« Du jamais vu ! », parole de vieux manifestants rencontré·es pour cette manif aux 30000 manifestant·es ! (1)

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Cette fois enfin, c'est l'unanimité des organisations syndicales. Elles disent :
● Ni 65, ni 64 ans… Non à tout recul de l’âge légal de départ en retraite
● Non à toute augmentation de la durée de cotisation
● Non à la remise en cause de notre système de retraite et de l’ensemble de ses régimes...
... et qui sont dans la rue et pour chacune des organisations en nombre beaucoup plus imposant que jamais. La banderole de tête signée par toutes les organisations syndicales, CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC, SUD-Solidaires, FSU, UNSA, UNEF, La voix du lycéen, annonce : « NON à la contre-réforme des retraites ».

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C'est toute une population active et retraitée qui a répondu à cette réforme-provocation quand déjà, elle est totalement inopportune dans cette période d'inflation qui appauvrit les plus précaires, avec une facture énergétique qui a bondi (ah l'aumône des 100€ !) dans un contexte de guerre d'agression en Ukraine dont on ne voit pas l'issue, moment choisi pour s'attaquer encore aux plus précaires et pauvres sous couvert de sauver un système par répartition, argument falsificateur et idéologique forcené... pour la deuxième fois.
Place du 1er mai dès neuf heures trente pour une manif prévue à dix heures, des groupes déjà aux quatre coins de la place du 1er Mai et sur les trottoirs. De partout, des groupes arrivent en paquets compacts sans discontinuer en particulier ceux et celles venant de la place Delille bien visible à l'horizon de la cathédrale.

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Dès avant l'heure du départ, chacun sent que celle-là, sera massive. D'Issoire, de Cournon, de Volvic, de Thiers, des Ancizes et d'ailleurs du département, ils et elles sont là : pompiers, postiers, métallos, cheminots, Michelin, fonctionnaires territoriaux, gaziers, électriciens, soignant·es, enseignant·es, universitaires, étudiants... Elles et ils sont là, remontés à fond contre cette réforme qui est la goutte d'eau qui fait déborder une exaspération bien loin du mécontentement. Les débrayages et la grève sont au rendez-vous pour manifester et dans la période plus qu'à d'autres, çà coûte.
La foule arrive encore et toujours grossissant celle imposante déjà en Place du 1er mai, notre point de départ.
A refuser d'entendre sa population à 80% contre sa contre-réforme, Macron prend le risque de violences et de développements imprévisibles qu'il dénoncera par la suite en pyromane-pompier dont il montre depuis sa première élection qu'il excelle dans le genre, aidé par des médias aux ordres des friqués.

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La foule déborde sur le carrefour, sur les voies, partout. Les sonos crachent leurs slogans, leurs musiques. Il faudra attendre pour en faire le compte et ce sera fait. Au départ de la manif précédée par des policier·ères en mission pas fâché·es d'en être, des grappes humaines sur les trottoirs accueillent la manif au passage jugeant préférable de l'attendre quand d'autres toujours sur cette place continue d'arriver. Certain·es devant ce nombre imposant décident d'ailleurs d'attendre sur le trottoir pour prendre le cortège au passage.
Planté au milieu de la chaussée Claudius afin de prendre en photos et vidéos le cortège, je constate qu'entre le passage de la tête du cortège et sa queue, il ne faut pas moins d'une heure et demie si ce n'est davantage. La queue arrive au milieu de cette chaussée Claudius quand sa tête est déjà arrivée à Jaude ! C'est fou ! Plus de 2km de cortège !

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Dans le cortège chaque organisation aligne beaucoup plus de manifestant·es que jamais. C'est impressionnant. A l'évidence dans le cortège, cette unanimité est un espoir, une force, un désir profond de ceux et celles qui en ont assez et plus qu'assez de cette politique du mépris, de l'entourloupe et de la régression systématique claironnées sur l'air de la justice et du progrès. Chacun a mobilisé au-delà des espérances. Des étudiants bien plus nombreux qu'à l'ordinaire se sont mis en fin de cortège en chantant et dansant ("un pas en avant, trois pas en arrière"). Quelques militant·es politiques, EELV, LFI, PCF, Marianne Maximi, (députée LFI-NUPES) ferment la marche.
Tout est hors-normes dans cette manif, hors-proportion, une mobilisation comme chacun la rêvait. Des cortèges prennent les allées latérales à Claudius, des arrêts du cortège manifestent le trop-plein qui a du mal à s'écouler par endroits. Et un sourire, une rage joyeuse à redonner vie à tous les tristes du pays qui savent se bouger ! Au-delà des banderoles qui identifient l'entreprise, le service ou l'administration, des centaines de pancartes brandies à un ou deux donnent le ton : humoristiques, féroces, bien senties, originales, burlesques... Elles crachent tranquillement à la face du Pouvoir honni la force et l'intelligence de ceux et celles qui savent de quoi il retourne question épaisseur de l'enfumage depuis des années et plusieurs quinquennats.
Ce raz-de-marée envahit la place de Jaude déjà bien chargée. Souvent les manifestations occupent la partie autour de la statue de Vercingétorix mais pas toute la place. Cette fois, c'est à perte de vue... Ce n'est plus une manif réussie mais une manif-monstre de ceux et celles qui clament leur opposition à cette réforme régressive et si injuste. Ce n'est plus seulement une manif-monstre qui mobilise contre cette réforme mais l'exaspération chauffée à blanc par un Président, non pas sourd et aveugle mais comme le champion du mensonge, de la menace, de l'injustice dans une perversion du langage jamais atteinte qui dit « justice » quand « injustice » et « progrès » quand « régression ».
Et si ce n'est pas suffisant pour entendre la rue occupée par une large population quand 80% du pays rejette cette réforme, il faudra s'attendre à des prolongements qui pourraient surprendre encore et durcir ce NON définitif. Macron est un mur de refus réfugié dans la légitimité du suffrage universel quand il oublie que la population a d'abord voté contre l'extrême-droite. et pas pour sa réforme. Mieux valait se battre contre sa réforme en l'élisant que mettre au pouvoir un nouveau fascisme (je sais on dit "populisme"). Il n'a pas hésite à fracturer la société française, il n'hésite à exacerber les tensions pour s'en servir. Macron pyromane n'est pas un vain mot. Cet homme fut-il président ne veut rien entendre que lui-même, regard vers les intérêts des ultra-riches. Le reste, du baratin, fut-il orné des parures du langage cher aux grandes écoles de commerce.
C'est la jeunesse, étudiante et lycéenne, comme toujours, qui a la clé pour bousculer et abattre ce mur, mettre fin à cette contre-réforme en investissant massivement la rue. Oui la retraite c'est loin pour ces jeunes, c'est loin pour vous qui avez un peu plus ou un peu moins de vingt ans mais faut-il attendre de tout perdre pour espérer (re)gagner ? Après il est trop tard et c'est tellement plus cher... L'Histoire le démontre dans le sens de laisser-faire comme dans celui de la lutte. Le fatalisme n'est plus de mise sauf dans une lamentation impuissante. L'heure est la mise en échec face à un pouvoir personnel par une mobilisation bien au-delà de manifestations, fussent-elles réussies au-delà de ses rêves.

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(1) L'imposante manif du 5 décembre 2019 contre sa précédente réforme des retraites totalisait 20 000 manifestant·es.