Billet sur le référé du 15 juillet : lire : MEDIACOOP Clermont-Ferrand (suite) : pour une annulation de la procédure de référé
Dernier article de MEDIACOOP paru ce mercredi 9 juillet après ce référé : "Mediacoop poursuivi par l’ADAPEI 63"
La solidarité n'a nulle frontière ni vacances ou elle n'est qu'à géométrie variable au-dessus d'un clocher qui va où souffle le vent.

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Dans le Puy-de-Dôme, la liberté de la presse est attaquée parce qu'elle met le doigt sur dysfonctionnements et maltraitances dans un organisme au-dessus de tout soupçon et qui entend le rester en voulant baîllonner la presse qui témoigne.. Le référé heure par heure vise à supprimer quatre articles de presse publiés qui apportent des témoignages incontestables et imposer le silence à la journaliste avec une peine de 20 000€ à payer par article supplémentaire sur cet organisme et ses établissements.
Le presse attaquée, c'est Médiacoop dont nous donnons pas mal de liens dans nos billets successifs. Médiacoop c'est le cactus de l'info sur Clermont-Ferrand et l'Auvergne pour mener des investigations et rendre compte des sans-voix.
MEDIACOOP c'est le Médiapart régional, aujourd'hui poursuivi en référé heure par heure. Sur leur site, vous pouvez trouver : « Depuis 2015, Mediacoop est le média des sans-voix. Nous donnons la parole à tous ceux qui ne l’ont pas. Aussi, nous soutenons la production d’informations et de documentaires, l’éducation aux médias et la création d’auto-médias. Depuis peu, nous avons aussi développé un large panel de compétences en production et réalisation vidéo, en graphisme et en communication, en création de site web, etc …Nous voulons mettre ces nouvelles compétences au profit de structures, d’associations qui manquent de moyens mais qui méritent de gagner en visibilité. »
Avec deux journalistes Eloïse Lebourg et Antoine Legrand parfois aidés par un·e stagiaire-journaliste, ce media abat un travail considérable pour un journal numérique en ligne gratuit qui ne vit que par les dons de ses lecteurs. Votre soutien peut être un don exceptionnel ou régulier pour cette attaque sans précédent contre la liberté de la presse.
ADAPEI63 vs MEDIACOOP
Le plaignant qui accuse c'est l'ADAPEI63 , l'Association départementale de parents et d'amis des personnes handicapées mentales du Puy-de-Dôme.
L'adapei63 est une association loi 1901, créée en 1959 « autour de deux missions fondamentales :
- Fonction associative : représenter et défendre les droits des personnes accompagnées et de leurs proches ;
- Fonction gestionnaire : participer au développement de l’offre de services médico-sociaux, pour que toutes les personnes en situation de handicap disposent d’une solution d’accompagnement personnalisée, à toutes les étapes de leur vie.
Elle explique sur son site : « 2 000 personnes en situation de handicap mental au sein de ses 75 établissements et services, répartis sur 6 territoires dans tout le département du Puy-de-Dôme. »
La journaliste a, semble-t-il, mis le doigt où çà dysfonctionne et où çà maltraite. Comme on aimerait que rien ne sorte des dysfonctionnements relatés et publiés, la procédure-baîllon est là pour imposer le silence à Médiacoop avec amende massive à la clé. Ce qui serait en question est une « maltraitance systémique » : l'Adapei63 maltraiterait en accusant de maltraitance et licenciant des personnels. Le sous-effectif chronique, le recours à du personnel intérimaire non formé peut être une cause majeure à ne pas passer sous silence mais à traiter.
Interview Héloïse Lebourg, Mediacoop :
Il faut pourtant y voir clair dans ce jeu de miroir où les enfants et les personnels ne peuvent être que les premières victimes.
Pour y voir clair, il faut lire ces neuf articles de Mediacoop (liens ci-dessous) qui a fait un vrai travail journalistique d'investigation et d'enquête. Il ne m'appartient pas de rajouter ou retrancher mais de dire ce qui se passe, qui est gravissime dans un cas comme dans l'autre.
L'ADAPEI63 a donc lancé un référé heure par heure pour dépublier fissa quatre articles et interdire tout autre article sauf à payer 20 000€ par article supplémentaire. C'est clairement tenter de bâillonner. Cette action judiciaire manifeste un affolement et une fuite en avant dans une impasse. D'autres voies étaient possibles...
Pas un média local n'a bronché explique Eloïse, pas un n'a manifesté de solidarité avec Mediacoop comme si la liberté d'information n'était pas en cause. Par contre une mobilisation syndicale et associative s'est rapidement formée dans l'urgence. La vidéo parle d'elle-même.
Interview Me Cédric Taborda :
L'audience de référé est donc convoqué ce mardi prochain 8 juillet à 10h30.
Avant l'audience de référé :
Nous parvenons à entrer dans la salle d'audience où une multitude de référés se tiennent avec des dizaines d'avocat·es. L'affaire Médiacoop est prévu en dernier. La juge est alors très claire : cette affaire relève de la loi sur la presse de 1881 qui prévoit un délai d'ordre public de dix jours. En clair, entre l'avis de référé et l'audience, le délai est de dix jours pour présenter la défense. Ici, prévenu le 2 c'est cinq jours de délais accordés et non pas dix. La juge a expliqué qu'elle ne pouvait se saisir de cette affaire hors du délai prescrit par la loi. L'audience est donc reportée au mardi 15 juillet, pas évidente pour mobiliser en cette période.
Sortie d'audience :
Nous continuerons à préciser les suites sur ce même billet (revenez y donc) au fur et à mesure. Prochaine étape l'audience du 15 juillet enfin jugé en référé soit sur l'urgence.
Si vous voulez soutenir Médiacoop (qui en bien besoin dans cette procédure-baillon) dans sa lutte pour la liberté de la presse, vous pouvez aller sur son site, lire les articles qui témoignent et enfin faire un don, aussi modeste soit-il, qui sera bien plus efficace qu'un message.
Les articles de Médiacoop qui témoignent de maltraitances
Sur le fond, il suffit de lire les articles de Médiacoop pour se rendre compte du lièvre soulevé qui jette une lumière crue sur un management pour le moins discutable.
Article du 7 mai 2025 « J’irai voir les médias locaux pour raconter vos maltraitances. »
où alors « A Vertaizon, les salarié.e.s de l'IME La Roussille se sont mis en grève. Ils dénoncent une situation délétère avec la direction après des cas de maltraitance supposés. » où « En 2017, une nouvelle direction décide de développer l’IME... ».
Article du 9 mai 2025 « On ne peut être bientraitant dans un contexte maltraitant »
où après l'article deux jours avant, « contactés par de nombreuses sources dont des parents qui ont décidé de raconter leur vécu avec l'IME de Vertaizon. La lanceuse d'alerte a aussi tenu à nous joindre.... Les mamans ont la voix qui tremblent en racontant les années qu’elles viennent de vivre. La lanceuse d’alerte ne dort plus les nuits. Les salariés sont majoritairement en arrêt maladie. C’est le Chaos à l’IME de Vertaizon... »
Last but not least : « Il est compliqué de faire comprendre que nous dénonçons les actes de maltraitance de nos enfants tout en condamnant les conditions dans lesquels on fait travailler les éducateurs. Des conditions qui amènent à des maltraitances de toute part. »
Article du 19 mai 2025 « J’ai été licenciée pour avoir voulu protéger un enfant. »
où « une des salariés licenciées de l'IME de Vertaizon nous a raconté son histoire. » Terrifiant ! signe de dysfonctionnements graves.
Article du 20 mai 2025 « Un collectif de parents se monte à l’IME de Vertaizon »
où « Des parents dont les enfants sont placés à l'IME de Vertaizon, ont décidé de se réunir en collectif afin de réclamer plus de clarté auprès de l'ADAPEI 63. »
« Certains des meilleurs éléments salariés ont été mis à pieds ou mutés. « Et c’est bizarre ces professionnels qui s’accusent les uns les autres. Comment en arrive-t-on à une telle dégradation de liens sociaux ? » S’insurge une maman. « Beaucoup des bons éléments finissent par partir. » Entame une maman. « On ne peut pas rester dans un cadre maltraitant quand on est bienveillant. Les personnes consciencieuses se démotivent. La direction qui a dénigré les professionnels, ça ne peut pas faire avancer les choses. »
Article du 22 mai « Ce résident a terrorisé tout le monde sans que la direction ne protège personne. »
où « Alors que nous travaillons sur l'IME de Vertaizon, nous découvrons que des cas de maltraitances sont recensés dans d'autres structures et couvert par la direction de l'ADAPEI 63. Voici une nouvelle histoire qui montre la mise en danger des résidents et des professionnels. »
Article du 6 juin 2025 « J’ai été mise à pieds sans raison »
où « Nous poursuivons notre enquête sur les maltraitances au sein de l'ADAPEI 63. Aujourd'hui, nous vous proposons le témoignage de Laura, qui a été salariée au sein de l'IME La Roussille à Vertaizon. »
Article du 10 juin 2025 « Ils ont tué mon fils »
Article du 17 juin 2025 « A l’ADAPEI 63, on applique la politique de la terreur »
où « Aujourd’hui, nous vous proposons le témoignage d’un ancien directeur, licencié lui aussi. Il raconte comment la maltraitance institutionnelle s’est installée avec l’arrivée de la nouvelle direction. »
Article du 25 juin 2025 « Pour la première année, je ne prendrai pas mon adhésion à l’ADAPEI 63 »
où «Le fils de Marie est placé à l'ADAPEI 63 depuis plus de 30 ans. Mais, ces dernières années, elle a vu les conditions d'accueil, de service mais aussi le lien avec les professionnels se dégrader. Elle a décidé de prendre la parole »
On comprend bien à la lecture de ces articles que l'ADAPEI63, plutôt que faire face à des dysfonctionnemenst évidents a choisi la voix de l'étouffement ce qui ne règlera rien des dysfonctionnements et des dégâts constatés, documentés et témoignés. L'impasse plutôt que le courage mais surtout ne pas laisser filer pour la prochaine rentrée...
Désormais l'ADAPEI a le choix et plus encore si elle est déboutée en référé le 15 juillet, pour sortir de ce qui apparaît comme une fuite en avant : se poser les bonnes question sur ses dysfonctionnements managériaux, amorcer des solutions et un plan à présenter (qui exclu un traitement judiciaire) au plus vite. L'ARS ne pourrait-elle pas aider à ce chantier ? S'enfermer dans une procédure judiciaire ne règlera rien des problèmes mis à jour, maintenant connus et détruirait une image de marque aujourd'hui seulement écornée. Les familles pourraient avoir d'autres choix...