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Que s'est-il vraiment passé ce jour-là à l'Université des Sciences et de la Recherche ? Et où est maintenant Ahoo Daryaei ?
Un témoin présent ce jour-là à l’Université des Sciences et de la Recherche raconte :
« Un membre des Basij (un groupe paramilitaire affilié au régime iranien, souvent impliqué dans la répression des mouvements de contestation) l’a d’abord interpellée. Puis, il s’est de nouveau mis en travers de son chemin. Il a frappé ses vêtements deux fois, tirant dessus jusqu’à les déchirer.
Le Basij a dit : "Ces vêtements ne conviennent pas à une étudiante !"
Elle a répliqué : "Es-tu sûr ? Et comment peux-tu juger ce qui est la dignité d’une étudiante ?"
Le Basij a répondu : "Oui, je le juge !"
Elle a alors dit : "Si c'est le cas, je vais les enlever pour préserver la dignité de l'université."
Sur les photos, on voit le Basij juste devant, un homme corpulent. Dès qu'elle a enlevé ses vêtements, tout le monde s'est éloigné d'elle par peur. »
Cependant, dans la première déclaration officielle concernant le sort d'Ahoo Daryaei, étudiante de l’Université des Sciences et de la Recherche de Téhéran, la porte-parole du gouvernement des mollahs a confirmé qu'elle avait été hospitalisée de force après son arrestation.
Elle a affirmé lors d’une interview que le gouvernement interprète cette affaire comme un problème social et non sécuritaire, tout en insistant sur une prétendue maladie d’Ahoo Daryaei.
Auparavant, l’Université Azad avait aussi informé le ministère en précisant qu’elle avait été mariée et qu’elle est désormais séparée de son époux. Elle a ajouté que son processus de soin est en cours.
Mais pourquoi cet accent mis sur son statut de divorcée dans une telle affaire ? Ce corps n’est-il pas seulement la propriété de son ex-mari, mais aussi celle de tous les hommes de la ville et du pays ? Finalement, les femmes sont perçues comme les possessions du gouvernement des mollahs.
Et une femme qui est séparée de son mari est, selon cette logique, forcément malade ; une femme qui se rebelle est, inévitablement, malade ; et une femme qui est à la fois séparée de son mari et rebelle doit, sans aucun doute, souffrir d’une grave maladie… Oui, durant la chasse aux sorcières, on trouvait légitime de brûler les femmes récalcitrantes sous prétexte de sorcellerie. La rébellion des femmes est une maladie dangereuse, capable de contaminer toutes les femmes de la société… Une femme rebelle peut ainsi menacer un homme, une ville, un pays, et tout ce que les mollahs considèrent comme leur possession !
Et l’asile psychiatrique, n’est-ce pas exactement cela ? Les tortionnaires du gouvernement des mollahs, Coran à la main, comme s’ils tenaient le Malleus Maleficarum, sont prêts à la torture et à l’obtention d’aveux, à la manière moderne… Nous avons été témoins de cette scène à de nombreuses reprises par le passé. Et hélas, il est fort probable que nous soyons bientôt confrontés aux aveux forcés d’Ahoo Daryaei ou de ses proches… pour prouver au monde qu’elle est soit une sorcière, soit une folle !
- Hengameh Hoveyda
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