Mise à jour le : 24 mars 2024
La Princesse se place à distance du panneau numérique. Une femme en blouse blanche, portant une pancarte, le désigne de son poing et se parle à elle-même en exprimant sa colère.
- Le fonctionnement électrique de cette machine ne souffre pas d'un manque de financement contrairement aux besoins énergétiques des hôpitaux. Fermer des lits, faire payer le passage aux urgences, refuser de soigner des étrangers, refuser de renforcer nos équipes et en même temps gaspiller l'argent public et l'électricité dans ça, me sidère.
Elle quitte les lieux.

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La Princesse lit à haute voix ce qui est écrit dans le dos de la blouse : Si tu nous mets 64 on te MAI 68. Du Flouz€ pour les blouses.
Un étudiant qui, à la vue d'un mini dictionnaire de traduction, comprend qu'elle est étrangère : Le Grand vizir veut repousser l'âge de départ d'une carrière complète vers la retraite à 64 ans. Et mai 1968 rappelle une période de grève générale efficace pour obtenir des avancées. Le flouz est un autre mot désignant l'argent.
La Princesse dodeline de la tête : Merci pour les explications.
Un chien se secoue. Une femme à l'allure lente s'approche, caresse son chien guide, donne le cordon de communication à son voisin et se met à tâter le panneau.
- Zut je ne trouve pas de traduction pour les mal-voyants. Qu'est-ce que tu vois Zéphyr ?
- Le panneau publicitaire expose une photo de la femme du Grand vizir au ZooParc de Beauval.
- Décris-la moi.
- Elle s'affiche avec une chevelure blonde ridicule pour frauder son âge et porte des vêtements blancs hors de prix.
- Ah elle ressent toujours ce besoin de marquer sa distance avec le peuple, comme toutes les femmes en toc.
- Elle tient une cage de couleur or renfermant un bébé Panda géant surplombé par une caméra de surveillance estampillée Hikvision.
- Ah oui ce petit animal non humain considéré comme géant par rapport à un panda roux. Et la publicité suivante ?
- La même. Chaque changement d'écran aboutit à la même image.
Une nonagénaire se glisse à côté d'eux : Je vous lis le message en rose fluo. Il est écrit "Acclamez le Grand vizir, acclamez son épouse marraine des bébés pandas, acclamez le peuple Soupolé qui tous aident les pauvres chinois désemparés à sauver l'espèce des Pandas géants".
Des piétonnes et des piétons vont et viennent.
- Oh regarde ! La femme du grand vizir protège le petiot Panda géant en l'enfermant dans une cage dorée.
- Ah bah oui, là, il est en sécurité. Il ne risque pas d'être confronté aux vicissitudes de la vie.
- Exact. Son espérance de vie en bonne santé physique va être élevée comme il va végéter dans un zoo.
- Oui il pourra vivre 36 ans, comme Bing Bing à Chengdu, au lieu de 20 ans en liberté mais l'indicateur donnant l'espérance de vie ne dit rien de ce qu'est une vie heureuse.
- Ah le zoo, cette merveilleuse prison à ciel ouvert. Un exemple de vie longue pour nous Humains.
- Un exemple ? Je suis gazaouie. Venez vivre en Palestine et sous les caméras du gouvernement Israélien et vous vous rendrez compte du cauchemar que sont nos conditions de vie.
- Nan mais le royaume Soupolé est une république démocratique. Ici les caméras protègent et aident aux enquêtes.
- Protègent qui ? Aident à quelles enquêtes ? Avec quelles externalités négatives ? Servent-elles à remettre en question des politiques ? République et démocratie ne sont que des mots dont la définition est différente en Iran ou en Chine. Et vu votre niveau de corruption, votre niveau élevé de fonctionnaires cadres qui font des aller-retour avec le secteur privé, vos ministres qui sont bien trop payés et privilégiés par rapport au service rendu, je doute que vos caméras soient au service du peuple.
- Elle a raison.
- On s'en fiche qu'elle ait raison. Moi maintenant j'ai PEUR si je ne suis pas filmé dans la rue, dans les commerces, chez les amis.
- Excusez-moi monsieur mais vos névroses se soignent.
- J'ajouterais bien que vous souffrez d'une maladie psychiatrique.
- Non mais arrêtez de m'insulter ! C'est vous les cinglés !
- Voyez comme c'est vous en réalité qui insultez les personnes souffrant d'une maladie psychique en associant l'adjectif cinglé à des maladies.
- Elle a raison. Si vous n'êtes plus capable de vivre dans une société libre alors que les personnes cumulant les raisons d'avoir peur de leurs congénères peuvent, vous souffrez clairement d'une maladie mentale. Vous ne devriez pas le prendre comme une insulte mais comme une prise de conscience.
- Non. Je refuse.
- Si. C'est un fait.
- Moi justement je sors d'un séjour à l'hôpital psychiatrique et
- Une Folle ! Oh mon dieu j'ai peur !
Trois autres personnes s'écrient "Une Folle ! J'ai peur" et quittent les lieux à toute vitesse mais la Folle de la reine revenant et se croyant outragée appelle les policiers qui surveillent l'arrivée des Maires. Elle leur demande d'emmener ces personnes en garde à vue. Elle repart avec eux pour déposer plainte.
La Princesse passe de la perplexité au sourire en se retournant vers le panneau numérique.
- Aie !
- Doucement. J'ai failli perdre l'équilibre.
- Oh ! Pardon. Je veux juste faire un selfie avec le panneau numérique. Voilà, merci. Au revoir.
- Ah un Panda en cage. Le progrès selon les Puissants.
- Ne pas pouvoir mener une vie ensauvagée est-ce souhaitable ?
- Savez-vous que se prendre pour Dieu appartient au domaine de la maladie psychique ? Or, là, forcer des étrangers à vivre dans un zoo relève aussi d'un sentiment de toute puissance. Je comprends maintenant pourquoi la maladie psychique est souvent confondue avec la Cruauté.
Des "hum" et des sourcils froncés montrent une difficulté à intégrer le propos pour avoir un avis.
- La différence est que, là, le sentiment de toute puissance est obtenu grâce à l'argent et à une autorisation étatique.
Des têtes acquiescent.
- Certes. Qui ne rêve pas d'être marraine d'un prisonnier politique chinois ? Je me le demande.
- Pourquoi chinois ? Il est né sur le territoire Soupolé alors il est Soupolé madame !
- De toute façon sa vie au zoo le rendra incapable de mener la vie sauvage de ses ancêtres. Il va juste apprendre à devenir un jouet, sans intimité, une parenthèse dans la vie de visiteurs qui viennent échanger un renforcement de leurs sentiments de dominance et d'indifférence à la souffrance du vivant contre de l'argent. L'entrée pour un adulte coûte 32 euros.
- La souffrance est un divertissement pour ces gens-là.
Des sons de lions, de dromadaires, d'éléphants, de zèbres puis une voix provenant d'un haut parleur sur le toit d'une voiture couvrent le brouhaha : Le cirque Sanzempatoche vous incite à signer sa pétition pour que l’État subventionne la sédentarisation des circassiens dressant des animaux non humains. La loi va bientôt interdire de se divertir du dressage d'animaux sauvages en itinérance mais continuera d'autoriser le divertissement du dressage d'animaux sédentarisés. Nous exigeons donc le droit de continuer à dresser avec amour nos animaux. Offrez-nous des parcs.
- Dresser ? Ce sont mes cheveux qui se dressent sur la tête rien qu'à l'évocation de ce verbe.
Le haut-parleur: Pleurez braves gens en pensant à la cruauté de cette loi! Nos animaux en changeant de propriétaires mourront de chagrin ou de maltraitance. Venez ! Venez signer notre pétition. Et pleurez braves gens en pensant à la perte de ce divertissement. Souriez en apprenant que nous faisons du chantage à la délocalisation. Nous irons les exhiber dans les pays d'Europe l'autorisant si le gouvernement ne nous offre pas de parcs.
- Voilà. One Voice et d'autres associations de protection animale avaient alerté que les lois macronistes ne sont jamais à la hauteur des enjeux progressistes.
- Oui l'écart entre la communication dans les médias dominants et le résultat dans le droit s'avère toujours grandement désappointant.
Le haut-parleur: L'amour des animaux nous anime. Un métier passion ! Venez ! Venez signer notre pétition.
- Brr! Amour et passion résonnent avec absence de consentement et souffrance dans une société patriarcale. Brr ! Je vous laisse.
- Elle a raison. La passion signifie la satisfaction de se faire plaisir pas de faire plaisir aux animaux.
- Et ils sont sacrément en retard par rapport aux connaissances scientifiques en parlant de dresser et pas d'éduquer. Le mot dressage a toujours comporté intrinsèquement une ou plusieurs raisons de maltraiter, de torturer, d'obtenir d'autrui un comportement par la peur ou la soumission psychique.
- Obtenir un comportement par la contrainte, comme la corde empêchant de fuir son tortionnaire ou comme le poids d'une caméra sur les têtes vous passant l'envie de vous bécoter, ne peut rendre fier.
- Savez-vous que mes ancêtres n'avaient pas besoin de preuve scientifique pour bientraiter le vivant. Les dresseurs d'animaux domestiques ou sauvages ont toujours eu un profil violent.
- Entièrement d'accord. Je n'ai pas besoin de scientifiques pour décider de respecter le vivant. Et si je ne comprends pas le vivant je me dis que je suis nulle, que je dois m'instruire et je ne cherche pas à obtenir par la violence un comportement d'obéissance.
- Ah mais mon frère se dit dompteur de tigres et pas dresseur. Avec ce changement de mot mon frère devient bientraitant non ?
- Absolument pas. Il fait étalage du tigre pour s'enrichir.
- Où est l'amour dans une relation de mise en esclavage ?
- Heuuu...
- Mamie qu'est-ce que tu sais sur les tigres ?
- Le tigre est un carnivore. Il souffre donc de troubles digestifs s'il ingère des végétaux. Pour être heureux il lui faut vivre en liberté car il prend plaisir à parcourir des kilomètres la nuit pour trouver sa nourriture. Il chasserait en Europe sangliers, cerfs, ours, renards. Chercher à plaire à son propriétaire pour obtenir de manger du cadavre d'élevage industriel reste très éloigné des besoins fondamentaux d'un tigre. Souvent un journaliste voit un animal heureux là où une chercheuse en sciences comportementales voit un animal en souffrance.
- Parce que ça arrange sa conscience ou parce qu'il anthropomorphise l'animal en captivité ? L'imagine-t-il heureux à se voir imposer le type de nourriture, les loisirs, les partenaires sexuels, le périmètre de sortie, le climat, le sol en béton au lieu du sol d'une forêt ?
- Poussez-vous je ne vois rien.
- Voilà voilà prenez ma place. Savez-vous que dans la gare les panneaux numériques publicitaires sont plus grands que les panneaux d'affichage des horaires de départ et d'arrivée. Nous vivons dans un pays qui a choisi la médiocrité.
- Aie ! Vous venez de m'écraser le pied droit. Faîtes attention.
- Oh toutes mes excuses.
- Je disais à ces messieurs dames face à cette magnifique grande cage sous surveillance : qui ne rêve pas d'être marraine d'un prisonnier politique chinois ?
- Il me semble que la Chine a conclu un contrat de retour des Pandas géants au pays non ? Sous l'ère Chirac il avait été question de prêt en échange d'argent. La Chine a beaucoup loué les Pandas géants au siècle dernier. La marchandisation du vivant.
- Aucune idée.
- Et pourquoi politique et pas prisonnier tout court ?
- Parce qu'il n'a rien fait de mal. Parce que rien ne justifie de mettre ses parents et ses frères et ses sœurs en prison.
- Je l'envie ! Il va avoir une belle vie en prison. Et une marraine célèbre ! Quelle chance !
- Bah il va juste souffrir de maladies psychiques et ne pas pouvoir connaître la vie autonome d'un Panda. Si ça vous fait rêver...
- Tout de même monsieur rabat-joie, être nourri, logé, pouvoir regarder la TV toute la journée c'est le grand luxe.
- Comme votre perception du luxe est saugrenue... Il me semble que les milliardaires cherchent à dépenser leur argent pour vivre et montrer qu'ils sont riches. S'ils passaient leur journée devant la TV ce serait une raison simple expliquant leur cruauté mais ils ont besoin de liens sociaux pour consolider ce fameux carnet d'adresses leur permettant de garder le pouvoir sur le droit créé et d'invisibiliser les médias d'investigation.
- Tout de même madame rabat-joie, vivre sous surveillance, sans la liberté de se déplacer, relève d'un luxe qui doit faire rêver tous les Pandas géants de Chine. Là bas leur vie est misérable. Contrairement à notre pays, il reste des forêts primaires et secondaires. Quelle angoisse !
- Oh là là oui. Les Pandas là-bas doivent être morts de peur. Au moins ici nous avons détruit la nature de souche, nous bétonnons et vivons surveillés.
- Tout de même messieurs sans-sympathie-pandaesque, votre absence de connaissances des besoins fondamentaux d'un animal sauvage vous auto-autorise à valider une idéologie maltraitante qui a porté pendant des décennies les noms d'exploitation et de dressage en invoquant la survie d'une espèce dont l'environnement a été détruit par l'espèce humaine.
- Et il faut être sacrément névrosés, pétris de peurs inavouées, pour rêver de vivre en prison c'est à dire de laisser son présent et son avenir sous la dépendance de dominants, versatiles pour garder pouvoir et assise financière.
- Gnagnagna...
- Vivre sans Libertés fondamentales vous fait rêver vous ?
- Elle a raison, vous êtes bizarre vous. Quand les puissances de l'argent décident à quoi doivent ressembler nos vies, nos environnements, nos conditions de travail nous obtenons cette civilisation souffreteuse et violente. Nous méritons mieux. Nous méritons le respect et le droit à l'émancipation pour tous et pour toutes.
- Oh mais je vous reconnais vous ! Vous militez pour un autre système économique. L'économie saucedem non ?
- Non. L'économie sociale et solidaire, l'E S S. Le gouvernement en a peur car sa réussite serait une porte de sortie visible d'un pan du capitalisme, alors il ne lui laisse pas une seule chance de se développer.
- Hihihiiiii! Han...Comment il cause lui.
- Heuuu ! La COOP des Masques a mis la clé sous la porte fin 2022 donc je généralise et je vous dis que l'utilité sociale ne peut pas s'exprimer dans la vraie vie.
- Je confirme. Introduire de la coopération et de la solidarité dans le secteur du sanitaire et social ne peut exister que dans les romans. C'est la fatalité. Y'a que les produits informatiques les plus toxiques qui peuvent être rangés dans le progrès. Ils l'ont dit à la TV.
- La fatalité. Quelle fatalité ? Le déterminisme n'existe pas. Tout est une question de choix collectif. Vous devriez lire "technologies partout, démocratie nulle part" de Yaël Benayoun et d'Irénée Régnaud publié chez FYP en 2020. La solution simple, efficace, est de RENONCER à une technologie quand elle ne convient pas, pas quand elle convient.
- Renoncer à la relocalisation et donc à la réindustrialisation d'une usine de Masques signifie refuser l'autonomie sanitaire et donc continuer de dépendre de pays comme la Chine. Cette stratégie nous a coûté un pognon de dingue, des vies et de la maltraitance institutionnelle comment pouvez-vous être heureux de voir perpétuer ce choix de la minorité au pouvoir ?
- Et mille coopératives de bonheur ! Que vous êtes mal informée ! La COOP des Masques a mis la clé sous la porte parce que les hôpitaux, la préfecture de police de Paris, les Armées sont obligés d'acheter le moins cher possible et donc chinois.
- Ah je ne savais pas.
- Il suffirait d'ajouter des contraintes lors des achats publics comme un indice de conditions de travail, un indice de pollution comme le type de transport et sa durée, une empreinte numérique, la qualité des eaux du pays, la qualité du produit, le degré d'autoritarisme du pays basé entre autres sur une proportion de journalistes entravés dans leur travail et cocher si la société appartient ou non au secteur de l'E.S.S etc pour acheter le moins pire c'est à dire peut-être Soupolé.
- La qualité des eaux...pour la baignade elle est convenable à 80 % mais pour la santé elle se médiocrise.
- Mille drones de bonheur mais vous ne devez pas être sans savoir que les hôpitaux, les services sociaux d'accompagnement des enfants, les E.H.P.A.D. manquent d'argent. L'E.S.S ne peut donc exister.
- Cent mille drones de malheur ! Voilà que vous me faîtes vociférer. Vous ne devez pas être sans savoir que c'est le gouvernement qui décide du budget des hôpitaux et des prix du secteur de la santé conventionné avec l'assurance maladie.
- Vi vi vi il a raison. Une solution simple est de voter pour les politiques qui veulent leur donner les moyens.
- L'ancien système, un budget global annuel, n'était pas parfait mais l'actuel qui comprend une part de tarification à l'activité ne fonctionne pas parce que le gouvernement n'attribue pas des tarifs suffisamment élevés. Comme par hasard...
- Elle a raison. C'est un choix politique d'avoir fait s'effondrer le système de santé, en cachant pendant des années l'inconséquence sous des phrases mensongères comme "nous avons le meilleur système de santé au monde".
- Oh je me souviens de cette phrase utilisée pour justifier de ne pas donner de meilleures conditions de travail aux travailleurs et aux travailleuses des secteurs de la santé.
- Poussez-vous ! Nous ne voyons rien.
- Alyssa ! Alexia ! Vous ici ! J'ai une grande nouvelle à vous annoncer. Périménopause en cours !
Trois femmes se font la bise puis se tapent dans la main gauche.
- Mille innovations de l'E.S.S. ! Quelle joyeuse nouvelle !
- Enfin !
- Oui ouf. Le risque de devoir avorter sera bientôt nul. Youuuupiiiiiii !
- Fêtons cette excellente nouvelle chez Légufru ! Je reprends le travail à 18 heures.
- Aie ! Vous venez de me donner un coup de coude.
- Excusez-moi c'est que je suis contente pour ma copine.
- Oui bon allez allez passez...
- Ah elles sont parties. On s'entend mieux.
- Oui.
- Je voulais donc dire gnagnagna, moi, je veux acheter chinois ou vietnamien ou bangladais. Je m'en fous des conditions de travail, des souffrances, même touchant des enfants, et aussi tiens de l'empreinte environnementale.
- Ah monsieur est contre la réindustrialisation ! Il veut que ses achats polluent et tuent loin de chez lui.
- Dix drones de bonheur ! Pas du tout. Je milite pour la réindustrialisation. Il faut bien que je trouve des raisons pour développer le nucléaire. Je ne vais pas avouer en public que je milite pour le nucléaire dans le but de pouvoir continuer à gaspiller l'électricité et à vivre de la publicité et de la consommation non éthique. Cela reste entre nous. Il m'est cher de savoir que nous serons un pays attracteur de capitaux grâce à la faible carbonisation du nucléaire mais je n'achèterai pas Soupolé si c'est plus cher qu'ailleurs.
- Moi c'est le contraire. Je suis un entrepreneur de la Tech. Je n'achète que ce qui coûte cher. Le but dans la vie est de toujours disposer de produits peu chers et bas de gamme pour que les classes moyennes inférieures puissent vivre sans réclamer de hausse de salaires. Le Made in China et l'agriculture aux pesticides et aux engrais azotés répondent très bien à cette fonction.
- Le monsieur derrière vous est pour la réindustrialisation mais uniquement pour que de l'argent public, donc nos impôts ou l'endettement, soit fléché vers du nouveau nucléaire. Monsieur sans-sympathie-pour-autrui veut pouvoir se comporter comme un trop riche. Beurk ! Vous ne m'inspirez que du dégoût.
- Cent drones de bonheur ! Mais JE suis une personne trop riche. Il faut bien que je dépense mon argent dans quelque chose. La fatalité me pousse à toujours choisir d'investir et de dépenser dans ce qui exploite un maximum.
- Oh que mes oreilles souffrent ! Achetez un dictionnaire ! La fatalité ne peut pas vous permettre de choisir; ce sont des mains en argent qui décident pour vous que le choix n'existe pas. C'est mille fois pire qu'un Dieu.
- Soit. Je ne suis pas un expert du dictionnaire. Donc je disais que JE choisis toujours la consommation la plus nocive pour le vivant. Un petit voyage à bas coûts en avion par ci, un grand voyage en croisière par là, un bon gros S.U.V., des objets pas chers fabriqués en Chine par ci, des placements financiers dans ce qui détruit le vivant par là.
- Mille milliards de drones de malheur ! Vous êtes trop riches mais vous voulez acheter le moins cher possible ?
- Mais oui madame. Je suis un malin moi. Je finance l'économie chinoise grâce à mes achats. Le Parti Communiste chinois peut être fier de moi. La croissance chinoise c'est un peu moi et ma femme. Ne vous méprenez pas hein. Je crie à la peur d'une soviétisation de l'économie si la France Insoumise, les verts ou l'extrême gauche arrivaient au pouvoir.
L'hilarité se propage aussitôt et la Princesse rit aussi de bon cœur devant tant d'idioties.
- Ha ha ha ! Je me gausse. Monsieur croit vivre à l'époque de Tintin aux pays des Soviets. Ce récit était pourtant dépourvu de surveillance biométrique, de financiarisation de l'économie, de portes-tournantes et de néocolonialisme.
- Et seul un sacré menteur malhonnête peut essayer de faire croire à une population n'ayant pas le temps de s'informer que le programme de la Nupes serait celui des Soviets ! Bah ! Vous me dégoûtez.
- Vous avez mille fois raisons. Je mens d'autant plus qu'en réalité j'ai toujours été fasciné par Poutine et sa Technopolice. Vous pouvez retrouver mes discours sur la beauté des caméras dotées de la reconnaissance faciale dans les lieux publics à Moscou mais aussi dans les supermarchés russes sous un prétexte de simplification, de confort pour mon cerveau. Aucun opposant ne peut échapper aux représailles de l’État. La fin du désordre.
- Le rêve de toute personne cruelle et psycho-rigide qui, face à la chevelure ébouriffée d'une femme, se retrouve en colère en criant au désordre.
Le panneau numérique s'éteint. Des "oh" déçus se mélangent à des "ah enfin". Une équipe d'énergéticiens poussant une charrette surplombée d'un panneau solaire arrive et clame : Votre attention s'il vous plaît.
Une voiture ayant participé à la manifestation contre la réforme des retraites s'approche. Elle exhibe une bannière.

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- Lisez donc notre message !
- Poussez-vous je ne vois rien.
- Ah mais je vais vous le lire : Attention votre facture de gaz va augmenter le 1er juillet 2023. Empêchons la fin des Tarifs réglementés de Vente du Gaz. Signez vite la pétition sur change.org.
- C'est quoi l'adresse internet ?
- Il faut photographier le QRCode.
- Ah mais moi madame je n'ai pas d'ordiphone. Il s'agit de discrimination.
- Moi mon smartphone ne fonctionne plus et de toute façon il n'était plus compatible avec SoupoléConnect. Je vis grâce au revenu de solidarité active. J'accède à internet sur l'ordinateur portable d'un copain alors j'ai besoin de connaître l'adresse de la pétition.
- Quoi ? Qu'entends-je ? Mais vous vivez très bien avec les prestations sociales. La preuve, vous pouvez acheter un grand écran TV tous les ans à la rentrée scolaire. Ils l'ont dit chez TvDrahiBusiness. Achetez-vous donc le dernier IPhone à la place.
- Je parie que vous refusez les tickets de caisse et de carte bancaire, que vous polluez un max en vous déplaçant, que vous ne voulez habiter qu'au milieu de votre classe sociale par peur d'avoir à parler aux Autres, que vous adorez payer avec votre téléphone ou par carte bancaire pour justifier de ne pas avoir de pièces à donner aux mendiants, que vous voulez payer la baguette de pain avec une carte bancaire malgré les frais pour le commerçant, que vous avez peur de circuler sans être filmée et que vous trouvez l'autoroute à flux libres pratique.
- Stupéfiant ! Etes-vous une voyante ?
- Pas du tout. C'est le problème avec vous , les trop riches, vous n'avez aucune idée du coût de la vie et en plus vous avez un niveau de connerie qui nous enfonce dans un tel marasme que la sidération règne.
- Moi JE suis heureuse et c'est tout ce qui compte. Allez, sans rancune, bonne journée.
- Nan mais t'as entendu ? Je vivrais bien avec les prestation sociales. Encore une adepte des fausses informations. Allez on s'casse.
- Poussez-vous j'étouffe.
- Voilà, voilà.
- Monsieur, pour revenir à notre discussion, que pensez-vous de l'innovation ? Pour moi seule l'innovation de l'économie sociale et solidaire me semble digne d'intérêt dans la prochaine décennie car destinée à satisfaire des besoins et pas une addiction ou une mode.
- Bof. L'innovation, comme un nouveau masque FFP2 moins polluant et mieux toléré, se doit de déboucher sur une production étrangère non éthique car seule la moins disante financièrement est noble à mes yeux. Sachez que je suis très sensible au désordre et devoir changer d'avis crée du désordre.
- Zut le monsieur qui milite dans l'E.S.S. est parti. J'aurais voulu échanger avec lui sur les avantages et les failles observées de ce modèle économique qui innove aussi bien au niveau de la production qu'au niveau de l'organisation.
- Mille innovations de l'E S S ! Dommage qu'il soit parti si vite.
- Je me demande si, pour avoir une vision plus claire, il ne faut pas commencer par sortir le pays de la marchandisation du vivant. Ne faut-il pas interdire les élevages industriels, c'est à dire ceux de plus de 25 animaux ? Ne faut-il pas interdire de s'enrichir sur l'hébergement de personnes âgées dépendantes en se versant des dividendes ?
- Il me semble que la cohabitation avec le capitalisme actuel, financiarisé c'est à dire ne reposant plus uniquement sur la production de biens et de services mais aussi sur la fructification abusive du capital, voue l'économie sociale et solidaire à l'échec.
- Ah oui vous avez raison.
- Ah non je ne suis pas d'accord.
- Poussez-vous ! Je ne vois rien.
- Venez je vous laisse ma place.
- Merci.
- Oh misère. Un petit bout d'chou en cage sous la surveillance de nos yeux et de ceux de lâches.
- Oui. Rien n'est plus lâche que d'être planqués derrière un écran de réception des images. Voir sans être vu.
La Princesse secoue un mini dictionnaire affectionné par les étrangers apprenant la langue Soupolée et dit : Voir sans être vu. La définition du voyeurisme.
- Oui, une attitude réprouvée par la morale il y a encore peu pour protéger la santé psychique. Et si en Russie le système de vidéosurveillance est toujours en panne ou manipulé quand un proche du pouvoir est impliqué dans un meurtre ou dans je ne sais quoi, il n'y a pas de raison que cela se passe différemment ici.
- Pas besoin d'être une experte des bébés pandas pour deviner qu'il va souffrir tout au long de sa vie de maladies psychiques. La preuve est qu'il devient inadapté au milieu naturel de son espèce.
- Vi, vi, vi...Il va souffrir de TOCs, ces troubles obsessionnels compulsifs, liés à la captivité, et ces images vont se retrouver sur les Youtube, Tiktok et autres sources de violences filmées et les internautes les plus cruels vont en rire.
La Princesse : Une société n'est jamais violente par hasard.
- Non. Elle est éduquée à la violence, celle légale car pratiquée par les puissants, celle déclarée illégale pour vendre des biens et des services mais pouvant résulter d'une colère contre celle exercée par les puissants et
- Aie !
- Pardon je rejoins la dame qui porte un foulard couleur sable.
- Oh qu'il est moche ce couvre-chef.
- Il sert à vous éviter d'avoir peur face à sa calvitie résultant de la chimiothérapie.
- Si jeune et déjà un cancer ? Les pesticides ? Les gaz d'échappement ?
- Ah bon ah bon allez-y.
- Merci.
- Marcel, pourquoi tu racontes ma vie privée ?
- Elle t'a insultée en critiquant le couvre-tête que je t'ai offert avec amour.
- Certes j'ai ressenti ses propos comme une violence supplémentaire faite à mon corps qui ne lui appartient pas, mais je ne réponds jamais aux profils ultra-violents.
- Ma chérie, regarde. Dans la liste de Sam j'ai trouvé le livre de Daniel Arasse "On n'y voit rien" qui disserte sur le rôle d'un miroir dans un tableau de Vélazquez.
- Extra. J'y glisse la carte de Sam. Rentrons le lire.

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Le couple s'enlace, s'embrasse puis s'en va main dans la main.
Deux personnes toussent.
- Quelle propagande dans cette publicité! Le Panda géant a été sauvé de la disparition par les chinois eux-mêmes.
- Oui vous avez raison. L'Ailuropoda melanoleuca était considéré comme endangered puis en 2016 il est passé en vulnerable selon l'IUCN, l'organisme qui essaie de classer les espèces selon leur degré de risque de disparition.

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- Et les chinois sont plus riches que nous. Leur pays est plus vaste. Le grand vizir et son épouse nous font décidément honte partout. Et dépenser ainsi l'argent public des soupolés est scandaleux. Il devrait servir en priorité à apprendre à cohabiter avec le loup ou avec l'ours.
- Mille innovations de l'E S S ! Vous avez raison. N'est-il pas absurde d'accueillir des animaux adaptés au climat chinois alors que nous ne savons pas prendre soin des animaux adaptés au notre ?
- Et le réseau routier ? Autour du Zoo il pollue les poumons et il encrasse les façades et les jardins des habitants. L'infrastructure s'abîme vite du fait du nombre de véhicules y circulant. Le coût d'entretien est astronomique.
Une classe de collégiens traverse le parvis en direction du parc et s'arrête devant la publicité.
- Oh un Panda géant ! Madame Lili racontez-nous l'histoire de Lao Zi. Regardez j'ai une photo des Pandas au zoo.

- Lao Zi s'étire. Il revient de la baignade et s'apprête à entamer une sieste pour limiter ses besoins énergétiques. Il vit seul comme tous les ours noir et blanc mais grâce aux marquages, des traces imprimées par les pattes ou la mâchoire ou la fourrure ou les selles, sur les troncs des arbres, sur les feuilles, sur le sol, chaque ursidé suit la vie de ses congénères au sein d'une biodiversité locale. Il ne ressent donc pas la solitude, celle associée généralement à la souffrance. La végétation dans la forêt primaire est devenue printanière. Son instinct le pousse donc à suivre les odeurs menant aux femelles avec qui il a envie de heu...fabriquer des bébés. Quand le chemin olfactif le mène vers une de ses amours il arrive qu'il doive affronter un concurrent et
- Qu'est-ce qu'il mange ?
- Ses ancêtres lui ont légué le système digestif d'un carnivore mais il est devenu herbivore pour s'adapter au changement de son environnement. Pour vivre il doit donc manger quotidiennement des dizaines de kilo de parties de bambous et déféquer plusieurs fois par jour. La déforestation et le dérèglement climatique mettent en danger sa survie. Il perd sa maison, les corridors de circulation vers les territoires des femelles et sa nourriture. S'il ne trouve plus assez de variétés de bambous à toutes les saisons et que l'espèce ne dispose pas des centaines d'années nécessaires à l'adaptation d'un système digestif à un nouvel environnement il mourra de faim et son espèce disparaîtra.
- Alors il faut créer des zoos partout pour sauver l'espèce ?
- Non. Il est plus intelligent que l'espèce humaine arrête de détruire l'environnement, apprenne à vivre avec l'animal sauvage et ne cherche pas à le transformer en jouet. En captivité, le Panda n'a ni le choix de sa partenaire, ni le choix d'un trajet touffu, ni une diversité de marquages à flairer, ni la possibilité de sélectionner les bambous à manger. Il n'a pas une vie de Panda. Et les animaux non humains aiment comme nous l'intimité qui ne peut exister dans un zoo. Allez en rang deux par deux.
Le groupe de collégiens repart en chahutant. Les conversations reprennent.
- La Chine en envoyant un couple de Pandas géants montre que les relations Chine-Soupolé sont basées sur l'acceptation mutuelle de la souffrance d'êtres vivants.
La Princesse : Ah ?
- Ces pandas ne sont plus vraiment des pandas mais une sorte de panda zombie, une vie cérébrale animale étouffée par l'obligation d'obéir et de vivre selon le rite imposé par une autre espèce.
- L'obsession du propriétaire du zoo est de toujours gagner plus d'argent.
- Avec des projets maltraitants.
- Il cherche à avoir l'idée en premier pour avoir les honneurs des médias pro-violence. Il était obsédé par le désir de pouvoir attirer des clients avec un bébé Panda géant.
une belge : Je vous coupe mais les belges ont eu aussi leurs bébés Pandas géants.
- Exact.
- Je suis guyanaise. Extraire le vivant, sans son consentement, de son lieu de vie, rappelle les enfants de l'île de La Réunion volés à leurs parents pour les faire adopter dans l’hexagone Soupolé, ou les pensionnats d'assimilation forcée des enfants autochtones en Guyane Soupolée ou au Canada.
- Attendez je sors de mon sac de lectures en cours le livre "Allons enfants de la Guyane" de Hélène Ferrarini, publié en 2022. Je vous lis un bout de la préface écrit par Alexis Tiouka, enlevé à l'âge de 6 ans pour être éduqué dans un home ce qui l'a empêché de devenir un jeune adulte à l'aise dans la forêt. Il aurait du apprendre à observer, regarder, respirer, sentir, parler, répéter des gestes des adultes, tout ce qui est utile pour qui cherche à répondre à des besoins fondamentaux sans détruire l'environnement des Autres. Pourquoi les Guyanais connaissent-ils si peu ce drame collectif et l'Histoire de la Guyane en général ? Parce que...
L’Éducation nationale ne veut pas aborder ces sujets. D'autres raisons sont d'ordre psychologiques :
la PEUR de SAVOIR entraîne le REFUS DE SAVOIR.
L’ÉVITEMENT de ces sujets entraîne leur IGNORANCE.
- Ah revoilà cette fameuse Peur !
La Princesse : Un sujet passionnant. Connaissez-vous les conséquences de la peur sur nos vie ?
Elle est interrompue par un couple discutant dans une langue étrangère.
- Ah des chinois.
- Pas du tout je suis né Soupolé. Seule mon amie est chinoise. Je parle mal sa langue natale.
- Excusez mon erreur de câblage dans le cerveau. Ce dernier croit que tous les vrais blonds sont des néerlandais et que les yeux en amande sont chinois.
- Vous me faîtes soupirer. C'est désagréable cette tendance à refuser d'accepter qu'être né sur un territoire fait de vous, de nous, un citoyen de cette terre.
- Vous tombez bien. J'ai lu dans le livre le sens de la Tech un échange avec O. Girard, président d'Accenture France et Benelux et P. Picq, paléoanthropologue. Je ne suis pas d'accord avec eux. Ils n'ont pas d'exemple de technologie déviante...
- Comment est-ce possible ?
- Dans quel monde vivent-il ?
- Ah surement encore cette idée que c'est juste l'usage d'une technologie qui en fait ou pas un problème. Un fusil est fait pour blesser ou tuer. Point barre.
- ...et une population ne renoncerait à une technologie que parce qu'elle ne l'a pas acceptée culturellement ou parce qu'elle n'a pas été accompagnée à s'adapter au changement voulu par les trop riches. Il suffirait d'opposer le numérique californien, le gentil, au numérique chinois, le méchant. Monsieur Picq dit "En Chine, les gens acceptent ce qu'on y appelle le "réseau céleste", ce système de surveillance globale qui vous trace grâce à la reconnaissance faciale".
- C'est faux. Je le mets au défi de venir habiter chez nous et de dire "je ne donne pas mon consentement à la reconnaissance faciale" sans subir de conséquences graves. C'est la peur qui mène à l'utilisation passive ou à l'indifférence.
- Des personnes doivent être satisfaites tout de même.
- Oui des personnes sont contentes d'entrer dans le système de compétition des points du Crédit social pour pouvoir ressentir la jubilation d'humilier autrui.
- Mon amie chinoise réfléchit justement à ce sujet depuis qu'elle a lu le livre "la société de surveillance made in China" de Zhang Zhulin paru en 2023.
- Oui il est bien expliqué que les effets psychologiques de notre éducation scolaire ou télévisuelle sont corrosifs. Nous sommes même incités à dénoncer le mauvais comportement de nos parents.
- En Chine, la propagande affirme que la perception de la sécurité par la population est de 99,14% alors qu'elle vit dans la peur, provoquée par une insécurité pesante. Des gens disparaissent.
- Ici je parle de sujets que mon cerveau évitera de traiter en Chine. Néanmoins je m'autocensure aussi ici parce que je crains des représailles de retour au pays. Mes propos sont surveillés ici aussi. Je parle comme si j'acceptais la surveillance de masse mais toute chercheuse sérieuse et digne de confiance arriverait à me faire dire ce que je ressens.
La Princesse : Un sujet passionnant. Pouvez-vous nous résumer les conséquences de cette peur découlant de l'éducation et des messages diffusés par les TV et radio ?
- Cette PEUR se transforme en AUTOCENSURE, en SILENCE, en DISTANCE SOCIALE, en VIGILANCE EXTRÊME, PARANOÏA COLLECTIVE, SERVITUDE, CONFORMISME, FUITE...écrit Zhang Zhulin page 73. Allez nous allons être en retard. Ce fut un plaisir de discuter avec vous messieurs-dames.
Le couple part en silence. Des chuchotements s'échangent pendant cinq minutes et des regards mécontents s'orientent vers la caméra de surveillance la plus proche puis le regard accroche de nouveau le Panda en cage.
- Le propriétaire du zoo n'a pas hésité à pratiquer l'insémination artificielle pour obtenir le premier bébé comme s'il n'éprouvait aucune sympathie pour le corps de la mère.
- Il paraît que le Grand vizir prépare des vœux de réarmement des utérus pour l'année prochaine. Il voudrait que plus de femmes enfantent pour faire plaisir à ses chiffres alors que des enfants vivent dans la rue et qu'il traite mal les enfants de Mayotte et des Outre-mer.
- Votre remarque me fait peur. Nous ne sommes pas près de vivre la fin des viols liés à l'éducation. Si même un gouvernement s'octroie un droit sur nos corps...
- Le Grand vizir veut aussi interdire à la langue Soupolée de retrouver sa tradition, celle qui laissait une place au féminin.
La Princesse : Ouch ! Aucune envie de le rencontrer.
- J'ai appris à mes enfants à remplacer le mot zoo par prison pour animaux non humains. Je les fais réfléchir sur la vie en prison, sur le conditionnement des animaux puis sur notre propre conditionnement sous les caméras de surveillance dans la rue, dans les commerces, suite à l'écoute de médias et suite aux enfermements dans des bulles internet.
- Faire réfléchir des gamins c'est dangereux. Les chantres de la stabilité de cette vie médiocre qui nous auto-détruit reparlent de mettre des uniformes en classe et d'éduquer à devenir des travailleurs d'entreprises toxiques. Je pense à celles de l'informatique qui pourrissent nos vies par ses dysfonctionnements ou par sa préférence pour le contrôle social et pas pour la qualité du travail bien fait et à celles s'étant enrichi sur le pétrole et le gaz et le nucléaire.
- A ce sujet il y a la société Ervor souvent à la TV parce qu'il doit y avoir un lien avec CroissancePlusse alors que TotalEnergies préfère les pages de publicité dans les journaux. Toutes arrêtent de communiquer sur les énergies fossiles pour mettre en avant le reste comme si les dégâts causés par leur société pourraient un jour être oubliés.

Agrandissement : Illustration 6

- Oui. Ce sont des exemples typiques de cadres dirigeants devant leur richesse aux énergies fossiles et au nucléaire mais qui n'ont jamais ni payé les dégâts sur la santé du vivant ni remboursé la dette publique induite par ces dépendances.
- Regardez ce que je sors de ma poche. Un article de presse du journal les Echos. Une partie des Soupolés est totalement soumise aux désirs des puissants. Ils vont bouchonner, polluer avec leur voiture pour aller au zoo de Beauval. Et le préfet vante l'emploi local créé.
- Un loisir minable. Autant de visiteurs en quatre jours lors du week-end de l'Ascension que pendant deux semaines au mois d'août. Et pour s'enthousiasmer devant quelle nouveauté ? La plus grande volière d'Europe.
- Le préfet du Loir-et-Cher a répondu aux journalistes : On ne peut pas avoir un tel développement sans quelques externalités négatives.
- Il faut se préparer à répondre au chantage à l'emploi le jour où il faudra fermer ce genre de mouroir. La solution sera de faire tout le contraire de la politique du Grand vizir. Il faut une bonne assurance chômage laissant du temps à une reconversion et/ou un déménagement. Perdre son emploi ne doit plus générer de la PEUR mais un moment de changement petit ou grand qui fortifie.
- Mille millions de drones de bonheur ! Nous voici dans un nid d'extrême gauche Suze. Vite ma mie quittons cet endroit.
- Oui viens courons vers les vendeurs de solutions Technopolice.
Des bruits de pas précipités perturbent l'attention pendant quelques secondes.
- Ont-ils peur de se mettre à penser ?
L'hilarité gagne les témoins des publicités qui ont commencé à se succéder sur la machine.
- Jeanne !
- Ah. Clovis. Bonjour.
- Oh dis donc tu as encore grossi.
- Pas du tout. Tu ne m'as pas vu nue, alors comment tu peux savoir ?
- Tu as raison il faut que je vérifie.
- Non, vite, supprime, efface ce que je viens de dire.
- Si, si faut vérifier.
- Mais non. Je t'explique. Ta remarque m'a énervée et mon cerveau s'est trompé dans le routage de la réponse. Il m'a fait répondre ce que je pensais au lieu de ce que je voulais dire, une insulte.
- Un lapsus révélateur.
- Tu m'énerves là. C'est juste de la connerie humaine classique. Oh mais pourquoi tu te mets à pleurer.
- C'est le bébé Panda géant là. Ses conditions de détention m'émeuvent.
- Elles sont moins pires que dans les camps de migrants en Grèce ou dans les Centre de rétention administrative ici.
- Ne raisonne pas en moins pire, cela laisse penser que cette situation est acceptable.
- Allez viens allons-en discuter dans le parc. J'ai l'impression que nous sommes sur écoute.
"Ah non non " répond le groupe autour du panneau numérique..
Des sirènes annoncent l'arrivée de sapeurs pompiers.
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Histoire précédente : https://blogs.mediapart.fr/isabelle-clere/blog/250124/qui-reveillera-lebo-de-soupole-4z
Histoire suivante : https://blogs.mediapart.fr/isabelle-clere/blog/240324/qui-reveillera-lebo-de-soupole-6z
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Sources
Santé
https://blogs.mediapart.fr/christophe-prudhomme
https://www.mediapart.fr/journal/france/dossier/l-hopital-bout-de-souffle
animaux sauvages
https://actu.fr/societe/enquete-fin-des-animaux-sauvages-comment-les-cirques-veulent-contourner-la-loi_60470986.html
https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/200124/dans-la-tete-des-animaux-d-elevage
https://uicn.fr/liste-rouge-mondiale/
https://www.iucnredlist.org/species/712/121745669
ESS et masques
https://www.mediapart.fr/journal/france/dossier/le-fiasco-des-masques-face-au-covid-19
https://blogs.mediapart.fr/christophe-winckler/blog/151022/la-coop-des-masques-naurait-pas-du-mourir
https://lejournal.cnrs.fr/articles/lecriture-inclusive-par-dela-le-point-median
https://basta.media/le-feminicide-est-un-crime-de-proprietaire-qui-tue-parce-qu-il-perd-le-pouvoir
Le zoo de Beauval sous forte pression. Les Echos du 15 juin 2023.
https://www.lesechos.fr/pme-regions/centre-val-de-loire/surtourisme-le-zoo-de-beauval-sous-forte-pression-1952207