Pour ce 1er février à Clermont-Ferrand devant les grilles du tribunal correctionnel, près de 400 militant·es sont venu·es de Gironde, de Haute-Marne, de Lyon, de Paris, de l'Aube, des deux-Sèvres etc ... et d'Auvergne (y compris avec des secrétaires nationaux d'organisations syndicales) pour dire NON à la criminalisation du mouvement syndical et social et la relaxe pour les sanctionnés formant recours.
Pour la première fois, une sanction judiciaire est tombée contre six des militant·es engagé·es au lycée Blaise Pascal le 18 janvier 2020 à l'occasion d'une action pour la première nationale de la première session des épreuves du bac Blanquer dite E3C : une amende et l'inscription au casier judiciaire, mesure plus que pénalisante pour le parcours professionnel futur de ces deux jeunes étudiants, responsables UNEF, Paco et Ana. L’action a été criminalisée suite à une plainte initiée par l’éducation nationale.

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Deux d'entre les six – Didier Pagès, secrétaire départemental de Sud-Education et Frédéric Campguilhem secrétaire académique CGT éduc'action – ont formé recours contre cette sanction et convoqués au tribunal ce 1 février.
Ils ont été sanctionnés, et en risquent la confirmation, au nom d'une loi de 2010 qui, comme l'a dit Maître Borie, leur défenseur, « a été conçue sous le règne de Nicolas Sarkozy pour lutter contre les intrusions violentes des bandes dans les établissements scolaires... ». Il poursuit : « Aujourd'hui ce texte est utilisé contre des syndicalistes, il a déjà été utilisé contre des lycéens au lycée Arago à Paris pendant la grève sur la réforme des retraite, les lycéens étaient rentrés dans un lycée pour tenir une assemblée générale, ils ont été nassés, récupérés les uns après les autres, et tous ont fait l'objet de poursuites soit devant le juge des enfants, soit par le biais d'un rappel à la loi. » Finalement il dénonce «la course effrénée de criminalisation du mouvement social ».
Que chacun·e ne s'y trompe pas : par la judiciarisation, c'est une attaque frontale et supplémentaire pour juguler l'action syndicale dans cette Education Nationale qui résiste.

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Didier Pagès ouvre les déclarations avant son entrée au tribunal. Elles manifestent une émotion et une détermination inflexible face à ce changement de paradigme répressif. Les enregistrements sont là pour en saisir l'intensité (touche F5 si chargement incomplet autant de fois que nécessaire pour chaque enregistrement à écouter) :
« Nous étions tous à Blaise Pascal pour signifier au Ministre Blanquer que sa politique est une politique de casse de l'école publique et de l'école Laïque et ça pour ça nous nous retrouvons devant un tribunal. Nous allons essayer aujourd'hui de convaincre la justice que nous ne sommes pas des délinquants. Nous sommes, comme vous toutes, comme vous tous, nous sommes des militants attachés au progrès social, attachés à la valeur émancipatrice de l'école publique. C'est à dire l'inverse du Ministre Blanquer. Il doit partir. »
Frédéric Campguilhem prend à son tour la parole vibrant d'intensité et de passion

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« Bravo à tous. Je suis Frédéric Campguilhem. Je fais partie des six personnes qui ont reçu une condamnation pour intrusion non autorisée dans un établissement scolaire dans le but de perturber son fonctionnement ou son activité. Didier l'a rappelé. C'était le 18 janvier 2020 à Blaise Pascal. C'était il y a maintenant 2 ans, donc on a choisi Didier et moi de former opposition à cette décision, ce qui explique que l'on est là, cités à comparaître devant ce tribunal correctionnel. Nous avons fait ce choix car selon nous, cette condamnation vise notre action. Elle vise notre capacité à nous faire entendre, à nous mobiliser, à nous syndiquer et à agir,. Elle vise les fondamental de notre action militante. Vous êtes là nombreux et ça fait plaisir, Didier l'a dit et il a raison. C'est une intersyndicale large aujourd'hui la CGT, SUD, la FSU, FO, le SNALC, l'UNEF et tous ces collectifs qui étaient opposés et contre la réforme. Vous êtes tous là aujourd'hui, bravo à vous.
Là je vois qu'il y a beaucoup de monde du niveau syndical et associatif clermontois. On le sait, à chaque fois que les droits fondamentaux sont attaqués, on répond présent. On est là. On est mobilisés. Le rassemblement a le soutien de vingt organisations départementales et nationales.
Il y a un soutien de l'intersyndicale nationale, aujourd'hui même la FSU est là – je remercie les camarades, ils sont là. En congrès, ils ont rédigé une motion de soutien d'une page pour nous soutenir, pour dire que ce qui se passe à Clermont n'est pas acceptable, qu' on ne peut pas réprimer le mouvement syndical comme de simples délinquants.

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Aussi, il ne faut pas les oublier, Il y a des camarades ici qui sont venus de toute la France, des camarades de l'Aube, des camarades de la Haute-Marne, des camarades de la Gironde, des camarades de la région parisienne. Ils sont tous venus là parce que ce qui se joue aujourd'hui c'est fondamental, c'est notre capacité, à l'éducation nationale, à pouvoir lutter, à pouvoir s'opposer aux réformes de ce sinistre Jean Michel Blanquer et nous aussi nous appelons à sa démission. Ce ministre ne doit plus rester ça suffit ! Blanquer démission.......
Oui Il faut que Jean Michel Blanquer démissionne et il faut que toutes ses réformes funestes disparaissent. Ce qu'il a construit Jean-Michel Blanquer, je vous le dis c'est ce que Pierre Bourdieu – il faut le citer, mémoire à lui - a appelé la « révolution conservatrice ». C'est ça qu'il nous font. Ils ont fait passer toutes ces réformes pour des progrès alors que ces réformes nous enterrent.
Elles nous ont enterré une à une : la réforme du lycée, elle était là pour simplifier, elle était là pour que l'orientation soit simplifiée, c'est pas du tout le cas, aujourd'hui, elle fait exactement l'effet inverse. Elle construit le lycée à deux vitesses. S'il y a des lycéens ici, s'il y a des parents, ils le savent : la catastrophe de cette réforme qui a formé un tri social, à la fois de genre et à la fois sur tous les « pans » de l'éducation nationale. La réforme, elle est remise avec « Parcours sup » c'est panpan là aussi. La réforme de la transformation de la Fonction Publique, qui aujourd'hui font que les organisations syndicales ne peuvent plus participer aux mouvements de façon claire et transparente. Tout le fondement du service public est remis en cause par ces différentes réformes alors nous on va continuer, on va lutter et on a lutté dès le départ.

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Dès le départ, ce qui a été mis en place par le gouvernement Macron c'est une répression féroce. C'est une répression féroce contre les lycéens qui étaient mobilisés en 2018. Aujourd'hui quand les lycéens sont dans la rue, quand les lycéens sont devant leurs lycées, la Police intervient sys-té-ma-ti-que-ment et gazage systématique des lycéens qui sortent. Ça été ça en 2018. Petit à petit, c'est nous les personnels qui avons été ciblés. On a été ciblés par la répression féroce. Des camarades de Melle qui sont là ciblés par des répression administratives, des camarades de Dôle, camarades de Rennes, camarades de Nice, camarades de Cahors, voilà ce qu'a fait le ministère.
Et là aujourd'hui à Clermont-Ferrand, un nouveau palier est franchi ! Un nouveau palier où là ce n'est plus seulement des poursuites disciplinaires mais on passe par le judiciaire. On a une condamnation pénale – Jean-Louis, notre avocat, pourra en dire deux mots – c'est sur une loi de 2010 qui était faite pour des délinquants, qui était faite parce qu'il y avaient eu des saccages dans les établissements en aucun cas ce que nous avons fait ce jour là à Blaise Pascal.
L'action qui a eu lieu s'est passée de manière pacifique, il n'y a eu aucune bousculade, il n'y a eu aucune dégradation, et ceux qui ont été ciblés, ce ne sont pas des délinquants , c'est Fabien Claveau SNES-FSU, Patrick Lebrun secrétaire académique du SNES-FSU, Didier Pagès, secrétaire départemental de Sud-Education, c'est Anna et Paco, présidente et trésorier de l'UNEF. C'est moi même, Frédéric Campguilhem secrétaire académique CGT éduc'action. Voilà c'est ce qui a été ciblé ce jour là, c'est réellement notre action militante, notre capacité à se mobiliser et à s'exprimer ! »

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L'UNEF et la FSU, deux des syndicats avec des militants sanctionnés prennent la parole pour préciser leur mobilisation et leurs motivations, pour exprimer leur solidarité sans faille. Paco pour l'UNEF :

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D'autres intervenants, secrétaires nationaux et responsables d'organisations (RESF63 et 43 avec Eric et Véronique …) interviennent à leur tour durant l'attente avant la sortie du tribunal. Aladin, un des quatre sanctionné·es de Melle (79) est venu devant ce tribunal :
Lire sur le blog Médiapart du Comité de soutien aux "3 de Melle"
et aussi « En direct avec les 4 de Melle » du 23/11/2021

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« Lutter ici pour pouvoir continuer à lutter »
Décision du tribunal mise en délibérée au 10 mars 2022 à 14h
Pour voir les déclarations à la sortie du tribunal
notamment écouter Jean-Louis Borie, avocat et Didier Pagès ...