
La tactique du castor, qui appelle tous les 5 ans à faire barrage au racisme, a cette fois mis au pouvoir les amis de Bernard Arnault et de Benalla. Au lieu de faire monter l'eau d'un cran à chaque fois, avec un barrage de plus en plus branlant, on ferait mieux d'aller à la source pour tenter d'en détourner le cours. Analysons le sophisme à la racine de la démagogie lepeniste, mais aussi les pulsions qui font qu'elle plaît.
Je ne suis pas élu de ma ville, mais comme tout citoyen en a le droit, et je pense le devoir de temps en temps, j'assiste au conseil municipal de ma commune. En fait, j'ai même droit à 2 conseils, car j'habite Lomme dans le Nord, une commune dite associée à Lille, où tout se décide véritablement. Citoyens d'une banlieue populaire sans souveraineté budgétaire, on dépend de la capitale régionale. Cette configuration m'évite de croire que mon vote puisse avoir un grand pouvoir, j'observe surtout que l'éloquence baisse avec la taille du budget. Cela ne tient pourtant pas à la population, le métro et le prix de l'immobilier attire les diplômés dans nos quartiers, mais la démocratie locale n'intéresse pas (encore ?) beaucoup, et du coup, il y a moins de gens intéressants, le cercle est vicieux. Le conseil à Lomme est donc plus terne que celui de Lille.
Dans les deux communes, le rituel consiste à dérouler des délibérations et des motions, à entendre des interventions minutées, et à voter officiellement, en général selon ce qui a été décidé en commission. C'est une cérémonie un peu artificielle qui sert de date butoir dans le travail municipal.
L'exercice rhétorique de l'intervention orale pourrait puiser aux racines les plus antiques de la démocratie athénienne. La maire PS de Lille, Martine Aubry, n'abuse pas de la grande éloquence, elle préside calmement depuis un siège relevé comme un trône, elle est pointue, efficace, comprend tous les dossiers. Ceux qui veulent la remplacer ne mesurent pas toujours les années d'entraînement nécessaires pour exercer l'autorité. Il y a de nombreuses critiques à faire sur ses décisions, mais elle tient son conseil, s'assure le respect de sa majorité, et la méfiance de son opposition. Le premier élu de droite, Jean-René Lecerf, président du département, est un redoutable technocrate. Il fait honneur à la nécessité démocratique d'une opposition critique. Évidemment, il dit toujours la même chose, trop de dépenses, trop de personnel, trop de dettes ; mais c'est important d'être surveillé, parce qu'au matin des grands soirs, on n'est plus si formidable au milieu des caisses vides.
Par dessous les têtes de liste, le niveau semble plus accessible à atteindre. Les orateurs les plus en vue du PS ont une incroyable langue de caoutchouc impossible à croire. Je pense encore à cette femme, enseignante, toute fière d'un exercice de style absolument irréprochable, et, parfaitement inconsistant. Sa petite affaire faîte, elle range ses papiers en dodelinant de la tête, avec la certitude d'avoir une bonne note parce qu'elle a fait relire son papier à tous ses amis qui l'ont félicitée. Je préfère ces élus plus laborieux, qui nous lisent leur intervention sans omettre une seule virgule, et qui ratent des effets qui pourtant sonnaient bien dans leur tête. J'aimerais surtout sortir de ce modèle implicite, entre le scolaire et le médiatique, qui se laisse imposer un style de l'extérieur. Cette assemblée n'est pas celle des rues, où les mauvais élèves oseraient parler, et où ils ne s'ennuieraient pas à écouter.

Quand Éric Dillies prend la parole (chef du groupe Rassemblement National, RN, ex Front National), je ne suis pas d'accord, mais je ne m'ennuie pas. Il cite parfois Heidegger, De Gaulle, détourne Jaurès. Lepéniste historique (52 ans, 30 ans de militantisme), il est nostalgique de sa jeunesse d'avant la chute du mur de Berlin, mais il a lu de la philosophie et des sciences humaines, et il en jette au milieu de la technocratie de collectivité locale.
À part ses collègues lepénistes, qui le dégustent avec respect, il provoque la consternation dans l'assemblée. On dirait des députés marchistes obligés d'entendre Mélenchon. Personne n'ose lui répondre. Quand il dépasse vraiment les bornes, Martine Aubry peut perdre son sang froid, au risque de l'attaque en diffamation. En octobre 2015, l'élu RN s'en était pris aux « défenseurs de l'alarmisme climatique » au moment de la COP 21 du PS gouvernemental d'alors. La maire lui avait alors rétorqué: « c'est comme le détail de la Shoah, vous ne croyez pas à une évidence [...] C'est quand même votre président d'honneur qui a dit ça, je n'y peux rien ». Le procès a bien sûr été perdu par le RN, mais il faut bien voir l'effet dévastateur de ce genre de séquences si elles circulaient plus sur Internet.
Cet élu RN pourrait passer pour cultivé, courageux, héros des vrais gens contre les technocrates. Il s'agit bien sûr de démagogie mais mettons nous dans la tête de l'autre bord. L'élu RN est excommunié parce qu'il s'attaque aux puissants qui imposent leurs décisions sur la foi de théories qu'ils ne comprennent pas. Lui, il s'informe, il cherche à sortir de la pensée unique, il fait exactement ce que l'on nous a appris à l'école jusqu'au lycée : penser par soi-même. Les autres ? Tous bardés de diplômes, lâches, grégaires, et quand ça ne sait pas répondre, ça jette une boule puante moraliste... Le complexe qui se noue ici est profond, il ne faut pas y répondre par le mépris. La réponse du PS a été ici, comme d'autres fois, exactement celle qu'il faut pour exciter l'extrême droite, comme si c'était un calcul.

Mais évidemment, la provocation de l'élu RN est toujours vicieuse. Il met le dérèglement climatique en doute mais défendra, et probablement sincèrement, une écologie du « retour à la bonne vieille nature ». Ainsi sur une autre délibération, il va par exemple « se mobiliser pour sauver un quartier des grues socialistes » (madame la maire appréciera). Une ancienne friche ferroviaire (Saint-Sauveur) fait en effet l'objet d'une opération immobilière municipale. Plutôt que d'y planter le parc que tous les citoyens attendent, ce sont encore des immeubles qui vont pousser, dans l'une des villes les moins vertes et les plus polluées de France. Le RN interpelle même l'élue écologiste de la majorité, en disant à peu près : « souvenez-vous, nous avions vu le projet alternatif de cet architecte de talent, vous étiez enthousiaste, pourquoi ne pas voter notre motion ? Vous n'allez quand même pas soutenir ce projet au profit des multinationales du béton ? ». Pour les amateurs d'alliances moisies, le vert-brun se porte bien.

L'élu RN appelle toujours au Rassemblement National, mais pour le pourrir. Il va par exemple donner la consigne de voter pour un député France Insoumise, alors que son électorat ne suit aucune consigne, et a toute gauche en horreur. Le but est de bien salir la FI (le populisme brun-rouge vient toujours du brun), et d'affaiblir le PS. Contre ce même Adrien Quatennens, quelque mois plus tard, l'élu RN écrira : « Chaque intervention de La France Insoumise est un déploiement de bonnes intentions et de postures avantageuses. C’est aussi une gifle donnée au bon sens et une claque pour les plus précaires. » Des gifles pour le bons sens, des claques pour les précaires, il y a certainement une distinction entre les gifles et les claques pour l'extrême-droite.

« Mais l’éloquente rêverie sortant des haut-parleurs se heurte à la réalité des chiffres. En effet, la SNCF.... ». S'ensuit un fatras de chiffres menteurs que même un marchiste n'oserait pas. Il conclue à la Goebbels, par un plus c'est gros, mieux ça passe : « cher Adrien, c’est oublier que plus de 40 % des Lilloises et des Lillois et souvent les plus précaires n’ont pas de véhicules. Ils doivent donc compter impérativement sur les transports en commun »
Voyez bien le raisonnement. Adrien Quatennens, député insoumis de Lille, a soutenu des piquets de grève cheminots pendant les mouvements sociaux de ce printemps 2018. L'élu RN sent monter la popularité d'un concurrent, il tente donc de le descendre avec un mensonge, comme si le soutien aux grévistes et au droit du travail nuirait aux pauvres. Saut que, les « transports en communs » à Lille, ce n'est pas la SNCF. Métro, bus ou tramways n'ont pas été arrêtés. L'élu RN le sait parfaitement, mais il fait comme si ses lecteurs ne le savaient pas, soit qu'ils ont une voiture, soit qu'ils ont peur de prendre les transports en communs, ou encore qu'ils ne lisent que ce qui leur fait plaisir. Installer la confusion, c'est un talent.
Le reste de l'argumentation concerne l'argent : « Comme chaque année, la dette de la SNCF s’accroît de 3 milliards d’euros ». Tous ceux qui ont suivi ce conflit savent que la grève, et la suppression du statut des cheminots, n'a rien à voir avec la dette qui est due aux bétonneurs qui ont construit les gares et lignes TGV. Le statut des salariés est une bataille idéologique menée par le régime, pour réduire toute opposition syndicale. Ils ont gagné, mais ce qu'ils ont cassé, ce n'est pas la grogne, mais l'expression institutionnelle de la grogne. Il vont maintenant devoir lutter avec la défiance, la dépression, et la baisse de la productivité. Les droits supprimés se payent en police, l'injustice sociale est un gaspillage économique.

Est-ce qu'il y a une différence entre le programme économique du RN et celui de Macron ? L'accord semble parfait, le site de cet élu local s'appelle d'ailleurs « Vivre libre ». « Nous ne pouvons plus écarter des débats les questions aussi essentielles et trop longtemps éclipsées », dont on parle depuis bientôt 40 ans, notamment, « l’hyperfiscalité » [ici].
Économiquement, le RN s'accommode donc de toutes les privatisations et baisses de charges, mais il faut cependant flatter une masse électorale suffisante pour être élu. Dans sa profession de foi, cet élu local RN s'engage sur «la défense des classes moyennes», quelle belle trouvaille... Donc les classes moyennes sont plusieurs, et elles sont menacées. Il ne faut surtout pas viser les classes populaires, qui ont aussi l'inconvénient d'être multicolores. En pointant un ventre vague, qui évoque le travail avec un revenu décent, on peut aussi bien intéresser les classes moyennes élevées, à plusieurs milliers d'euros mensuels qui se sentent menacée par les impôts, ainsi que les salariés fragilisés, qui craignent de sortir de la moyenne ou qui voudraient y rentrer. Ce milieu est mécaniquement menacé par deux extrêmes, les élites, invisibles et organisées, et les pauvres, par contre bien visibles et honnis. Cette sociologie vulgaire est fausse mais crédible. Il faut beaucoup d'explications pour faire comprendre que la peur des pauvres sert justement à diminuer les droits de tous. Quand la peur a peur, elle ne peut plus réfléchir.

Mais la politique n'est pas seulement une défense rationnelle d'intérêts, c'est aussi de la métaphysique, il faut en arriver aux fondamentaux. Cet élu RN défend «la famille», insinuant qu'elle serait menacée. Le «mariage pour tous» prouve justement que la famille est florissante puisque tout le monde veut le droit d'en fonder une. Mais bien sûr, l'élu RN a une revendication communautaire, il me défend pas la famille telle qu'elle est, variée dans ses recompositions, mais un modèle moral et religieux qu'il veut imposer aux autres. C'est un prosélyte qui veut pervertir les droits et coutumes de France.
Et on termine par le gros morceau : « la préservation de notre vocation culturelle et spirituelle qui s’enracine dans notre histoire chrétienne et qui fait de la France une exception dans le monde ». Ce beau fatras peu articulé cherche évidemment à embrouiller tout le monde en donnant un mot à chacun. Aucun spécialiste ne peut prétendre tout savoir à ce sujet, un citoyen doit pourtant bien affronter une telle assertion politique s'il prétend s'y opposer. Le fait religieux de la France qui est une exception mondiale, c'est l'athéisme, qui n'est d'ailleurs pas étranger à notre histoire romano-chrétienne. Le nier, c'est refuser la Révolution et plus de 2 siècles d'histoire.

Dans les Évangiles, et par son expérience historique dans l'empire romain, le christianisme fonde le modèle symbolique d'une séparation de l'Église et de l'État : « il faut rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». L'histoire a bien sûr inventé bien plus de configurations que le modèle théorique, mais au moment de la rédaction des textes, le chrétien accepte la loi romaine, tant pour les mariages que pour les héritages. La religion n'y est plus un pouvoir législatif et judiciaire qui organise une communauté, comme dans l'Ancien Testament (Deutéronome), c'est une foi qui anime l'intention dans les lois. Il ne faut pas dire que le christianisme n'est pas politique, il porte même une utopie révolutionnaire (La Cité de Dieu), mais, le Pape laisse le glaive à l'Empereur. Cette autonomie du politique, poursuivant symboliquement l'empire romain, est un contexte européen où la France se distingue. « Notre vocation culturelle et spirituelle », c'est notre tolérance à l'athéisme et à toutes les convictions, marquée dans notre loi unique au monde sur la laïcité.

La propagande nationale de Marine Le Pen en 2017 avait plus finement joué sur la laïcité (contre les «religions étrangères»), évitant d'en revenir à nos racines chrétiennes. Cet élu local RN tente le pataquès, mais comment concilier le «on est chez nous» avec la charité évangélique du pape à l'égard des réfugiés ? Il n'y a aucun moyen logique, à part entretenir la confusion mentale. Jean Frédéric Poisson, président du Parti Chrétien-Démocrate (droite), présente une idéologie bien plus cohérente en reprenant en charge la doctrine sociale de l'Église (mais aussi un conservatisme des mœurs très archaïque). C'était l'idéologie du patronat textile dans la région lilloise, pour tenir les ouvriers à l'écart des syndicats. Ce christianisme prenait au moins la responsabilité de toute la société, mais cet élu local RN veut rester irresponsable.
Le catholicisme traditionaliste de É. Dillies, auquel il est peut-être sincèrement attaché, le condamne à la minorité dans une minorité, à se cacher doublement, d'abord d'une société largement séculière, ensuite des catholiques. Comme d'autres intégristes, cette situation l'entraîne à la dissimulation, à la taqîya. Il ne peut jamais parler ouvertement de ce qu'il pense et veut, parce que la majorité n'en veut pas, et c'est parfois hors la loi. Il est donc très exercé à une rhétorique de l'insinuation que les racistes américains appellent le sifflet à ultrasons (dog-whisttle), des indices qui ne sont entendus que de ceux qui veulent les entendre. Le mot taqîya ci-dessus illustre exactement le procédé. Il s'adresse aux islamophobes, pour qu'ils s'étranglent d'être accusés de la dissimulation qu'ils reprochent à l'objet de leur haine. Tous ces calculs et ce décalage avec le réel ne produisent qu'une parole faible et sans espoir de gouverner.
Mais nous n'avons pas encore touché le noyau idéologique, il apparaît dans une récente lettre ouverte à Martine Aubry au sujet des « Migrants » (17 juillet 2018). L'élu RN frappe fort, et assez justement sur les hypocrisies du PS, dans lequel il s'emboîte presque point à point, comme un modèle en négatif. Madame la maire PS de Lille a récemment communiqué sur l'accueil de 42 migrants du bateau Aquarius en juillet 2018.
Les militants associatifs sont écœurés par ce cynisme de la communication municipale, quand cette même maire a fait évacué en octobre 2017 un camp de migrants de la friche Saint-Sauveur (décidément, un point de fixation lillois). Je me souviens encore de la joie de ces jeunes gars quand un bénévole est venu leur annoncer qu'ils étaient acceptés pour leur premier entraînement dans le club de foot de Lille sud. On trouvait des solutions, cela avançait. Mais madame la maire a demandé des CRS, les réfugiés ont été éparpillés, loin des yeux. Mais quand les médias éclairent l'Aquarius, madame la maire PS accoure dans la lumière pour montrer sa belle âme.

Et bien sûr, l'élu local RN ne manque pas de pointer l'hypocrisie. « Systématiquement, vous imposez sans discussion vos « états d’âme » aux habitants de Lille et de la Métropole, sans en mesurer les conséquences et vous leur rendez la vie infernale. Votre « bonne conscience » est en fait le miroir dans lequel vous vous admirez ». Il glisse de la culture, en rappelant la distinction du sociologue Max Weber entre éthique de conviction et éthique de responsabilité (à un politique, on ne demande pas seulement des bonnes intentions, on veut des réalisations). Toute gauche qui aurait critiqué cette imposture Aquarius du PS aurait eu droite à ce chantage : « quoi, vous critiquez ce beau geste de la majorité municipale ? Mais en fait, vous êtes exactement comme le RN ? »
L'élu RN affecte l'indignation vicieuse : « Accueillir 42 « Migrants » à grands renforts de battage médiatique pour se donner une « posture » de gauche et, dans le même temps, laisser sous votre nez, une vingtaine de familles bulgares et roumaines depuis des années au carrefour Pasteur sans eau, sans électricité, sans toilettes est innommable. » Remarquez d'abord les « Migrants », avec majuscule initiale et entre guillemets, pour toujours laisser supposer que cela peut bien être autre chose, par exemple, des terroristes. Ensuite, le RN met en concurrence les misères. Il y a les blancs d'Europe (bulgares et roumains), et puis les noirs. L'insinuation raciste est baveuse, mais avec 25% de pauvreté dans la ville, la pique fait mouche. La maire ne devrait pas donner ainsi le spectacle de sa charité. C'est une provocation. Le bien, on le fait, on se tait. C'est aux autres de remercier et d'en parler.

L'élu RN livre enfin le cœur de sa métaphysique, ou plutôt, soyons cuistre et montrons nos racines chrétiennes, de son eschatologie (sa vision du temps). Il fait peur, et il a peut-être sincèrement peur, de la « grande invasion ». « L’Afrique qui compte aujourd’hui 1,2 milliards d’habitants verra sa population doubler d’ici 2050 et quadrupler d’ici 2100. [...] Dans un « sauve-qui-peut » général, la jeunesse africaine qui représente plus de 60 % de la population de l’Afrique, a commencé à se jeter à l’assaut du « Vieux-Continent » ». Ce sentiment est totalement faux, toujours réfuté par la réalité. Par exemple, en 1985, le Figaro magazine prévoyait notre complète islamisation, selon des projections fantaisistes de taux de fécondité. Le fait est faux, mais la peur est réelle, depuis au moins le choc démographique de 1914-1918.
Nous ne sommes pourtant pas naïfs et béats dans l'histoire. Mais notre crainte planétaire est autrement plus vérifiable, c'est l'urgence écologique et climatique. Il ne suffira pas d'être de quelque part, qualité partagée avec à peu près tous les pays du monde, pour montrer ce « qui fait de la France une exception ». Sorti des postures et des finasseries de langage, on ne trouve plus rien au RN, pas de programme. Où sont les scientifiques, les ingénieurs ou les économistes, qui se retrouveraient dans leur camp pour que le pays aille mieux ? Personne.
Pour l'instant, il semble que le Rassemblement National ne se donne pas les moyens de gouverner, mais il ne faut surtout pas que ça se sache. Dans une lettre adressée à sa présidente, notre élu local reproche publiquement à Marine Le Pen d'avoir montré son incompétence à tous les français lors du débat du second tour des présidentielles contre Macron. Jean-Marie Le Pen avait toujours su cacher son incompétence, mais maintenant, le roi est nu, la clientèle ne croit plus au produit, la petite entreprise va vers la faillite. Le RN n'a pas été persécuté, il a même été bien aidé par les médias, il s'est fait un croche-pied tout seul.
Conclusion
Cet élu local RN a bien peu de chance de lire ce billet, encore moins d'y répondre, ça ne lui apporterait rien. Cette analyse ne troublera pas ses électeurs. Ce ne sont pas des mauvaises gens, mais quand quelqu'un vous dit qu'il vous suffit d'être français pour être sauvé, cela fait tellement plaisir à croire que l'on ne va pas se fatiguer à réfléchir pour trouver le contraire.
L'objectif de ce travail, c'est pour notre camp. Il faut s'habituer à la rhétorique lepéniste locale, respecter les électeurs, démonter les arguments, et ne pas tomber dans les provocations morales. Les postures de conscience du PS sont tellement mécaniques que l'on se demande si elles ne s'offrent pas volontairement au RN pour se faire battre, et se présenter en victime du bien pour fédérer un camp. Ces deux partis ont grandi ensemble, ils aiment tellement se haïr que l'on se demande si l'un pourrait continuer sans l'autre.
Mais nous savons et mesurons exactement ce qui se passerait si le RN avait un pouvoir, municipal ou autre. Nous l'avons vu dans les rues pendant la campagne des présidentielles 2017. Des gens ont commencé à croire que madame Le Pen allait être élue, des incidents se sont multipliés, une incivilité raciste s'est sentie soutenue par l'actualité. Et que se passerait-il si la police municipale ne défendait plus tous les citoyens à égalité ? Il est certain que nous n'irions pas vers la paix civile, ce serait une gifle, et une claque, pour les valeurs de la France.