Un mouvement de révolte a gagné les iraniennes depuis trois jours contre l’effondrement économique du pays et la dictature islamiste.
Dans le hall d’entrée de la mairie on pouvait voir des photos, des noms, parfois des bouts d’explications, sur la vie de ces dizaines de milliers de prisonniers politiques exécutés dans lors de cette tuerie qualifiée de crime contre l’humanité.
Dans son dernier rapport, Asma Jahangir, rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme en Iran, a soulevé cette grave question et rompu 28 ans de silence des Nations unies. Elle a rappelé qu’ « Au cours des mois de juillet et août 1988, des milliers de prisonniers politiques, d’hommes, de femmes et d’adolescents auraient été exécutés à la suite d’une fatwa émise par le Guide suprême, l’Ayatollah Khomeiny. Les corps des victimes auraient été enterrés dans des tombes anonymes et leurs familles n’ont jamais été informées de ce qu’il leur était arrivé. »
La veille de l’exposition, Amnesty international publiait un rapport dénonçant les tentatives du régime pour effacer les traces de son terrible crime contre l’humanité en détruisant les fosses communes où sont enterrées les jeunes victimes.
Les participants à la conférence, sous les auspices du maire Jean-François Legaret, ont appelé l’ONU à déclencher une enquête internationale pour traduire en justice les responsables de ce crime.
Ils ont souligné que les considérations politiques et économiques ne devraient pas être prises en considération. « La communauté internationale dispose d'outils viables, y compris des sanctions contre le régime iranien, et devrait les utiliser pour s'assurer que cette enquête se déroule, » a déclaré une intervenante représentant le conseil national de la résistance iranienne.
Effacer de la mémoire collective
Les organes de justice et de sécurité en Iran ont lancé une répression virulente contre les défenseurs des droits humains depuis l'accession d'Hassan Rohani à la présidence en 2013, diabolisant et emprisonnant les militants qui osent se battre pour les droits des citoyens, a écrit Amnesty International dans un rapport.
Le rapport offre un aperçu exhaustif de la répression visant un large éventail de défenseurs des droits humains qui livrent des batailles clés en Iran. Il met en lumière 45 cas : des militants anti-peine de mort, défenseurs des droits des femmes, syndicalistes, défenseurs des droits des minorités, avocats spécialistes des droits humains et militants en quête de vérité, de justice et de réparations pour les exécutions extrajudiciaires collectives et les disparitions forcées qui ont eu lieu dans les années 1980.
Alors que la révolte fait rage depuis le 1er août contre la tyrannie des mollahs avec des manifestations de colère dans différentes villes du pays, notamment à Téhéran, Ispahan, Machhad, Chiraz, Najafabad et Chahin Chahr.. les appels pour mettre fin à l’impunité prennent de l’ampleur. Le manque d'action de la communauté internationale a jusque-là encouragé le régime iranien dans la poursuite de son comportement méprisant les droits de l’homme.
Comme l’a écrit la Rapporteuse spéciale de l’ONU, « les familles des victimes ont le droit de connaître la vérité au sujet de ces événements et du sort de leurs proches sans craindre de représailles. Elles ont le droit d’intenter une action en justice, ce qui englobe notamment le droit à des investigations efficaces pour établir les faits et à la divulgation de la vérité, et le droit à réparation. »