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Billet de blog 14 septembre 2013

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L'hebdo du Club (4): libertés

SYRIE. « Mardi 3 septembre 2013, le nombre de Syriens enregistrés en tant que réfugiés ou en attente de l'être a dépassé les 2 millions », signale l’équipe de FocusOnSyria, réseau indépendant de journalistes, photographes, travailleurs humanitaires qui documentent leur exil.

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SYRIE. « Mardi 3 septembre 2013, le nombre de Syriens enregistrés en tant que réfugiés ou en attente de l'être a dépassé les 2 millions », signale l’équipe de FocusOnSyria, réseau indépendant de journalistes, photographes, travailleurs humanitaires qui documentent leur exil. Devant « la grande tragédie de ce siècle, une calamité humanitaire indigne avec des souffrances et des déplacements de population sans équivalent dans l'histoire récente », selon les mots d’Antonio Guterres, le haut-commissaire pour les réfugiés des Nations Unies, « le minimum que la communauté internationale puisse faire est de créer un corridor humanitaire pour l'acheminement de médicaments, de nourriture et de provisions élémentaires » aux populations syriennes en danger, écrit le Mouvement syrien de non violence, qui appelle à signer une pétition adressée à Ban Ki-Moon, secrétaire général de l'ONU, Lakhdar Brahimi, envoyé spécial en Syrie et Valerie Amos, secrétaire générale adjointe des Nations Unies chargée de l'aide humanitaire. Amnesty International jette un œil particulier sur les Syriennes réfugiées en Jordanie et confrontées à des mariages très précoces –comme dans leur pays d’origine– et au harcèlement: « Le chef d’une organisation locale fournissant une aide humanitaire aux réfugiés syriens m’a confirmé que de nombreux hommes venus de pays du Golfe et même d’Europe entraient en contact avec lui et son organisation pour tenter d’arranger des mariages entre eux et des réfugiées syriennes », rapporte Maha Abu Shama, chargée d’action sur la Syrie à Amnesty International.

« La France doit prendre acte de l’incapacité du régime syrien de Bachar Al-Assad à se réformer et de sa volonté d’employer tous les moyens pour assurer son maintien au pouvoir. Cela signifie (...)  impulser une politique nouvelle, dont la réussite ne dépendra plus de la bonne volonté du dictateur. Car outre les considérations morales et humanitaires qui plaident en faveur d’une réaction ferme face au régime syrien, c’est de notre audace que dépendra notre influence dans la région », suggère Manon-Nour Tannous, doctorante à l'université Panthéon-Assas (Centre Thucydide, Paris II) et chercheur associée au Collège de France. A l’inverse, Roger Martelli, historien, et co-directeur de la rédaction du mensuel Regards, met en garde contre « la généralisation de l’état de guerre et de l’état d’exception ». Il réclame « un changement de cap radical dans la gestion des affaires de ce monde », appuyée sur une Organisation des Nations Unies « démocratisée en profondeur ».

Catalogne. Eric Walravens, en ce jour de grande manifestation indépendantiste en Catalogne, voit « deux bonnes raisons de contrarier les Catalans »: « alors que les entreprises multinationales sont de plus en plus grandes et concentrées, le pouvoir politique en Europe est de plus en plus morcelé. (...) L'arrivée de nouveaux Etats (Catalogne, Ecosse, Flandre) ne fera que renforcer ce morcellement; elle accentuera le dumping fiscal et social. » Le second point que développe ce jounaliste de l’agence Belga est celui du « patriotisme constitutionnel »: « Ce concept développé par Habermas », explique-t-il, « voudrait que les sociétés modernes soient capables de troquer leur sentiment national contre un amour pour le cadre démocratique lui-même. La patrie devient un ensemble de règles choisies en commun et permettant le vivre-ensemble. »

Une réflexion à prolonger avec le billet de Geoffroy de Lagasnerie, Quentin Skinner et l’histoire politique de la liberté: direction le XVIIe siècle et « la lutte qui opposa en Angleterre (...) deux traditions antagonistes de réflexion sur la liberté civile : d’un côté la tradition libérale, représentée notamment par Thomas Hobbes, et, de l’autre côté, une autre tradition, moins connue aujourd’hui, et baptisée par Skinner “ néo-romaine ” ou “ républicaine ” ».

« Les auteurs de la tradition républicaine, John Milton et John Hall notamment, ne sont pas très célèbres », rappelle Geoffroy de Lagasnerie. « Et pour cause : ils furent relégués au second plan dans la tradition de la philosophie politique du fait de la victoire idéologique de Hobbes. » Que disaient Hall et Milton, dont les « écrits eurent néanmoins un retentissement très important » ? «Ils prirent des position radicalement hostiles à la royauté absolue en affirmant l’idée selon laquelle on ne peut être libre que dans un Etat “ libre ”, c’est-à-dire dans un système où le pouvoir de faire les lois réside exclusivement entre les mains du peuple.» 

Diffamation et Mediapart. C’est le titre d’un billet de Philippe Waeselynck auquel je réponds ici sur un point. Si Mediapart estime ne pas devoir être tenu responsable des contenus publiés sans contrôle par ses abonnés, c’est bien dans le but de protéger la liberté d’expression de tous. En effet, si nous devions répondre devant les tribunaux de tous les commentaires et billets, alors nous serions conduits à exercer une stricte modération a priori, voire, par exemple, à ne confier des blogs qu’à quelques contributeurs sélectionnés, comme le font d’autres sites. Et aussi à recourir à un prestataire exerçant une validation a priori de tous les commentaires. Autant dire que ce serait certes la fin des noms d’oiseaux et autres propos outranciers échangés ici, et parfois dépubliés, mais aussi la fin de la spontanéité, et surtout de la liberté.

Rendez-vous. Dimanche matin (à 11h30), Edwy Plenel débat du journalisme avec Thomas Legrand, éditorialiste à France-Inter, et Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité et député européen, à la Fête de l'Huma. Philippe Marlière viendra y parler des gauches européennes (à 12h45). Mercredi 18, à Paris, projection du webdocumentaire Broken Hopes, Territoire palestinien occupé : vingt ans après les accords d'Oslo, suivi d'un débat. Inscriptions ici.