
Jeudi 25, à Gerzat, en limite de Clermont-Ferrand, une manifestation d'ampleur nationale a réclamé encore et encore la reprise de l'activité de LUXFER par un repreneur à défaut de nationalisation refusée cet avril. Pour cela, une lutte intersyndicale s'est engagée dès l'annonce de la fermeture en novembre 2018 (19 mois de lutte), ponctuée, en particulier, par l'action du 31 janvier 20 dont nous avons rendu compte. Seule usine européenne à fabriquer des bouteilles pour oxygène médical, elle a fermé ses portes et licencié les 136 salariés. Cette année, durant 53 jours, l'intersyndicale a occupé l'usine en permanence pour éviter la destruction des installations voulu par le groupe Luxfer qui ne veut pas vendre ce site délaissé. En plus, il menace la commune et les environs - via la rivière toute proche - d'une catastrophe écologique en raison des tonnes de produits toxiques et huiles usagées dans l'installation.
I - La mobilisation syndicale
De nombreuses entreprises en lutte sont venues à Gerzat et ont pris la parole au milieu des applaudissements. Les premiers à monter à la tribune furent les GM & S (en bleu) de la Souterraine (Creuse) aujourd'hui LSI. On se souvient de leur lutte opiniâtre et victorieuse portée à l'écran par le film documentaire de Lech Kowalski "On va Tout Péter". En mai 2019, quarante GM & S étaient sur la Croisette de Cannes pour sa projection retraçant leur lutte. Leur leader, Yann Augras, vient de périr dans un accident. Ils sont venus et ont parlé de lui mais pour lui rendre hommage, ils ont appelé, comme il l'aurait fait, à la lutte syndicale, partout où des sociétés multinationales, pour la seule croissance de leurs profits, ferment les usines sans aucune considération pour les salariés, leur production, l'avenir des territoires, la valeur des installations.


Des leaders nationaux ont pris le chemin de Gerzat : Philipppe Martinez, secrétaire général de la CGT, Jean-Luc Mélenchon leader de L.F.I., Raphaël Glucksmann député européen Place Publique dont on se souvient l'alliance électorale avec l'actuel secrétaire du PS, Olivier Faure. « Génération.s » est aussi venue avec sa sénatrice du Val-de-Marne, Sophie Taillé-Polian, apparenté S.O.C. Le Parti Communiste est aussi monté à la tribune tout comme E.E.L.V pour exiger la réouverture du site avec un repreneur quand tout est fait, de Luxfer au Ministère, pour l'empêcher, malgré la qualité des dossiers présentés. Vous trouvez les vidéos de leurs interventions dans la deuxième partie "les interventions politiques".
C'est sous un soleil des plus chaud (33/34°) et peu d'ombre que le presque millier de manifestants s'est rassemblé autour des 11h sur cette rue de l'Industrie, la bien nommée, devant l'usine. La CGT comme d'habitude a bien fait les choses côté boissons et repas, bien nécessaires après une première salve de déclarations du matin et celles de l'après-midi sous une chaleur écrasante. Sur la journée, après les prises de paroles des leaders CGT dont son secrétaire départemental, du secrétaire départemental FO, de l'intersyndicale CGT-CFDT et des GM & S, avocat compris, les travailleurs des entreprises se sont succédés à la tribune : Renault Trucks, General Electric, l'A. I. A. du Brézet, Constellium, Aubert et Duval et d'autres, puis les politiques ont pris la parole, débutant par le leader de la France Insoumise.



Avant le début de cette manifestation, Axel Peronczyk, représentant l'intersyndicale des ex-salariés de Luxfer, me confiait ces mots avec une pêche d'enfer : « « Aujourd'hui il y a des négociations en cours entre le ministère de l'économie et des finances et Luxfer qui n'avancent pas, pour moi, elles n'avancent pas. Aujourd'hui il faut taper du poing sur la table, si on veut une réelle indépendance sanitaire et et une souveraineté indépendance économique. Ils nous parlent de relocalisation et tout ce qu'ils veulent aujourd'hui, il ne peut pas y avoir tout ça si on agit pas sur le dossier LUXFER. C'est le dossier de l'exemple, c'est un dossier où il y a tout.
On est équipementier pour la défense, équipementier pour la santé, équipementier pour la sécurité, on a tout ce qu'il faut pour que cette usine reparte : des repreneurs, des financements et un groupe qui fait que des actions illégales.
Ce qu'on demande c'est que l'état fasse cesser le groupe LUXFER sur toutes ses actions qui ne respectent ni les lois françaises, ni les lois européennes. Aujourd'hui il faut qu'il y ait une intervention de l'état. Si il y n'a aucune intervention sur le dossier Luxfer, cela en dira long sur leur future politique économique de ce pays.
Aujourd'hui c'est une manifestation nationale. On a des des copains de GM&S qui viennent de Creuse nous soutenir, Renault trucks, General electric qui viennent du Rhône, on a des politiques qui descendent de Paris, c'est national. Je pense que notre dossier est d'ampleur nationale et même européenne. Nous, on vendait pour toute l'Europe. On était le dernier approvisionneur européen. Je pense que ça parle à beaucoup de gens notre dossier. »
La lutte et la reprise de LUXFER
Entre ombre rare et soleil brûlant,
des photos de cette mobilisation
D'autres entreprises de la région sont venues pour dire leur situation et leurs luttes, exprimer leur solidarité avec les ex-salariés de Luxfer : Michelin, A.I.A., General Electric, Renault Trucks, Constellium, Dietal, ACC et d'autres encore. Voici quelques vidéos de ces déclarations :
MICHELIN
ATELIER INDUSTRIEL AERONAUTIQUE - A.I.A. - Le Brézet
GENERAL ELECTRIC
RENAULT TRUCKS
U.S.T.M - CGT Métaux
L'intervention du secrétaire du Puy-de-Dôme des métallos CGT brosse un large panorama des entreprises de la région des menaces sur l'emploi et des luttes en cours.
Sont intervenus également : la Santé, pour rappeler la faiblesse du "Ségur de la santé" loin de la revalorisation promise et attendue et de la reconstruction de notre système de santé bien mal en point après les incessantes coupes budgétaires qui se poursuivent ; la Coordination départementale CGT 63 services publics et territoriaux intervient pour dénoncer la dérèglementation et les politiques publiques d'austérité qui laminent les services publics garant de l'intérêt général. La deuxième déclinaison photos de la journée est ci-dessous.
Le ministre de l'économie et des finances Bruno Le Maire a refusé la nationalisation pendant la pandémie, risquant la rupture en bouteilles d'oxygène médical pour la France et d'autres pays voisins (sans parler des déclarations sur bouteilles en acier - qui s'oxydent - en remplacement des bouteilles en alu, et de bien d'autres coquilles d'ignorant.es...). S'acharnera-t-il encore à bloquer toute reprise contre l'intérêt national si ce n'est celui des travailleurs ? La reprise d'une production pourrait déboucherait sur la fabrication de réservoirs d'hydrogène pour véhicules (la seule solution réellement écologique avec le moteur à hydrogène) ? Refusera-t-il cette reprise quand des repreneurs privés sont là avec le financement ? Ce dossier est bouclé, il faut signer : refus idéologique ou intérêt dissimulé et pour qui ?
II - Les interventions politiques
"La France Insoumise" avec Jean-Luc Mélenchon, "Place-publique - PS" avec Raphaël Glucksmann, "Génération-s" avec la sénatrice Sophie Taillé-Polian, ceinte de son écharpe tricolore, le parti communiste avec des élues et la secrétaire d'E.E.L.V. avec son élu, adjoint à la culture de Clermont-Ferrand ont fait le déplacement à Gerzat pour soutenir la demande de réouverture avec un repreneur mais aussi, pour les deux premiers, soutenir leur champion au deuxième tour des municipales.
Sur Clermont-Ferrand, ce deuxième tour des municipales de ce dimanche 28 juin voit s'affronter trois listes avec notamment la liste Union de la gauche du maire sortant Olivier Bianchi PS et la liste soutenue par L.F.I. portée par Marianne Maximi. Vous verrez donc, vous reconnaitrez peut-être le candidat Bianchi au côté de M. Glucksmann et la candidate Maximi au côté de M. Mélenchon. Ces deux candidats aux municipales soutenant la lutte des Luxfer.