Enfant de la décennie noire algérienne, je suis une femme féministe qui n’a jamais accepté le destin tout tracé réservé aux femmes dans une société traditionnelle. Diplôme d’ingénieure en poche, je débarque un jour de novembre en France, des rêves plein la tête. La réalité me rattrape vite, ici aussi,1…
les femmes ne sont pas aussi libres que je l’imaginais, surtout quand on n’a ni le “bon” nom de famille, ni les standards de beauté attendus, ni le style de communication codé pour rassurer.
Mon parcours est celui d’une femme qui bouscule les cases : trop de défis, beaucoup de sacrifices, mais aussi de belles réussites. Au fil des années, j’ai découvert et appris à aimer la “vraie” France, celle qu’on ne voit pas à la télé : celle des paysans, des artisans, des créateurs de produits mondialement reconnus. Un pays magnifique, sans doute l’un des plus beaux au monde.
Vingt ans plus tard, j’ai toujours autant de rêves. Ils se sont peut-être un peu patinés avec le temps, mais la flamme, elle, est intacte : vivre librement, mourir dignement.
Dans l’entreprise, on demande encore aux femmes d’adopter les codes des hommes pour réussir : parler plus fort, trancher plus vite, “s’imposer”. Pourtant, même ainsi, elles restent jugées “trop” ou “pas assez”. À partir d’un entretien où l’on me dit “compétente mais pas assez assertive”, cette chronique questionne ce double standard.