Georges-André (avatar)

Georges-André

Psychologue en retraite - Photographe et Journaliste-citoyen - Militant comme je peux encore...

Abonné·e de Mediapart

349 Billets

6 Éditions

Billet de blog 10 août 2025

Georges-André (avatar)

Georges-André

Psychologue en retraite - Photographe et Journaliste-citoyen - Militant comme je peux encore...

Abonné·e de Mediapart

ANTICOR contre la corruption et pour l'éthique en politique à Clermont-Ferrand

Depuis le 5 juin et jusqu'au 1 octobre, l'association ANTICOR (pour anticorruption) sillonne la France avec sa camionnette pour rencontrer dans de multiples villes et villages une population éloignée du centre parisien. Elle était sur le marché de Montferrand ce 8 août pour faire le point sur cette association qui mène un combat si nécessaire.

Georges-André (avatar)

Georges-André

Psychologue en retraite - Photographe et Journaliste-citoyen - Militant comme je peux encore...

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Le Tub nouveau looké Anticor © Georges-André

Depuis le 5 juin et jusqu'au 1 octobre, l'association ANTICOR (pour anticorruption) sillonne la France avec une camionnette type Tub pour rencontrer dans de multiples villes et villages une population éloignée du centre parisien.

Nous les avons rencontrés en début du marché de Montferrand ce vendredi 8 août place Poly après le placement peu aisé dans un marché qui, l'été, s'étend sur les places et dans les rues.

L'équipe est formée de trois personnes. Elle se renouvelle au cours de l'été. Sur Clermont-Ferrand elle est composé d'Eric Alt, magistrat et administrateur de l'association avec Danièle et Jean-Marie, tous deux référents Gard. Jean-Marie pilote le véhicule, Danièle a l'habitude par son militantisme passée féministe d'interpeler les passants et Eric anime l'équipe et différentes débats.

Illustration 2
Installé en début de marché à la fraîche reposante © Georges-André

Un Tour de France anti-corruption

Lire sur MDP : La France dégringole dans le classement de la lutte anticorruption

Eric Alt précise les objectifs de ce tour de France anti-corruption : « Le tour de France est destiné à faire connaître l'association sur le terrain et en même temps qu'on fait connaître l'association sur le terrain, on renforce l'action de nos militants, la motivation, l'implication de nos référents locaux et de nos adhérents. On permet à l'association d'être effectivement présente dans la plupart des départements français.

C'est le premier tour de France. En réalité c'est une conséquence paradoxale du moment où nous n'avions pas l'agrément, nous ne l'avions pas donc on ne pouvait pas consacrer nos moyens à l'action judiciaire. En solidarité, un certain nombre de citoyens ont fait des dons, choisis d'adhérer à l'association, nous sommes aujourd'hui 10 000. Ce surcroît de fonds que nous avons récolté grâce à l'indignation des citoyens, on l’affecte à ce combat culturel au quotidien qui est le Tour de France Anticor. »

Lire sur MDP : « Corruption : une affaire par jour, mais tout le monde s’en fout »

Vous pouvez vérifier si Anticor vient dans votre ville ou villages en consultant la programmation du tour en août et septembre en déroulant la page

Sur le site de l'association Anticor, on peut lire :

« 1 CAMIONNETTE – 4 MOIS – 45 DEPARTEMENTS

L’association Anticor lance un ambitieux Tour de France citoyen pour sensibiliser aux enjeux de la lutte contre la corruption.

De juin à octobre, une équipe sillonnera la France à bord d’une camionnette floquée aux couleurs de l’association, pour organiser des activités avec le public.

C’est un projet inédit, de terrain, pensé pour aller directement à la rencontre des habitants dans les villages, les petites villes en métropole et dans les collectivités d’outre-mer, pour rappeler que la corruption est l’affaire de tous.

Pourquoi ce tour ?

Informer sur les enjeux liés à la lutte contre la corruption ;
Renforcer l’engagement citoyen en partageant des moyens d’action concrets
Mobiliser de nouveaux adhérents et sympathisants. ».

Illustration 3
L'une après l'autre des personnes s'approchent... © Georges-André

L'agrément

Lire : Arthnur Porto 07-08-25  La « faute » de l’État reconnue dans l’affaire d’Anticor 

On se souvient que l'Association Anticor a dû férailler par tribunaux interposés avec l'ex-Premier Ministre Gabriel Attal qui refusait l'agrément de cette association (qui l'avait toujours eu) pour pourvoir ester en justice. Finalement, dans les tous derniers jours de sa fonction, devant le tollé et les décisions de justice, Attal avait fini par délivrer cet agrément qui est aujourd'hui pleinement restitué.

Eric Alt précise : « La question de l'agrément est à présent résolue, c'était le dernier acte de Gabriel Attal avant de quitter Matignon, il a restitué l'agrément donc le 5 septembre 2024, l'agrément nous a été restitué. Ensuite, de toute façon, Gabriel Attal, ne pouvait pas faire différemment, puisque l'Etat était condamné à 1000 euros d'amende, d’astreinte s'il ne délivrait pas l'agrément. Ensuite un certain nombre d'autres actions ont continué à prospérer devant le tribunal administratif, puisque le tribunal administratif, au fond, a dit que le refus d'agrément était illégal, et là, la semaine dernière, le tribunal administratif a dit, a jugé que nous avons subi un préjudice du fait de la rédaction de l'agrément qui était manifestement erroné, parce que cet agrément qui était manifestement erroné avait été annulé auparavant.

Le contentieux de l'agrément est aujourd'hui terminé, il nous a été restitué pour trois ans le 5 septembre 2024. Il reste la question paradoxale : Les choses étant prévues ainsi, est-ce bien au gouvernement de délivrer l'agrément aux associations anti-corruption puisque nous luttons contre la corruption politique ? »

Illustration 4
Sur la place chauffée au soleil.... © Georges-André

Lire sur MDP :

5-09-24 « Lutte contre la corruption : Anticor a récupéré son agrément lui permettant d’agir en justice »

3-09-24 « Le refus d’Attal de réexaminer l’agrément d’Anticor devant le juge administratif »

26-07-24 « Lutte contre la corruption : le pouvoir prive à nouveau Anticor de son agrément »

Que permet l'agrément ?

« L'agrément permet à une association de se constituer partie civile, autrement dit, lorsque le parquet est saisi d'un signalement, il se saisit de faits qui sont susceptibles de caractériser une infraction de corruption, de prise illégale d'intérêt ou de favoritisme. Le parquet a l'opportunité des poursuites. Quand le parquet ne poursuit pas, nous pouvons grâce à la constitution de partie civile, obtenir la saisine d'un juge d'instruction et pouvons aussi porter une parole citoyenne à l'audience quand le parquet n'agit pas... Pour un exemple de ce qui a été fait récemment, nous avons décidé de nous constituer partie civile dans l'affaire Sarkozy – Libye avec les deux autres associations agréées de lutte contre la corruption et je pense que sur une affaire de cette importance, alors que la défense était évidemment pléthorique, il était particulièrement judicieux, de porter une parole citoyenne, de dire que non seulement ce sont les règles de droit qui ont été violées avec des faits sont caractérisés, ce sont les règles de la démocratie qui ont été violées. »

Illustration 5
Le soleil apparu baigne la place © Georges-André

D'autres affaires portées devant la Justice

« Dans l'affaire des sondages de l'Elysée, Anticor d'abord a obtenu les informations relatives aux dépenses et à l'ivresse sondagière de Nicolas Sarkozy, c'était pas évident d'obtenir cette information. Ensuite Anticor a porter plainte. On nous a répondu que les conseillers de l’Élysée jouissaient de l'immunité. Nous sommes allés devant la Cour de Cassation qui a jugé le contraire. Récemment nous venons d'obtenir la condamnation des conseillers de l'Elysée qui ont contribué à cette ivresse sondagière et donc à une dépense totalement futile et inutile pour commander des sondages qui n'avaient rien à voir avec le fonctionnement de l'Etat. Nous avons donc obtenu la condamnation de ces conseillers. Subsidiairement Nicolas Sarkozy a témoigné à l'audience et il a répondu qu'il était couvert par l'immunité présidentielle et qu'il n'en dirait pas plus. »

Sur le marché place Poly, haut en couleurs et saveurs dans ce grand quartier populaire, Danièle peut enfin parler à différentes personnes dont certaines ont déjà entendu parler d'Anticor. Elle distribue un feuillet explicatif sur l'association. Les personnes qui s'expriment partage cette idée de la corruption dans notre pays y compris plus localement.

« La (très )grande évasion au cinéma « Les Ambiances »

Illustration 6
Eric Alt anime le débat fourni de questions © Georges-André

L'autre rendez-vous de la journée est à 20h pour une séance de ciné-débat avec la projection d'un film-documentaire « La (très) grande évasion » et si on ajoute « fiscale » on comprend bien de quoi il s'agit : un réquisitoire implacable démontant les mécanismes de cette évasion fiscale qui permet aux plus riches et à de multiples grandes entreprises de soustraire légalement (c'est bien le premier problème que ce soit légal) du fric au fisc, histoire de maximiser les profits en laissant aux citoyens le soin de régler l'impôt. De quoi largement payer la dette (vieux refrain de la droite et d'une partie de la gauche) sans culpabiliser et faire payer les citoyens français.

Le film est comme une révélation coup de poing sur ce détournement de richesse pour échapper à l'impôt : Panamapapers, Luxleaks et autres scandales portés à la connaissance du grand public sont explicités dans le film. Au final, c'est un sport de riches bien orchestré par les avocats fiscalistes du monde et d'abord dans certains points du globe dont pour beaucoup par les USA sans que l'UE n'en soit exempte. Les paradis fiscaux naissent de la concurrence et profitent aux ultrariches comme aux sociétés géantes, numériques ou pas pour détourner des milliards (entre 80 et 100 dit le film) du fisc. Et on demandera aux citoyens de compenser pour payer la dette tout en détruisant l'environnement et les services publics ! Qui est la racaille ?

La corruption est aussi dans notre pays à bien des niveaux. Voulons-nous lutter contre cette gangrène ou se résigner et laisser faire ?

Lire sur MDP : « Crèches People & Baby : face à « l’inertie » du pouvoir, Anticor dépose plainte pour escroquerie »

Animé par Eric Alt, le débat a été fourni de bien de questions sur l'association et sur cette évasion fiscale planétaire. La non-résignation est bien apparu comme une nécessité pour ne pas laisser le champ libre à la déferlante réactionnaire et enfoncer le clou d'alternatives solides. La protection des lanceurs d'alerte, satisfaisante sur le papier, n'est pas significative sur le terrain. Ceux-ci ont tout intérêt à passer par des associations, dont Anticor, qui peuvent les relayer pour réellement rester en retrait à l'abri du harcèlement et des poursuites. Ce combat anticorruption, pour Eric Alt et Anticor, est un combat culturel.

Les référents et groupes locaux

« Dans la plupart des départements, nous avons des référents locaux qui sont d'abord attentifs au faits de corruption dont ils pourraient avoir connaissance ou qu'ils leur seraient signalés par des lanceurs d'alerte. Et ensuite effectivement, on vérifie s'il y a des preuves suffisantes. Si les dossiers méritent d'être pris en considération ça remonte au National qui fait une dernière révision juridique.

Donc c'est le travail sur le terrain, on essaie d'avoir l'information sur des faits de corruption.

Ensuite le référent local : il organise des projections, des réunions, des conférences, selon la disponibilité de chacun. Ce qui est important à souligner c'est que les référents locaux sont tous bénévoles, les seuls salariés de l'association sont les seuls salariés qui travaillent au siège mais tous les autres, référents locaux, administrateurs, membres du bureau d'Anticor, sont tous bénévoles. »

Pour adhérer à l'association anticor.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.