LA DEMOCRATIE EST-ELLE (ENCORE)UNE VALEUR DE GAUCHE?
La question mérite d'être posée.
Emmanuel Macron, le couteau suisse du gouvernement ( il remplit en effet les fonctions de ministre de l'Economie, du Travail, du Transport, de la Justice...) après avoir déclaré qu'il était nostalgique de la Monarchie , annoncé vouloir réformer le statut de la fonction publique, affirmé que le libéralisme est une valeur de gauche, a estimé" que le modèle de l'élu qui parvient aux hautes fonctions par le biais des urnes "est le cursus d'un ancien temps"" (Le Monde du 27.09.2015).
Ainsi donc, il privilégie l'accès en interne à ces hautes fonctions, propre à favoriser la cooptation qu'il déclare vouloir combattre par sa loi libérale (mais il est vrai que d'autres avant lui ont déclaré vouloir combattre la finance avant de -rapidement- s'y rallier), et rejette l'idée que la voix des urnes puisse être un filtre naturel propre à hiérarchiser les compétences.
Pour lui donc, le monde idéal serait celui qui serait dirigé par des technocrates , choisis par des technocrates, selon des règles établies par des technocrates, décidant en vase clos de ce qui est bien pour le peuple, car les technocrates, eux, savent bien évidemment ce qui lui convient le mieux, tant ils sont connectés à la réalité.
Pour s'en convaincre, il suffit de lire les projets de décrets d'application de la loi Macron qui tiennent plus du labyrinthe sciemment indéchiffrable que du texte applicable en l'état (cf http://blogs.mediapart.fr/blog/hugues-lemaire/180915/est-il-pertinent-detre-raisonnable ) ou de reprendre la définition que donnait le projet de réforme de l'enseignement du terme "natation": "capacité à traverser l'eau avec le moins de résistance en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête " de façon "à se déplacer de façon autonome, plus longtemps, plus vite,dans un milieu aquatique standardisé" (une piscine). On se croirait dans un sketch de Desproges, et on en rirait s'il ne s'agissait de notre réalité.
On peut comprendre que notre jeune ministre, au demeurant sympathique, séduisant, cultivé et non dénué d'un certain sens de l'humour, voit dans ces déclarations à l'emporte pièce un moyen d'être le prototype de ce que serait une gauche décompléxée, en vue des élections présidentielles de 2022, son mentor Jacques Attali ayant vu un lui un futur président.
On comprend un peu moins le silence assourdissant d'une gauche traditionnelle qui , à l'exception de Martine Aubry avec son fameux "Macron, ras le bol!" , semble donner raison à ce non élu qui prétend donner des leçons aux représentants du peuple.Il serait donc temps que des voix s'élévent, à gauche comme à droite, pour redonner un sens au mot Démocratie avant qu'un technocrate mal avisé ne décide un jour de le définir comme étant un mode de gouvernance d'une population consistant à consulter ladite population sur des sujets mineurs pour lui donner l'impression de décider de son avenir tout en mettant en place un corps de décideurs recrutés par cooptation auxquels est véritablement transféré le pouvoir décisionnel.