
Lucian Pintilié, auteur de théâtre et réalisateur de films roumain vient de disparaître. Denys Laboutière lui a ici rendu hommage.
En 1974, Lucian Pintilié présentait ainsi son spectacle, Turandot, créé à Paris à la Gaîté Lyrique dirigée alors par Jack Lang et Antoine Vitez : « Trente cinq minutes de l'Opéra de Puccini en fragments, le reste du spectacle en fragments du texte de Gozzi.
L'épique et l'explicatif. L'épique passe par l'art lyrique, et le texte fait suite, interrompt comme quelque chose de monochrome, de blanc, moins à interpréter qu'à dire. L'opéra exprime le mieux pour Turandot cet aspect hystérique de l'œuvre : l'existence d'un sublime et face à elle, une communauté exclue, privée de toute possibilité d'accès au sublime. L'essentiel du spectacle passe par cette opposition entre une communauté interdite et l'accès au sublime. »
À l'automne 1973 mon ami Julian Negulesco me présentait à Lucian Pintilié. Il devait, en compagnie de Nicolas Wolcz assister Pintilié pendant les répétitions de Turandot et tavailler avec la troupe de 18 nains et lilliputiens qui symbolisaient cette communauté d'exclus dont parlait l'auteur. Toute la troupe avait accepté que je photographie pendant ces répétitions. Chaque jour, pendant deux mois, c'est la vie de cette communauté que j'ai tenté de montrer. À mesure que les répétitions avançaient, le décor de construisait. Enfin, juste avant la générale, j'ai pu photographier une scène du spectacle du haut du balcon avec une chambre 13x18cm en couleur. En ce début de 1974, les films couleur étaient peu sensibles, la pose devait durer plusieurs secondes. La troupe accepta cette pose sans bouger...
Ces photographies sont restées inédites. C'est avec beaucoup d'émotion que je rends cet hommage à Lucian Pintilié.



















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