pour bâillonner toute critique. C'est mettre ce combat essentiel – comme tous les racismes - dans un étau entre vrais antisémites à combattre et faux-nez de bonimenteurs. Combien d'antisémites de colère, de dégoût, de désespoir aura fabriqué ce génocide ?
Peut-on espérer que la société israélienne dans son ensemble et pas seulement une petite minorité imposera un cessez-le-feu durable avant l'irréversible chaos qui arrive suite à ce désastre sanitaire et humain qui est là ?
Toujours plus de guerre et d'expansion coloniale pour la sécurité est la seule vision de ce Premier Ministre ; une impasse qui sème le désordre et alimente pour des générations la haine et le désir de vengeance en miroir et sans fin par tous les moyens. Et ils prétendent combattre le terrorisme en semant ses graines ! Et ils prétendent combattre l'antisémitisme en semant ses graines ! Et ils prétendent défendre la démocratie quand ils soutiennent ces extrémistes vengeurs et sans limite ?
Lire dans Le Monde : "Guerre Israël-Hamas : l’Afrique du Sud saisit la justice internationale pour « génocide »"
S'engager sur le chemin du droit et de la paix pour assurer la sécurité de tous
Pour échapper à la Justice et sa mise en accusation, ce Premier Ministre poursuit sa guerre. Il a embarqué son pays et son peuple dans un processus qui le met en danger pour longtemps : en semant la haine, ils récolteront la haine et ses exactions y compris terroristes, traumatisme contre traumatisme, pourvoyeur de vengeance meutrière. La seule issue pour la sécurité c'est s'engager sur le chemin du droit et de la paix en faisant droit au peuple palestinien par une initiative forte après ce Nétanyahou qui ne jure, ne pense, ne veut, ne connaît que la guerre pour survivre politiquement. Hors de ce chemin étroit, long et sinueux, il ne peut y avoir que vengeances et massacres en boucle arc-boutés sur les traumatismes inapaisables dans une impasse sans fin qui peut embraser à tout moment la région et le monde dans un chaos imprévisible.
Les démocraties, au premier chef les Etats-Unis, auraient vraiment intérêt à revoir sérieusement leur soutien - à quelques nuances près d'appel à « protéger les civils » illusoire - à Israël et à son gouvernement actuel pour soutenir les forces de paix israéliennes et palestiniennes et ses personnalités marquantes ostracisées ou emprisonnées. Quelles soient palestiniennes ou israéliennes, juives ou arabes, ces vies ne sont pas de la chair à canon mais tout aussi également précieuses. Toute vie, ici, ailleurs et au-delà, vaut tout autant que n'importe quelle autre. Il n'y a a pas d'étranger même si l'autre, forcément et heureusement différent, peut nous apparaître étrange comme nous pouvons l'être pour lui ou elle. Il en va de la sécurité de nos pays mais tout autant d'une parole qui s'est décrédibilisée depuis si longtemps avec ce double standard du « pour tous mais pas pour Israël », laissant le champ libre au discours anti-démocratique qui veut submerger l'Europe, la France, le monde comme déjà dans ces Etats autoritaires, menaçant démocratie et populations qui oublieraient l'Histoire tragique du XXème siècle.
2024 Une bonne année à souhaiter ?
Hors le champ des relations proches, pour souhaiter la bonne année commune si ce n'est pas seulement rituel, faut une sacrée dose d'optimisme ou d'inconscience ou encore de volonté de résister quoiqu'il en coûte ou presque ! Sans creuser le désespoir mais mobiliser la résistance, 2024 est l'année de tous les dangers face à cette avancée de l'idéologie noire et brune avec les élections européennes, l'élection présidentielle aux USA et dans cinquante pays du monde* dont maints européens, la guerre de la Russie à l'Ukraine, la guerre d'Israël aux Palestiniens de Gaza et notre France qui sent le rance des vieilles lunes idéologiques du siècle dernier prêtes à tout avec sa manifestation de sinistre mémoire voilà cent ans tout juste, face aux combats pour le partage de l'eau, pour la bio-diversité et le dérèglement climatique qui menace le vivant et nos démocraties plus que fragiles, minées de l'intérieur, attaquées de toutes parts avec cette folie des gauches politiques désunies qui regardent passer le train de l'Histoire nous laissant seul à construire un avenir possible. Tristes gauches qui s'enivrent de querelles subalternes quand le national-socialisme du XXème a débarqué au XXIème siècle sous les soleils trompeurs du national-populisme.
Lire dans le Club-Médiapart : "Elle est où, la gauche, elle est où ?"
* "En 2024 des scrutins vont avoir lieu aux États-Unis, en Inde, en Indonésie, dans des États autocratiques comme le Bélarus, l'Iran et la Russie, et chez des alliés stratégiques comme Taïwan et le Royaume-Uni. Ces élections auront des répercussions profondes sur le continent.
Les changements de gouvernement potentiels pourraient faire basculer de manière décisive l'équilibre géopolitique, en affectant le soutien occidental à l'Ukraine, le conflit au Proche-Orient, les relations commerciales et l'économie mondiale" (euronews)
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Quelques personnes m'ont demandé pourquoi ce long silence sans billet depuis le 9 octobre. Qu'elles en soient vivement remerciées, pas bien nombreuses avec la fraternité qui n'est souvent que slogan. Très simple : intervention chirurgicale complexe quatre jours après ce dernier billet, avec rebondissements en forme de complications multiples au CHU puis en soins quotidiens auquel, à son achèvement, devra suivre un long processus de reconstruction sans risques avant de recouvrer, peut-être, des moyens aujourd'hui absents pour reprendre quelques billets d'abord et avec plus de prudence et de parcimonie, chroniques ensuite. Combat et résistance toujours plus que nécessaires, vital !