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Billet de blog 5 octobre 2023

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LieU'topie, café-bar multi-activités, 22 rue Kessler, Clermont-Ferrand

Des espaces associatifs à Clermont-Ferrand où le lien social, la mixité et la diversité des publics, l'éducation populaire et le bénévolat construisent un monde plus humain, plus juste : Aujourd'hui, rue Kessler, LieU'topie. Des lieux et une myriade d'activités dans ce café associatif aux mille facettes.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Après Flax, café-textile, nous poursuivons cette série des cafés associatifs avec LieU'Topie (lire "lieutopie"), qui propose aux étudiant·es et bien d'autres des lieux, des activités, animations, repas et une foule d'autres rencontres artistiques, littéraires, intellectuelles, cercles de parole, médiation et accompagnement etc qui en font une pièce majeure dans le paysage du quartier (dit latin) mais encore dans la ville grâce à dix années d'existence. En dépit du renouvellement des étudiant·es qui y ont travaillé comme bénévoles, LieU a su convaincre de sa gestion, de son dynamisme et de son renouvellement réactif en assurant une réelle continuité de l'action associative qui lui donne une vraie crédibilité.

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La devanture côté Kessler de LieU'topie ravalée la veille ! © Georges-André Photos

Nous avons été reçu à LieU'topie, lieu, association et "raison sociale", le 30 septembre, samedi de fermeture, par Rita et Mathieu, tous deux bénévoles et co-président·es.

Rita est étudiante en L2 (deuxième année de licence) en Etudes européennes et internationales (double diplôme franco-allemand). Arrivée à LieU'topie et à l'UCA (Université Clermont-Auvergne) en septembre 22 venant de Marseille. Elle s'intéresse en particulier aux questions écologie/environnement /alimentation. Elle aide à gérer le jardin partagé voisin de Rabanesse. Elle a commencé à militer en seconde au lycée. Arrivée sur Clermont, elle a cherché sur internet les tiers-lieux associatifs et est arrivée directement sur le site de Lieu'topie en constante évolution même s'il n'est pas à jour quand les réseaux sociaux sont privilégiés pour l'actualisation.

Mathieu est étudiant en Master 2 de Chimie des matériaux. Depuis six ans à LieU'Topie. Il instruit de nombreux dossiers de subventions, base essentielle du financement des activités. Il s'occupe aussi des stands de présentation et des démarches administratives pour les personnes qui en ont besoin. En service civique 2017/2018, break au sortir d'une prépa, il a participé à une réunion dans ce lieu où il a eu l'occasion de rencontrer l'équipe du lieu. « J'ai trouvé des gens de mon âge cool et un projet sympa. J'ai commencé à faire des permanences


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Lieu'topie : entrée possible rue Vernemouze © Georges-André Photos

Si vous débarquez à LieU'topie sans rien en connaître ou presque, vous serez sensible à la propreté du lieu réaménagé et refait en 2022, à l'espace ouvert au-delà du bar mais à mille lieues de penser à la myriade d'activités dans et hors les murs que l'association gérante a organisé et organise dans un renouvellement au gré des subventions, des opportunités et des partenariats dont on devine qu'ils sont sa force principale et champions pour se donner les moyens de cette myriade évolutive. Si vous avancez plus loin dans l'espace, vous serez surpris de découvrir d'autres espaces discrets qui, plus ou moins, se cachent à la vue au-delà de la salle de cantine pour une vingtaine de convives: le coin chill, autrefois cosy, nouveau nom que la mode renouvelle souvent pour une même réalité ; enfin, la cuisine flambant neuve et spacieuse dont nous reparlerons.

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Au fond le coin chill, devant la cantine et à droite le bar. Pour la cuisine, il faut s'avancer davantage bien discrète dans son écrin. © Georges-André Photos

Pour la clarté de la lecture : Les propos de Rita et Mathieu, en italique, sont le plus souvent suivis par un ou plusieurs textes courts rédigés par l'association sous le titre "bilan-d'activité 2022-2023" (72 pages) indiqué par BI-22-23, dont elle a senti la nécessité après une évolution rapide et majeure en si peu et pourtant presque dix années.


C'est quoi et c'est qui LieU'topie ?

Mathieu : Des ancien·nes étudiant·es m'ont dit : LieU'topie c'est quelque chose qui laisse un souvenir très singulier aux gens qui y passent. Ils en gardent un souvenir d'inhabituel par rapport à ce qu'ils ont pu vivre dans le reste de leur parcours d'étude, un sentiment de solidarité, de communauté même, ce sentiment partagé qu'à un moment parfois sur des années, ils y ont trouvé un truc qui les a accroché dont ils gardent un bon souvenir. C'est l'endroit où les gens qui veulent partager une certaine forme d'utopie, au sens d'un engagement fort, essaient collectivement de se retrouver autour d'une façon de faire pour créer un espace commun à la fois connectée et déconnectée du monde autour de nous....Un espace qui accueille de façon très inclusive tous les publics, ce qui fait qu'on a tous les publics en marge de la société qui passe à LieU'topie : personnes transgenres, minorités ethniques et autres, personnes d'origine étrangère avec leur propre culture, mineurs isolés, personnes en situation de handicap. C'est un vrai travail de fond à LieU'topie, qui est approprié par toutes les personnes : être inclusif au sens large du terme.

Rita : C'est un lieu « Safe » où personne ne sera discriminé, où on peut venir sans intention, où on peut venir parler et se faire des amis.

BI 22-23 : Dans le cadre de ses actions en faveur du féminisme intersectionnel, et de sa qualification d’établissement recevant du public, LieUtopie se doit d'être un lieu d'accueil “safe” et “safeR”, et son équipe de faire face à des situations de violences sexistes et sexuelles. Avec tout un tas d’outils, privilégiant la sensibilisation avant l’action, LieU’topie souhaite être un lieu sécurisant et de reconduction vers les services compétents.

BI 22-23 LieU’topie est une association étudiante inclusive et solidaire à fort ancrage local mais aussi un tiers-lieu revêtant la forme d’un café, d’un bar, d’une cantine solidaire et d'un coin chill. Ses actions, s'inscrivant dans une démarche d'éducation populaire, invitent les étudiant·es et clermontois·es à expérimenter de nouvelles pratiques et modes de pensée dans la convivialité. L’association propose une programmation axée autour des pratiques culturelles, de la sensibilisation à l’alimentation saine, à l’agriculture bio locale et à l’écologie, via des rencontres sous forme d’ateliers, masterclass, conférences-débats, concerts et bien d’autres formes. Grâce à son collectif intersectionnel 'Nos voix viennent de Mars', (ex-Femmes de Mars), l’association lutte contre tous types de discriminations et soulève des questions autour du féminisme et de la représentation LGBTQIA+ dans les espaces publics et scéniques.


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Le coin chill ouvre ses bras pour allonger les jambes © Georges-André Photos

Le développement et l'évolution des projets et activités

Le tout début c'est en 2011 avec la création du Groupement Étudiant pour le Développement Durable qui se renomme en LieU’topie en 2013.

Mathieu : LieU'topie a été créé en tant qu'association en décembre 2013 par une bande d'étudiants en licence commerce équitable qui avait un projet tutoré sur une bibliothèque Cartonera. Un noyau associatif s'est créé évoluant rapidement sur une question plus sociale : « Que peuvent faire les étudiants pour les étudiants, par les étudiants ». Ils sont passés par une enquête recueillant 7 000 répondants étudiants. Les premiers jalons étaient pour répondre à une demande déjà proche de l'économie sociale et solidaire : un lieu pour gérer soi-même machine à laver, café, épicerie solidaire, des gratiféria (objets gratuits échangés), des interventions tournées plutôt vers le commerce équitable et la sensibilisation à l'économie sociale et solidaire. Tout ceci sans local avant le premier, au 22 rue Abbé Girard en 2015.

En 2017, LieU’topie emménage au 21 rue Kessler, embauche deux salarié.e.s Alexis et Marine avec deux services civiques. LieU'topie et le S.S.U.(service de santé universitaire) mettent en place avec « Max & Lucie » les SSUper Paniers (fruits et légumes locaux de saison dans des points de collecte).

Rita : LesSSUper Paniers n'existent plus, en premier lieu parce qu'on n'a pas les sous pour continuer à faire ces paniers même si "Max et Lucie" a fermé. On avait demandé une subvention de 30 000€ au département pour pouvoir continuer. C'était l'appel à projet « Mieux manger ». Il nous a donné 6 000€ sur 30 000 demandés. On ne peut plus les faire. De plus en plus d'étudiants vont aux Restos du Coeur.

Mathieu : Des liens ont été créé à cette époque avec le réseau d'asso étudiants Anima fac, réseau national, et l'actuel délégué général a écrit les premiers contrats d'embauche d'un salarié de Lieu'topie.

2018 : Les cofondateurs quittent la présidence et le conseil d’administration de LieU’topie. Un C.A. collégial apparaît. Joséphine, chargée de développement est embauchée. Les deux services civiques sont maintenus. Le collectif « Femmes de Mars » luttant autour des discriminations naît à la suite de la semaine de l’égalité.
Rita : Femmes de mars » n'existe plus, et s'appelle maintenant « Nos voix viennent de Mars ».  C'est plus inclusif, parce que le mot "femme" n'est pas inclusif.…C'est ce groupe qui va organiser par exemple durant le mois de mars la plupart des événements de la programmation, pour le mois de l'inclusivité. C'est un collectif en reconstruction parce qu'il n'a pas été très actif l'année dernière. On essaie de créer une nouvelle dynamique grâce à ce changement de nom.

Matthieu : Le collectif « Femmes de mars » a été fondé par une salariée de lieU'topie. « Nos voix viennent de mars », c'est une continuité. Marine, très engagée sur cette thématique, avait envie de faire émerger cette thématique à LieU'topie donc elle l'a matérialisé par le collectif « Femmes de Mars ». C'était en 2018. Elle a constitué ce collectif pour fédérer des gens autour d'elle qui lui ont permis d'organiser les premiers événements plutôt à Lieu'topie pour parler de toutes ces questions là. C'est ainsi qu'a commencé la semaine de l'égalité et de l'inclusivité...

BI 22-23 - Le Mois de l’Égalité et de l’inclusivité est un mois, mais aussi des événements en “OFF” d’évènements thématiques organisés par le Collectif féminisme et intersectionnel de LieU’topie, autour de la Journée internationale du Droit des femmes. Chaque année, c’est l’occasion d’organiser débats, discussions, ateliers, concerts, … sur les thématiques de l’inclusion et de l’égalité très largement.

Matthieu : On est déjà en train de préparer Mars 2024 alors qu'on est en octobre parce que c'est un moment-phare et un moment fort où on mobilise beaucoup de monde. Ce collectif a eu du mal à vivre parce que quand Marine est partie, il n'y a pas eu l'engagement militant au sein du collectif qu'elle avait. On a fait des misions de service civique permettant de traiter la question de l'inclusivité mais c'est pas ça qui a fait magie pour refédérer les gens. Cette inclusivité des « Voix «  après « Femmes de mars » est un peu devenue une marque des actions inclusivité de LieU'topie. La question se pose de faire fusionner ce collectif avec Lieu'topie ou pas. Là, on est satisfait de faire évoluer le nom et de créer une thématique dans lesquelles les gens de LieU'topie se reconnaissent mieux et participent.

BI 22-23 - Le Collectif, qui vient de changer de nom pour être moins genré et donc plus inclusif envers les personnes non-binaires. Ses actions, souvent en mixité choisie sans hommes cisgenres, seront maintenus car extrêmement nécessaires à la libération de la parole et à l'épanouissement.

2019 : Un second salarié, Timothée, est recruté comme responsable de la programmation culturelle L'association MAD (Maison des Artistes en Devenir) est créée au sein du pôle « germoir de projet » de LieU’topie. L'égalithèque ainsi que le tremplin musical du Cri du Bourgeon (mise en relation des formations musicales étudiantes avec la scène clermontoise et ses acteurs locaux de l'accompagnement) voient le jour, ce dernier avec Radio Campus.

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En entrée, le bar avec Rita et Mathieu qui s'affairent © Georges-André Photos

Mathieu : A mon arrivée, grosso modo, deux personnes à temps partiel devaient partir assez vite. On a voulu alors ré-impliquer les bénévoles sans recruter de salarié. Finalement, en 2018, le recrutement d'une personne salariée est apparu nécessaire au fonctionnement de Lieu'topie, un lieu qui promettait d'être un lieu d'accueil, un lieu d'accompagnement. Quand je le mettais en face d'emploi du temps de gens bénévoles, étudiants, ça marchait pas. A un moment, genre les partiels, tout le monde disparaît. Quelqu'un doit être le fil rouge, assurer la continuité. En 2019 Lieu'topie a recruté Joséphine (qui à fêté ici son pot de départ jeudi dernier) qui a été salariée seule pendant un an en tant que chargée de développement, faisait la gestion comptable et le développement de projets, les missions de base de l'asso.

En 2020, L'association "La fédération de lutte contre la précarité menstruelle" voit le jour et un premier distributeur de protections hygiéniques gratuites est mis en place sur le Campus des Cézeaux.
Rita : on a pas mal de lien avec l'Union étudiante notamment grâce à la fédération contre la précarité menstruelle. On a une convention avec ce syndicat pour la distribution de matériel hygiénique, culottes et serviettes. On doit changer de marque, je ne sais pourquoi, en choisir une autre, responsable, éthique, sans produits, avec nos valeurs. On organise des petits marchés avec l'Union étudiantes. Maintenant c'est plus une affaire de renouvellement des stocks sur installation déjà posée que réaliser des installations.

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L'espace est accessible aux voisin·e·s, riverain·e·s ou visiteur·se·s de passage. Le jardin a vocation de créer du lien entre les habitant·es des quartiersavoisinants et des étudiant·e·s et à faire se rencontrer les publics autour de la notion de partage et d’échange © Georges-André Photos

En 2021, LieU’topie devient sociétaire de la SCIC Ferme de Sarliève en périphérie urbaine de Clermont-Ferrand pour réaliser une activité de maraîchage par et pour les étudiant.e.s. Les étudiant·es viennent expérimenter le maraîchage et peuvent ensuite consommer les légumes produits. L'année suivante, l'association "Le Jardin de Rabanesse" dont LieU’topie fait partie, voit le jour. LieU'topie fait des travaux durant l'été pour créé un nouvel espace bar et égalithèque (espace documentaire sur les questions d'inclusivité). Ce début d'année, grâce au Budget Ecologique et Citoyen du Puy-de-Dôme, LieU'topie a été doté d'une nouvelle cuisine semi-professionnelle, dernière brique attendue d’un projet construit pour lutter contre la précarité alimentaire des jeunes. Tanguy est recruté pour coordonner les projets alimentaires. Sur la photo, des personnes préparent le repas pour la soirée festive de l'association Clermont Afro fest.

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La cuisine ici pour préparer Clermont afro-fest © Georges-André Photos

L'association compte désormais trois salarié·es et deux services civiques ainsi qu'un service civique partagé avec Animafac. Elle prépare la fête de ses 10 ans d'existence pour 2024 après la célébration officielle le 13 décembre.

Mathieu : La question de fond qui se pose est la balance entre mobilisation bénévole et masse salariale. Un salarié pour le bar pourrait être intéressant. Les choses évoluent : le poste de Tanguy est financé par le fond social européen, sinon on pouvait pas. Quand il sera terminé, si on n'arrive pas à pérenniser l'activité économique qui permet de financer en partie son poste, on réfléchira comment faire...On devient addict au développement. Réduire oblige à tout le temps réfléchir. On arrive et des projets sont en route. On est pris par l'action, il faut faire, faire tout le temps et on ne se pose jamais la question « Est-ce que ça marche vraiment bien, est-ce que ça marche à peu près ?... ». J'aime bien qu'on puisse prendre une pause. Sur la programmation culturelle, par exemple. Anais est arrivée avec plein d'idées en tête qui l'ont amené à se confronter avec ce qu'on faisait avant, d'où conflit. Cette situation entre programmation et nouveaux projets a généré de nouvelles idées, des nouvelles façons de faire, intéressantes.


Le financement

Rita : L'autofinancement grâce au bar, au café, adhésions et prix libres compte pour très peu dans notre budget général. Les subventions qui sont la plus grande partie viennent de l'UCA, la Mairie, le département, la Région et l'Union Européenne.

Mathieu : Le budget réalisé l'année dernier est à peu près de 180 000€ euros. Celui projeté pour 2023 serait compris entre 220 et 250 000€ mais il y a un effet de grossissement avec le projet européen qui est un apport d'argent à un moment donné. LieU'topie a connu une croissance en terme de budget assez importante depuis que je suis arrivé, au sens où on est passé d'un budget qui était peut-être de 60 000€ euros à quelque chose de plus conséquent. On est allé chercher des subventions où on n'en demandait pas, représentatif d'une démarche de diversification des subventions, ce qui a permis de consolider des projets plus importants. LieU'topie a gagné en légitimité sur Clermont et même un peu au-delà. , Maintenant, quand on va discuter d'un projet et qu'on arrive en demandant 15 000€, ils ne disent pas que c'est pour partir aux Bahamas et manger des cacahuètes, ils savent qu'il y a derrière une équipe salariée, une continuité dans le temps qui fait qu'on ne va pas, et ils le savent, disparaître du jour au lendemain. LleU'topie a fait ses preuves dans la durée avec des actions pertinentes. Une confiance s'est établie au fur et à mesure qui facilite ce travail de recherche de subventions et d'équilibrage budgétaire.

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La salle de repas © Georges-André Photos

La cantine solidaire

Rita : La cantine solidaire qui demande beaucoup de logistique est le nouveau projet débuté en mai 2022. Tanguy est la personne responsable et le salarié sur ce poste. En gros ce sont les invendus des magasins Bio de Clermont-Ferrand, avec lesquels on va pouvoir cuisiner tous les mardis et jeudis à partir de 9h30. Le but c'est que les bénévoles et toutes les personnes qui veulent venir nous aident à cuisiner au besoin apprennent à cuisiner en cuisinant. On mange ensemble. C'est une cantine à prix libre ; chacun met ce qu'il veut ou peut mettre. C'est de la cuisine végétarienne et même, on essaie de faire le plus végan possible notamment les gâteaux et les desserts. C'est vraiment accessible à tout le monde, pas qu'aux étudiants. La volonté c'est vraiment de faire découvrir une nouvelle manière de faire à manger et de s'alimenter avec des invendus considérés comme des choses justes bonnes à jeter. C'est une nouvelle manière de penser sa consommation, une nouvelle manière de manger, sans produit animal... D'où viennent les produits, Est-ce que c'est local ? Est-ce que c'est Bio ? Tout le monde ne cuisine pas pour de multiples raisons. On est là pour développer une dynamique qui permet aux gens de se dire "Pourquoi pas, je vais essayer" . En mai au début, il devait y avoir cinq personnes max qui venaient cuisiner et on étaient vingt à manger ce qui est notre capacité max d'accueil. Certain viennent cuisiner et restent manger mais la plupart viennent juste manger. D'autres cuisinent et ne mange pas. En ce moment, on est une quinzaine à manger.

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L'épicerie solidaire © Georges-André Photos

La programmation culturelle

Rita : Parfois des gens nous contactent : « j'ai un spectacle ou j'ai un atelier cool et tout ce serait cool si on pouvait le programmer à LieU'topie ». On en discute et on voit si c'est pertinent. D'autres fois, ce sont des sortes de collaboration de partenariat avec d'autres associations pour des événements. On va parfois se déplacer, parfois à la Comédie, parfois au Lieu-dit. On se déplace pour tenir simplement un stand de présentation, pour avoir un autre local comme ce qu'on a fait beaucoup l'année dernière au mois de mars parce lieU'topie était complètement en travaux à cause de la cantine, de la cuisine. On s'est déplacé au « Lieu dit » pour travailler et programmer pas mal d'ateliers et activités.

Mathieu : La programmation de base avait vocation à être l'espace d'expérimentation des étudiant·es en disant : « Vous avez une passion, un truc, vous avez cet espace à disposition pour proposer atelier de cuisine, atelier de dessin, atelier etc... A cette époque là, on faisait avec les moyens du bords, à la hauteur de ce qu'on pouvait aider à financer, rembourser en matériel etc … Les activités s'appuyaient sur des propositions d'activités qui étaient abordables dans tous les sens du terme. Fallait être spécialiste, fallait pas avoir un intervenant extérieur. Il n'y avait pas de coloration particulière en dehors du fait que le public était plutôt jeune. Depuis deux ans, Anaïs est salariée à la programmation culturelle. Elle vient du milieu des musiques actuelles et en accord avec l'association, a mis en place quelque chose sur les femmes et les minorités de genre dans la culture. Quand on regarde maintenant sur ces deux ans, il y a quasiment exclusivement que des femmes et des minorités de genres qui sont programmées, un choix parce que de son point de vue partagé, il y a une surreprésentation dans les autres espaces scéniques de Clermont, de ce qui est classique, dominant sur la scène culturelle. Du coup LieU'topie, petit à petit, propose une scène particulière avec cette coloration et une programmation culturelle très réactive par rapport aux problématiques du public qui vient à LieU'topie.

BI 22-23 - Les actions culturelles de LieU’topie seront proposées gratuitement ou à prix libre. Un tarif conseillé peut-être suggéré, mais il sera toujours accompagné d’un prix libre, afin de permettre un accès aux pratiques culturelles.
Les intervenant·es professionnel·les ainsi que les équipes artistiques et techniques femmes et des personnes de minorités de genre invisibilisées, seront majoritairement programmé·es. Ce seront aussi des personnes concerné·es par les discriminations dont iels sont victimes. (la calculette des privilèges est un excellent outils pour se situer)
Les pratiques culturelles et artistiques seront rendues légitimes et à la portée de toustes (financièrement et intellectuellement, notamment auprès des publics éloignés et/ou en situation de handicap, de migration, …).

Mathieu : La cabine karaoké inclusive est un projet par lequel on nous identifie de plus en plus sur les événements étudiants en dehors de notre local. 


Finalement, que pourrait offrir LieU'topie à un·e étudiant·e débarquant de sa région ou département ? Que lui diriez-vous ?

Mathieu : Autorise-toi à sortir de ta zone de confort, à sortir du fil conducteur qu'on a tracé pour toi dans ta vie parce que tu fait tel type d'études, tel type de choses. Autorise-toi à t'exposer à des choses un peu différentes, Autant en profiter à explorer tant qu'on est jeune à Clermont : le temps qu'on passe ici c'est un temps qui est super parce qu'on grandit sans s'en rendre compte... C'est le gain de maturité, de confiance en soi, par ce rapport très humain que créé un espace comme lieu'topie. Le lien social, c'est bien peut-être le fond du fond. Lieu'topie c'est l'endroit qui essaie de rendre le lien social le plus naturel ou le plus fluide... On crée des moments qui sont des opportunités à saisir qu'on parle de pharmacie, de chimie ou de bière ! C'est une main tendue. Lieu'topie c'est l'espace des mains tendues, des trucs à saisir.

Rita : Lieu'topie est vraiment un bon endroit pour se sentir légitime d'agir et se sentir légitime d'exister même, de pouvoir entreprendre des trucs, pouvoir s'engager dans un espace safe, où il n'y a pas de jugement, où tu peux faire les choses. Si jamais ça pose problème, on en discute et ce ne sera pas la fin du monde quoi.

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Ancrage local © Dans Bilan d'activités 22-23 - LieU'Topie

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