Mise à jour le : 26 octobre un lien.
Avertissement : un féminicide peut choquer.
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Les décibels envoyés par l'avion finissent par attirer les regards puis lorsqu'ils redeviennent raisonnables, les conversations reprennent, rapidement interrompues par un appel au secours.
- L'Homme araignée !
- Que lui arrive-t-il ?
Des sapeurs-pompiers partent à son secours.
- Oh il n'arrive plus à s'accrocher à la paroi du mur et il risque de s'écraser, crie une voix tremblotante.
Tous les regards sont inquiets. La tension est palpable et se matérialise par un bâillement chez les chiens présents.
Une sapeur-pompier : Il est victime d'un épuisement professionnel. Nous lui avions conseillé de ne plus travailler que 4 jours sur cinq mais il avait peur d'être licencié pour inaptitude.
Les regards se détendent en voyant Spiderman récupéré sain et sauf par les sapeurs-pompiers.
Agrandissement : Illustration 1
Un grincement aiguë se met à déchirer les tympans.
Le public met ses mains sur ses oreilles. Une personne arrive en tournant lentement les roues de ses jambes augmentées. Tous les regards se tournent vers elle.
- Bonjour tout le monde. Comme vous pouvez l'entendre, nos soi-disant brillants ingénieurs n'ont toujours pas inventé des véhicules aidants, utiles ET efficaces.
Les mains retrouvent la mobilité.
- Et les gouvernements successifs ont tous été trop incompétents pour créer des infrastructures accessibles. Le chauffeur de taxi a été obligé de se débarrasser de moi sur la piste cyclable.
Les oreilles se tendent.
- Il va prendre une amende. Je ne suis donc pas rentable. La dernière fois que j'ai pris le bus, j'ai valdingué dans un virage et j'ai eu une cote cassée.
Les oreilles se distendent.
- Le chauffeur de taxi a vu qu'il restait une place pour s'arrêter dans la rue des Trottoiros mais pour venir jusqu'ici j'étais ensuite obligée de rouler sur la route. Et comme je viens de passer trois mois à l'hôpital psychiatrique je
Quelques personnes s'enfuient en criant : "Une folle ! Nous allons finir assassiné !"
Un groupe leur dit au revoir en langage des signes et éclate de rire.
- La responsabilité des médias dominants est aussi importante que celle des politiques dans l'effondrement des services publics et dans la perception du secteur de la santé.
- Oh comme vous avez raison. Je souffre de psychoses et à force d'écouter et de lire les médias j'ai fini par croire que le diagnostic médical était faux. Nos symptômes et nos comportements ne correspondent pas du tout à ce qui est décrit comme une psychose, des hallucinations, une bipolarité, une schizophrénie alors j'ai cru que l'équipe soignante était incompétente et j'ai arrêté mon traitement sans la prévenir. Si je ne peux pas faire confiance aux médias, comment est-ce que je m'informe ?
Des oreilles sont grattées.
Un homme arrive marchant d'un pas rapide : Géraldine ! Je te cherche depuis deux heures ! Tu ne réponds pas à mes messages. Je n'ai pas que ça à faire.
Géraldine : Je vous présente mon amoureux, Bruno. Il croit que
"Bonjour Bruno" dit le public.
Bruno énervé : Géraldine ! Je mets fin à notre relation. Ton handicap physique je tolérais mais là ton handicap psychique franchement, j'ai trop la honte.
La fée à la Princesse : Il lui inflige la troisième peine, selon la vision des validistes cruels.
Géraldine à la voix chevrotante : Qu'est-ce que tu dis ? Je ne comprends pas.
Bruno lève les bras et les yeux au ciel et lui lance une moue méprisante : Je te quitte.
"Je te quitte" répète le public.
Bruno : Je dois changer d'ordre moral pour ma carrière. Je viens d'être augmenté. Il me faut une compagne présentable au travail.
Géraldine balbutie : Tu me quittes ?
"Tu me quittes ?" répète le public.
Bruno : Oui je pars prendre mes affaires. Je te laisse le chat. J'ai envoyé le recommandé mettant fin au bail. Tu dois quitter le logement d'ici trois mois.
Géraldine balbutie : Trois mois ? Mais nous sommes en zone tendue, le délai est de un mois.
"Le délai est de un mois" répète le public.
Le visage de Bruno s'éclaire : Je ne savais pas. Encore mieux. Allez, adieu. Je suis en train d'emménager dans un deux pièces. Je t'inviterai pour la pendaison de crémaillère.
Géraldine est en état de choc. La fée va poser une main sur l'épaule de Géraldine et la réconforte. Elle lui indique qu'une fée psychologue tient un stand à côté et elle lui conseille de s'y rendre immédiatement. Un grincement aiguë reprend.
Géraldine d'une voix blanche : Si je vous ai interrompu, reprenez. Faîtes comme si je n'existais pas, sauf si vous voulez vous plaindre d'un excès de dépenses publiques et que vous cherchez une bouc émissaire.
Gêné le public regarde le ciel espérant y trouver quelque chose à dire.
Un homme arrive surexcité : Chut ! Le directeur du département Analyse et prévision à l'OFCE, monsieur Eric Heyer, est interrogé par le magazine Alternatives économiques dans le square des Idées.
- Connais pas.
- Il est capable de changer d'avis si tu lui apportes des arguments auxquels il n'avait pas pensé. Une qualité qui permet de combattre ses propres idéologies pour les réaligner sur ses valeurs.
- Oh vite, il faut placer un micro et le connecter à mon ordi-sono.
- Tiens prends mon ordiphone et va le placer discrètement près d'eux. Je viens de déclencher le mode audio, écoute et enregistrement.
- Je vais avec toi. J'ai des feuilles et des crayons.
Il part en courant suivi de sa comparse.
- Arrêtez de courir ! Vous allez attirer le mauvais œil du Centre de sécurité urbain !
Iels reviennent trois minutes après : Notre système d'espionnage est en place. Nous avons attaché l'ordiphone à côté du lampadaire, celui dans lequel une caméra rouge est incrustée. Un panneau indique qu'elle filme à 360 degrés et à plus de 300 mètres. Rouge veut dire qu'elle filme sans le son, c'est ça ?
- Oui.
- J'ai attaché une feuille à côté où j'ai écrit "je reviens le chercher".
- Nan mais là c'est n'importe quoi, il suffit d'acheter le magazine papier d'Alternatives économiques ou de disposer d'un abonnement numérique pour lire l'interview.
- Bof.
- Messieurs dames nous sommes les James Bond de l'initiative citoyenne.
Rires.
- Chut !
Du silence installé dans le groupe émerge une voix : La semaine de quatre jours est une excellente idée mais à plusieurs conditions. L'une d'elles est de ne pas passer les journées libres à prendre l'avion, le bateau de croisière ou à dépenser de manière irresponsable. Qu'en pensez-vous monsieur Heyer ?
- Il ne faut pas confondre la semaine de quatre jours et la semaine "en" Quatre jours.
- Vous avez raison. En Belgique, les journées peuvent durer 9h30. Et l'intensification du travail peut entraîner une fatigue responsable d'accident, même routier en sortant du travail. Elle peut aussi mener à des pauses plus courtes et à moins de collectif, me rapportait Stéphane Pimbert de l'INRS.
- Oui. La semaine de ou en quatre jours peut être aussi compatible avec de mauvaises conditions de travail. Tout est une question de choix d'organisation.
- Philippe Askenazy nous rappelait que les lois Robien et Aubry portaient une volonté de créer des emplois en réduisant le temps de travail. Aujourd'hui, cette vision n'est plus du tout défendue, par la gauche notamment. L'idée qui prédomine est davantage celle de l'aménagement du temps de travail. La question de la création d'emplois s'est, en quelque sorte, évaporée.
- Oui.
- Même au niveau européen l'objectif prioritaire semble être d'arriver à zéro secteur cherchant désespérément des employés. Au lieu de viser d'améliorer les conditions de travail, c'est comme s'il fallait des salaires bas pour forcer une partie de la population à travailler le cinquième jour dans un de ces secteurs où personne ne veut travailler. Vous, vous voyez plutôt un moyen d'augmenter le taux d'emploi des séniors ?
- Oui. La semaine de quatre jours pourrait être une solution pour améliorer les conditions de travail en fin de carrière et augmenter le taux d'emploi de façon beaucoup plus douce qu'en augmentant l'âge de départ à la retraite. Cela pourrait aussi contrebalancer la sévérité et la dureté de la réforme [des retraites ].
- Merci monsieur Heyer. Et bien sûr, la semaine de quatre jours devra se clipser dans le "consommer moins mais mieux" et avoir comme socle une qualité de vie nécessitant moins de besoins financiers qu'aujourd'hui. Un moyen de moins dépendre des marchés financiers. Bonne journée à tout le monde !
La liaison est coupée. Le couple part récupérer son dispositif en montrant la paume d'une main à la caméra de surveillance la plus proche ce qui correspondait à un doigt d'honneur au siècle précédent.
- Waouh la semaine de quatre jours avec le même salaire pour les bas de l'échelle ! Et les Fées qui travaillent à mettre en place des standards permettant de vivre avec moins de besoins financiers. Quand nous mettons-nous à en discuter pour déployer toutes ces innovations ?
Pendant trente secondes le public communie sur une vision commune.
Les sapeurs-pompiers remettent le casque et se tiennent la main pour montrer leur unité.
- Nous sommes ici pour protester à la fois contre la réforme des retraites et contre la paupérisation de la classe populaire européenne.
- Une démonstration de force, de solidarité internationaliste qui ne manquera pas, nous l'espérons, de donner du courage à tous les manifestants.
Six enfants, devenus orphelins suite au décès d'un père ou d'une mère au travail, viennent déposer le scel de la solidarité sous le port gracieux et retombant du divin Arsin. Un jardinier tient une pelle dont le manche a été fabriqué par une branche qu'Arsin avait tué pour diminuer ses besoins en eau lors d'une sécheresse. Du pollen échappé des fleurs du saule entraîne des salves d'éternuements et des yeux larmoient.
Un enfant va faire un câlin au tronc : Oh Arsin tu n'aimes plus les animaux humains alors tu leur envoies une quantité de pollen allergisant. Tu nous rends malade pour nous éloigner de toi.
Une enfant s'inquiète : Arsin ne parle pas Soupolé. Quand les puissants vont se rendre compte que l'allergie au pollen génère des arrêts de travail ils imposeront de tuer tous les saules.
Une enfant regarde les racines apparentes : Tuer les arbres est un crime mais tous les criminels ne finissent pas en prison.
Un raclement de gorge. Un sapeur-pompier continue.
- Nous n'avons même plus assez de médecins et de soignants. Le système de santé continue de s'effondrer parce qu'il faut respecter l'ordre économique néolibéral.
- Les sapeurs-pompiers sont les témoins de la misère sociale.
- Sauver, aider, ne pas porter de jugement, nous définit nous les pompiers.
Le public applaudit.
- A force d'accroitre les inégalités de patrimoine, le peuple est incité à la révolution.
- Nous avons l'impression d'aller vers un système de caste: des gens qui vont bien et des gens qui servent à alimenter ces gens là.
- La convergence des luttes entre Soupolés et Belges est réconfortante et indispensable pour tenter de contrer les comportements et les décisions mortifères des puissants.
- La retraite, le chômage, la hausse des prix créent de la détresse.
- Nous intervenons sur les conséquences de la violence subie, cette violence choisie par les défenseurs et les défenseuses de la réforme des retraites et des réformes de l'assurance chômage.
- Les privilégiés ont une peur folle du mot égalité.
- Iels luttent contre l'égalité des droits tout en prétendant le contraire.
- Jugeons les actes et n'écoutons les discours que pour mieux montrer les mensonges. Lisons les programmes des candidats et mettons les en regard de leurs votes.
- Poussez-vous ! Poussez-vous !
Les têtes se tournent vers de nouveaux arrivants qui portent tous le même uniforme.
La Princesse : Des militaires ?
La Fée rit : Non. Il s'agit de l'uniforme des médias possédés par les milliardaires. Le grand vizir a commencé par imposer l'uniforme à l'école pour créer le mythe de l'égalité des chances.
- Poussez-vous ! Nous allons tendre un micro aux maires qui se réunissent pour applaudir l'installation de la Technopolice, une grande fatalité.
Des grognements dans le public montrent leur désaccord avec cette opinion contredite par les faits.
La Fée chuchote à l'oreille de la Princesse : Un choix politique.
- Mais poussez-vous donc !
- Pourquoi passez-vous par ici ? L'entrée est là-bas.
- Pour tester notre nouvelle publicité. Oh un marchepied ! Permettez que je monte dessus pour être mieux entendu. Hop. Bonjour ! Nous recrutons. Si vous êtes journaliste et que vous pensez que ChatGPT devrait devenir LA source d'information pour enseigner dans les écoles de journalisme, votre profil est le nôtre. Tiens Mimill à toi.
- Hop. Sympa le marche pied en bois pliable. Bonjour ! Vous n'aimez pas chercher des sources ? Vous êtes un adepte de la simplification mentale ? Vous adorez regarder des vidéos TikTok et votre médecin généraliste vous a expliqué que c'était la raison pour laquelle vous n'arrivez plus à lire au-delà de deux phrases d'affilées ? Votre passion est de simplifier l'environnement pour qu'il colle à vos opinions ? Notre émission "Personne n'a de solutions. Une Fatalité" est conçue pour vous. Venez rejoindre nos auditeurs et nos spectateurs. Le Qr-Code d'accès aux rediffusions est dans notre dos. Garanti zéro risque car certifié par l'équipe de cybercrimina heu je veux dire par l'équipe cybersécurité de notre chaîne de TV/Radio. Hop je desc ahaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah. Qui m'a lancé ce livre dans les bras ? Aaaaaaaaaaaaaaaaaaah je suis en déséquilibre.
Il bat des bras comme un oiseau dont la patte reste engluée pour faire plaisir à un chasseur puis finit par descendre les 50 centimètres et lit la couverture : Internet et Libertés, 15 ans de combat de la quadrature du net. Que voulez-vous que je fasse de ce livre ? Je n'ai pas besoin de lire. J'utilise l'IA générative quand j'ai une question, moi au moins.
La Fée lui propose de récupérer le livre, ce qu'il accepte soulagé. Les uniformes poursuivent leur chemin.
- C'était qui ?
- Qui ?
- Je veux dire c'était des animateurs de quel milliardaire ?
- Je m'y perds. Vincent Bolloré a ses médias d'opinion d'extrême droite. Machin Arnault, machin Drahi, machin Safa ont leurs médias d'information et d'opinion. Le grand vizir fait le ménage dans les médias d’État mais il n'est pas encore milliardaire.
- Cherchez l'infographie du monde diplomatique pour savoir qui possède les médias Soupolés. L'âge de Faire la reproduit aussi il me semble. J'ai entendu ces propos chez DrahiBusiness mais ce genre d'idioties est véhiculé par tous les ultra-riches pour nous transformer en répéteuses idiotes. Bon laissons les sapeurs-pompiers continuer.
La Fée à la Princesse : Pour appliquer la nouvelle idéologie les cheffes des médias d’État ont licencié des humoristes et ont mis fin à des émissions informant sur le dérèglement climatique et les pollutions.
- Oh oui hein, hein c'est terrible madame la Fée. Nous ne payons plus la redevance télévisuelle. Le gouvernement peut maintenant exercer du chantage et échanger du financement contre un choix éditorial.
Un raclement de gorge. Un silence.
- Les défenseurs de la réforme des retraites et des politiques publiques mortifères ne se retrouvent jamais jugés par la Détresse qu'ils ont créée.
- Et malheureusement la Détresse hante les corps; et plus elle y habite, plus elle grandit et plus elle fabrique de la Souffrance et un jour le corps ne la supporte plus et veut qu'elle disparaisse. Et pour ce faire, en dehors du suicide, du meurtre ou de recevoir de l'assistance, une solution reste de transformer la Souffrance en violence. Elle explose alors à la face de celui ou de celle qui se trouve présent mais non responsable, à côté du corps en détresse. Injuste.
- Ou elle explose contre soi.
- Oui mais même une violence contre soi, comme le sont toutes les drogues, peut générer en même temps une violence contre autrui.
- Nous subissons cette violence, conséquence des politiques gouvernementales et européennes, par ricochet.
Un chien se met à hurler comme un loup.
- Ah il s'ennuie ou la situation inhabituelle l'inquiète, bon je vous laisse.
Le public écoute les bruits du loustic qui file, heureux, flairant le sol à toute vitesse, suivi par sa gardienne.
- Les sapeurs-pompiers de Belgique manifestent contre la paupérisation de la population belge.
- Nous sommes impliqués dans la vie de la société et nous sommes les pansements de la misère sociale.
- Nos besoins augmentent.
- Nous intervenons quand ça s'est détérioré.
- Nous essayons de fédérer chaque mouvement de lutte avec d'autres pays. Partager est important.
Des routiers, habitants de différents pays européens, prévenus de la présence des pompiers, klaxonnent joyeusement pour montrer leur solidarité.
- La direction de TotalEnergies est une briseuse de grèves alors que nous sommes des faiseurs de solidarité.
- En Belgique, la raffinerie devait livrer en carburant le royaume de Soupolé pour contourner les grèves Soupolées mais il existe de la solidarité et les employés ont refusé.
- La solidarité ne connait pas de frontière mais des députés européens restent encore trop proches des puissants. Ils sont dépourvus de projets de société améliorant la qualité de vie d'une majorité.
Une Fée pompier s'avance au milieu du cercle, près du tronc, et agite un livre : Lisez le projet des Fées pour une qualité de vie minimale pour toutes les européennes. Les besoins financiers seront ensuite inférieurs à ceux d'aujourd'hui pour mener une vie heureuse, à l'opposé de la vie destructrice des trop riches. La douche à l'italienne, c'est à dire au ras du sol, est la base permettant d'inviter chez soi tout le monde et de déménager sans surcoût partout.
- N'y-a-t-il point un QR-Code à scanner pour télécharger votre livre ?
- Et créer des déchets numériques et prendre le risque de télécharger un programme de la cybercriminalité ?
L'hilarité gagne les rangs.
La Fée sourit : Et s'esquinter les yeux et le cerveau en lisant sur un mini écran ? Encore une invention pour abêtir les classes moyennes inférieures.
- Les puissants nous déshumanisent tellement que même la douche à l'italienne, installée au camping ou par la petite bourgeoisie chez elle au siècle précédent, est refusée dans les habitats collectifs neufs car vue juste comme un coût et non comme un standard indispensable à la vie.
De l'autre côté de la rue une voix d'une intensité élevée, affutant une colère froide, sort d'une des fenêtres au sixième étage : Humilié ! Qu'est-ce que c'est que cette chanson Marie de Johnny Hallyday ?
- Qu'est ce que tu dis ?
Des fans de Johnny imitent leur idole et lancent : Oh Marie, si tu savais, Tout le mal que l'on me fait.
- Humilié !
Le public est soudain hypnotisé comme devant un écran. La femme recule et se retrouve acculée. Elle penche le dos vers l'extérieur comme pour s'éloigner du visage rempli de haine. En deux temps trois mouvements il la pousse dans le vide. Le bruit de la rue couvre celui de la chute.
Six pompiers partent en courant. Trois s'occupent de la circulation pour traverser la rue fréquentée. Les trois autres partent chercher un signe de vie.
- Waouh ça passe vite la stup
- peur ? Oui.
- Ah ? Moi j'ai trouvé ça super long comme scène.
Les pompiers relaient deux mots "trop tard".
L'homme à la colère froide ouvre la porte d'entrée de l'immeuble, sort et se lamente : Qu'as-tu fait chérie ? Pourquoi te défenestrer ?
Il s'adresse aux pompiers avec des trémolos dans la voix: Elle était dépressive.
Le public retrouve sa vivacité d'esprit et trouve une explication qui convient à sa rationalité cruelle : Ah, elle était dépressive, tout s'explique.
Les premières paroles sont "Encore une sous cachetons", "encore une faignasse", "c'est normal qu'elle se soit suicidée si elle était dépressive".
La Princesse se tourne vers la Fée mi-stupéfaite, mi-coléreuse : Il l'a tuée !
Un voisin de la Princesse : Vous avez raison. La chanson Le Pénitencier de Johnny Hallyday m'est venu à l'esprit.
Une voisine : Et moi j'ai chantonné intérieurement la chanson Les Coups de Johnny, "Oh oui, ça fait mal, Les coups, Qui t'apprennent à vivre".
La Princesse répète abasourdie : Il l'a assassinée.
Une militante passe dans les rangs montrer sa pancarte : Contre les violences machistes, révolte féministe. Antipatriarcat. Autogestion. Union communiste libertaire.
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Une syndicaliste la suit avec la sienne : Contre les violences faites aux femmes, on doit agir syndicalement. Union syndicale Solidaires.
Agrandissement : Illustration 3
Une partie du public entonne un chant anti-patriarcal et une autre "Requiem pour un fou" de Johnny Hallyday qui est subitement reprise par une majorité :"Je l'aimais tant, que pour la garder je l'ai tuée, Pour qu'un grand amour vive toujours il faut qu'il meure".
La Princesse écœurée : S'il l'aimait, il ne l'aurait pas tuée.
La Fée : Oui. La Cruauté sévit sur toute la planète et les Soupolés en sont tous et toutes des descendants.
L'homme sanglote à côté des restes de sa chérie.
Plusieurs femmes dans le public : Oh le pauvre. C'est dur. Il faut aller le réconforter.
Un pompier sur place crie à ses collègues : Le corps devient transparent.
Le public estomaqué chuchote : La Grande Transparence.
La fée à la Princesse : Elle va rejoindre les Veilleuses.
- La Grande Transparence c'est la première fois que je la vois.
"Pas nous" répond un collectif féministe.
Des personnes filment et diffusent sur internet.
- Qui a pensé à appeler la Police ?
- Nul besoin. Les caméras de surveillance ont tout filmé.
- Ah oui vous avez raison. Ce n'est pas notre affaire. Nous pouvons nous contenter de faire des photos pour nos réseaux sociaux.
Une sapeur-pompier : Si si. Nous sommes obligés d'appeler. C'est la procédure.
Le public retourne la tête car l'homme se remet à sangloter de plus belle.
- Je le connais. Son nom est, attendez que je me souvienne, monsieur Panamapéppeurss. Il est avocat d'affaires.
- Il n'a pas de chance.
- Ah ça non. Avoir une femme dépressive.
- Elle a eu raison de se suicider.
- Entièrement d'accord. Il va pouvoir se remarier avec quelqu'un de méritant.
- Dommage qu'il soit avocat d'affaires. Je m'apprêtais à diffuser une demande d'indignation contre lui sur les réseaux sociaux vu que d'ici il a l'air d'avoir la peau bronzée mais je vais plutôt diffuser une demande d'indignation contre elle pour qu'il soit blanchi de toute accusation.
- Vous descendez bien de la Cruauté vous.
- Pas du tout. Je suis gentil comme tout. Je ne touche personne physiquement. Je ne fais que parler sur les réseaux sociaux ou relayer de l'information.
- Tout de même, vous allumez le feu. Ce geste n'est pas anodin
- Oh quel rabat-joie vous faîtes ! Je suis d'accord avec le gentil monsieur, surtout qu'avec la montée du wokisme, la solidarité masculine s'avère de plus en plus nécessaire. Alors je ne connais pas cet avocat mais je lui enverrai tout mon soutien. Perdre ainsi sa femme, c'est terrible.
- Moi je le connais. Ne vous inquiétez pas pour lui. Il paiera une campagne de communication pour se poser en victime.
- Moi aussi je le connais ! Il conseille l'entreprise de mon père. Il est d'une gentillesse. Mon père le trouve adorable. Il nous a dit la semaine dernière que sa femme voulait divorcer. Or, en principe c'est l'homme qui est à l'initiative de la demande alors il n'a pas apprécié. Et il a décidé d'accuser sa femme d'être violente et de le clamer sur tous les toits pour qu'elle ne puisse plus jamais retrouver de partenaire.
La bouche du public forme un "oh" de surprise puis...
- Génial cette astuce quand tu veux lourder une emmerdeuse ! Facile à utiliser.
- Messieurs, je la rencontrais au cours de rumba. Elle était incapable d'user de violences physiques. Elle ne savait même pas se défendre. Alors cette astuce, comme vous dîtes, n'aurait pas tenu deux minutes devant la Justice.
- Détrompez-vous ! Si nos ministres dépensent beaucoup d'argent et paient plusieurs avocats c'est bien que les contournements de la loi peuvent ne pas être punis.
- Au dernier cours de rumba congolaise elle était tellement amochée à l'intérieur qu'elle a du s'arrêter de danser. Les douleurs étaient trop fortes. Je vous dis que c'est lui qui est violent.
- Ah bah la mort l'enjolive alors.
- Il a raison. Fini les douleurs.
- Comment pouvez-vous trouver cette mort acceptable ?
Le public ne sait sur quel pied danser.
- Vous vous souvenez de cette chanson datant de 1991 ? "Si je dois tomber de haut, Que ma chute soit lente, Je n'ai trouvé de repos, Que dans l'indifférence".
- Ah Mylène Farmer.
Le public se met à danser et à chanter "Rien n'a de sens et rien ne va, tout est chaos, à côté, tous mes idéaux, des mots, abîmés... je cherche une âme, qui, pourra m'aider, je suis d'une génération désenchantée".
Une femme grimpe sur un rondin tabouret : J'aime bien les textes personnels qui reflètent les émotions d'une personne à un moment donné car les émotions sont universelles mais je doute que cette chanson puisse être interprétée comme un hommage à une personne assassinée. Je rappelle qu'elle ne s'est pas suicidée.
Une partie du public qui ne connaissait pas la défunte crie "une femme de mauvaise vie. Taisez-vous donc".
- Peu importe que la chanson ne soit pas adaptée au macchabée si elle l'est pour nous. A présent, il faut penser aux vivants. Changeons de sujet.
Du monde arrive vers le corps en même temps que la Police qui leur demande de partir, pour ne pas gêner la circulation.
Un homme monte sur un rondin-tabouret : Qui a filmé la scène ?
Dix pour cent de l'assistance lèvent la main.
La Princesse soulagée : Nous avons la preuve qu'il l'a tuée.
Une femme s'approche d'elle visiblement furax : Pourquoi elle cause, l'autre, là. Elle veut créer du désordre dans notre ordre moral ?
- Elle n'a pas entendu la dame, là. Le macchabée était dépressif. Il coutait aux finances publiques. Comment pouvons-nous assurer le train de vie du Grand Vizir si des paresseuses deviennent dépressives et augmentent les dépenses en santé ?
Une femme arrive marchant dans une bulle de savon géante : Madame la Fée je cherche le bouton qui permet de divorcer sans être assassinée.
La Fée soupire : Il n'existe pas. Appuyer sur un bouton est une invention de la population pour ne rien changer à l'ordre patriarcal. Plutôt que de comprendre le fonctionnement du cerveau et de donner les outils pour mettre deux individus à égalité, la population préfère toujours le dénigrement, l'indifférence et la pensée sans profondeur. La bulle est là non pour protéger mais pour rappeler à tout le monde que la mentalité de la civilisation tue.
Deux hommes apparemment sans abri depuis plusieurs jours viennent remplir une gourde au robinet d'eau potable.
- La pompe est en panne. C'est écrit.
Le regard las : We are Afghans. We don't speak soupolé.
La Fée pompier leur explique où se trouve un autre robinet d'eau potable. Ils repartent le pas lent et lourd.
Un raclement de gorge.
- Allons chercher les solidarités dans les autres pays.
- Les sapeurs-pompiers sont les témoins des vies dures.
- Oui nous voyons la misère car nous entrons dans l'intimité des gens.
Une femme crie. Le groupe se retourne.
Elle leur montre la caméra de surveillance au dessus de sa tête : Regardez ! Au centre de sécurité urbain ils peuvent zoomer sur mon décolleté et même suivre mon décolleté tout le long de mon parcours sur la voie publique. Quand ce voyeurisme va-t-il cesser ? Va-t-il falloir que je porte une burka pour me protéger du regard insistant de l’État.
Toute rougissante de voir autant de paires d'yeux et d'oreilles pointés vers elle, elle s'arrête de parler et rejoint le groupe.
Un orchestre entame "Beds Are Burning" de Midnight Oil, une chanson politique demandant de rendre leurs terres natales aux aborigènes, et les paroles commencent à être chantées par les plus anciens et les plus anciennes ayant connu 1987. Le concert fini, des applaudissements retentissent joyeusement. Le fait divers à peine effleuré est déjà oublié.
Un raclement de gorge.
- Je disais donc que les sapeurs-pompiers ont un regard sur la misère.
- Donc nous pouvons témoigner.
- Prolonger notre carrière est une nuisance pour nous les Belges et le sera pour vous les Soupolés. Nous serons moins efficaces auprès de la population sauf à nous licencier pour inaptitude et à nous remplacer par des jeunes et donc à prévoir une bonne assurance chômage pour que nous ne tombions pas à notre tour dans la précarité. Est-ce satisfaisant ? Est-ce cela l'intelligence collective ?
- Nous finirons moins performants qu'aujourd'hui.
Un cliquetis de clés accrochées à la ceinture d'un pantalon attire les regards. Une personne courbée, s'appuyant sur une canne, arrive en marchant lentement.
Le cliquetis semble hypnotiser la foule. Quelques individus éclatent de rire.
- Ah ah ah ah ah ah encore une mémé qui perd la boule. Regarde elle porte un bonnet et des lunettes de piscine.
La mémé s'arrête et les fixe.
Un homme semble soudain pris de nervosité : Hé les jeunes vous êtes moches à vous moquer de la maladie et de la vieillesse.
- Pourquoi le vieux ? Nous regardons les horreurs du passé. Bientôt, grâce aux milliardaires, comme le génial Elon Musk, nous allons vivre sans maladie et arrêter de mourir. Lui au moins il croit en l'innovation. C'est pas comme votre génération.
Le jeune crache sur le sol.
- Hé les jeunes trop riches. Vous oubliez un détail. Nous souffrirons toujours des maladies, non créées par l'être humain, car notre corps est composé de bactéries. Et savez-vous que des causes de maladies peuvent disparaître, sans innovation, juste avec une politique radicale mise en place par des partis de gauche ? Pas besoin de milliardaires pour réussir.
- Ouais le vieux. Tu oublies un détail. Nous, les riches, nous militons contre l'égalité de traitement alors nos médias ne laisseront pas les partis prônant la justice environnementale en même temps que la justice sociale se retrouver majoritaires dans les parlements.
- Ouais les jeunes trop riches. Vraiment pas de quoi être fier à moins d'être un sadique.
Des rires sadiques lui répondent.
- Et comme nous sommes riches, nous sommes assurés de pouvoir payer tous les traitements médicaux possibles, même si les droites ont entre temps tué la sécurité sociale.
- Hé les jeunes vous ne voulez quand même pas mettre fin au service public qui permet de socialiser le coût de la santé ?
- Si man... Nous préférons payer les 10 000 euros de l'accouchement de notre copine à l'hôpital ou les centaines de milliers d'euros pour un passage en réanimation puis en rééducation, suite à un accident de la route, plutôt que de payer des cotisations sociales et des impôts.
Le dos de la mémé bouge.
Une voix forte aiguë : Oh mille lardons de bonheur mais c'est encore l'autre, là, l'animaliste. Elle veut nous interdire de manger des cadavres. Montrons-lui nos poings.
Le dos de la mémé se redresse et son regard fixe les lèvres rouges vives venant d'articuler.
Un homme portant des vêtements rapiécés : Décidément quand je crois pouvoir passer un moment sans côtoyer la Cruauté, j'en rencontre encore un morceau. Vouloir faire manger des lardons à tous les repas aux personnes défavorisées alors que les riches peuvent manger végétariens et variés me remplit d'une tristesse...
- Madame, vous dîtes qu'elle veut interdire de tuer des animaux et qu'il faudrait user de violences à son égard, je suppose pour la faire taire, mais cette personne n'a pas de pouvoir magique pour stopper la maltraitance animale. La peur de changer vos habitudes vous rend violente.
- Je
- Et moi je veux connaître votre source. Si vous exprimez une opinion et pas une information, sans sourcer, vous nous trompez.
- Et ne traitez pas l'information comme Cnews, C8, DrahiBusiness ou Europe1 qui ne respectent pas leurs auditeurs. Soyons fières de lister les arguments et les contre-arguments, de les partager en citant des sources de qualité.
Une partie du public applaudit. Une autre ronchonne "je n'ai jamais compris la différence entre un média d'opinion et un média d'information". Un groupe s'avance vers les lèvres carminées qui s'entr'ouvrent : Oh mais les chaînes du milliardaire Vincent Bolloré sont
- Madame, je vous coupe car je bous. Vous mentez comme le syndicat de l'agro-alimentaire, la FNSEA. Etes-vous consciente qu'il est impossible de manger végétarien facilement en province ?
- J'ajoute que nous réclamons juste d'avoir le choix, et vous, vous mentez.
- Oui nous ne voulons pas faire disparaître la liberté de manger des cadavres mais faire naître une liberté.
La dame croise les bras et fronce les sourcils.
- Madame, vous ne pouvez nier que votre liberté d'être une viandarde empêche notre liberté d'émerger durablement alors que les deux libertés devraient coexister.
- Ah vous ne voulez pas rendre le monde végétarien ?
- Mais si Mais.
- Oui l'objectif est d'espérer convaincre d'arrêter de tuer autant de cadavres. Quel gâchis ! Convaincre n'est pas contraindre, comme l'explique les comportementalistes canins depuis longtemps.
Les mouvements du corps de l'égérie des cadavres de porcs montrent qu'elle écoute et qu'elle va répondre sèchement : Vous voulez forcer nos hommes à perdre leur virilité en mangeant des légumes. Impossible d'être musclé sans manger de la viande.
La majorité du public se détend en entamant une bonne tranche de rigolade.
- Madame, êtes-vous donc assez nigaude pour croire que nous voulons imposer du jour au lendemain le végétarisme et interdire de manger de l'animal ? Si c'est le cas, je vous apprends que nous n'avons pas envie de générer des psycho-traumas liés au changement d'habitude. Contrairement à vous, nous ne sommes pas maltraitants.
- Convaincre et pas contraindre est notre combat, comme dans l'éducation canine.
- Comme dans l'éducation de tous les animaux.
La mémé toujours muette semble avoir retrouvé une nouvelle jeunesse. Elle pointe sa canne en l'air puis tire sur le haut comme pour retirer un bouchon de liège d'un goulot. Elle maugrée : Fichu système encore coincé. Aie.
Un bruit, un klok, est suivi par l'apparition d'une ombrelle représentant la planète selon médecins sans frontières.
Elle se dirige vers un poteau surplombé par une caméra de surveillance et sort de sa poche une micro affiche qu'elle y colle.
La personne la plus proche explique au public : un pigeon est dessiné et il est écrit "Je chie sur les fascistes".
Aussitôt trois hommes sortent du public et se placent devant la mémé n'ayant plus l'âge d'une mémé. Un autre les rejoint et place un mouchoir aux armoiries familiales devant ses lèvres et son nez pour montrer qu'il veut la bâillonner.
- Allez les gars nous lui cassons la gueule. Tout de suite. Toi, là, regarde mes bras joliment sculptés. Je pratique la boxe pour pouvoir user de violences sur tous les corps qui ne vénèrent pas mes opinions. Alors, alors ? Trembles tu comme une feuille ? Si tu réponds non je cogne plus fort et plus longtemps.
Un homme fluet de taille s'approche et retient le bras qui allait cogner : T'es con. Elle nous insulte pas.
- Tu sais pas lire ? Elle chie sur les fascistes. Les fascistes c'est nous.
- Mais non. Marine, Jordan et les copines y disent que, nous, on est devenu antifascistes et plus personne ne doit être antisémite si ça permet de taper sur des musulmans.
- Ah ouais c'est vrai. Heureusement que tu es là. Je retire mon poing.
Le groupe s'interroge et quitte les lieux : Les antifas c'est nous alors ?
La colère de personnes se sentant insultées par cette affiche ne retombe pas pour autant.
Quatre femmes lancent : Qu'elle ferme sa gueule, celle-là !
Ouais ferme-ta-gueule, lance une femme au dernier rang.
La Princesse les interroge : Détenez vous un titre de propriété sur cette personne sans âge ?
Le groupe de femmes : Elle cause, celle-là ?
La Princesse : Vous parlez comme si cette personne était votre esclave. Vous lui retirez le droit de s'exprimer. Si ses propos sont un délit, comme l'est le racisme, la Justice doit être saisie. Pas besoin d'inviter à la violence.
De l'autre côté de la rue, le groupe de quatre ne sachant plus s'il est fasciste ou pas commence à décoller un message : Honorons les mortes, protégeons les [vivantes].
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Pendant ce temps, la femme à l'ombrelle colle une nouvelle affiche où un pigeon dit : je chie sur les racistes. Faîtes comme moi.
Plus personne ne la regarde à part la Princesse. Elle retire d'une main son bonnet et ses lunettes de piscine, les glisse dans une poche, ajuste sa capuche et se dirige vers Arsin.
- Hé chérie t'as vu là derrière nous c'est l'autre abrutie qui dit qu'elle a été violée.
- Hein?
- C'est l'autre là qui dit qu'elle a été violée.
La femme désignée quitte les lieux en marchant vite.
Une voix douce répond : Ben oui moi aussi.
La femme à l'ombrelle se retourne vers la femme âgée qui vient de parler et lui envoie un baiser puis elle appuie sur son cœur et son torse devient transparent. Un feu brille au milieu.
Une partie du public, effrayée, recule d'un pas et hésite à s'enfuir. Un homme tente l'humour : Au stade de football nous chanterions "Allumeeer le feu" de Johnny Hallyday.
La rengaine est immédiatement reprise par une majorité du public ce qui détend l'atmosphère.
Un homme monte sur un rondin-tabouret : Toutes les femmes sont des allumeuses.
Des hommes ricanent et applaudissent.
La femme au feu qui couve s'apprêtait à avancer mais son pied reste suspendu. Elle semble pétrifiée.
- Les femmes nous allument, tu réponds à leur demande et après elles veulent porter plainte pour gagner de l'argent mais il ne faut pas se laisser faire.
Des hommes et des femmes applaudissent pendant qu'une partie du public se met à tousser, à se moucher, à se gratter, à dire "Ne trouvez-vous pas qu'il fait froid", "ah non moi j'ai trop chaud comme si j'étais à côté de ma cheminée".
La Princesse lit le message que véhicule une jeune femme dans son dos, sur un sac en toile rose : La nature a créé des différences, l'homme en a fait des inégalités.
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Une femme monte sur un rondin-tabouret : Il n'y a que moi qui suis choquée par ce discours ?
- Ah non moi aussi. Je croyais que les difficultés à lire et à comprendre l'être humain en face de soi étaient réservées à certaines maladies psychiques, comme la mienne. Je me rends compte que des personnes, soi disant normales, non seulement ne comprennent pas la personne en face d'elles mais en plus lui font du mal.
- J'étais justement en train de me faire la même réflexion. Il existe une forte injustice à stigmatiser des personnes souffrant de maladies psychiques et pas les personnes violentes soumises à l'ordre patriarcal.
- Nan mais les mecs, avant de croire qu'une femme éveille votre désir de son propre chef, pourquoi ne lui demandez vous pas : Madame, je vous désire et j'ai l'impression que vous me désirez aussi, est-ce que je me trompe ? Ou demandez, ai-je raison ?
"Madame, je vous désire et j'ai l'impression que vous me désirez aussi, est-ce que je me trompe ?" répète le public.
La fée savonnière sort son attirail d'un sac et lance des bulles de savon géantes en essayant de viser la caméra de surveillance pour détourner l'attention.
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Puis elle mime une oreille tendue : J'entends le feu crépiter.
Une partie du public répète en faisant de cette parole une vérité.
La Princesse chuchote : Je n'entends rien.
La fée sourit et chuchote en faisant un clin d'œil : Moi non plus. La vue du feu est une information. Son bruit relève d'une opinion fausse qui est partagée comme sur les réseaux sociaux. Pour le vérifier il suffira d'écouter la vidéo filmée par un quidam.
Une personne qui suivait la mémé, qui n'est finalement pas une mémé, commence à s'agiter. Une cosse géante de couleur ciel clair semble vouloir sortir d'une de ses poches. Elle tente de l'en empêcher mais la cosse s'ouvre et des pluies en forme de petit pois se mettent à danser.
Le public ébahi s'écrit : La Grande Peine !
La Fée à la Princesse : Il est rare de la voir.
La Princesse : Qu'est-ce ?
La fée : Les peines sont souvent pure politesse ou un dépit ou une posture de circonstance. Elles servent à tenir son rang dans l'ordre moral assigné à la naissance ou imposé par des puissants. La Grande Peine est l'expression d'une réelle tristesse douloureuse.
La cosse avale les petits pois de pluie et s'échappe. Elle se transforme en soufflet de cheminée devant le feu. Elle souffle des petits pois de pluie qui au lieu d'éteindre le feu l'attise.
Le public finit bouche bée après s'être écrié : Sufflatus ! Le Soufflet du changement positif est en colère !
La Fée perplexe : Sufflatus souffle de la colère avec la Grande Peine. Quel malheur va encore nous infliger le grand vizir ?
Sufflatus redevient une cosse. Les pluies en forme de pois s'y rangent. La cosse repart se cacher dans la poche de la personne que personne n'a réellement vue, fasciné, comme tous les animaux par tout ce qui bouge. Dans sa main gauche repose une mini-barrière en noisetier. Les pieds partent à gauche d'Arsin. Les mains entourent de la micro-barrière une tige ronde avec des feuilles plus longues que larges. Elles plantent aussi un petit panneau en bois puis les pieds se dirigent vers le centre des congrès. Une sapeur-pompier lit à voix haute le nom qui a été gravé : saponaire officinale.
Le public se met à pleurer et à se congratuler.
La fée explique à la Princesse : Le milieu des affaires a détruit la majorité des forêts et de la biodiversité pourtant indispensable à l'équilibre du vivant.
Un militant d'Extinction rébellion passe dans les rangs montrer sa pancarte : 1 espèce sur 8 menacée de disparition.
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La fée : La saponaire avait disparu et avec elle les insectes se nourrissant de son pollen. Les oiseaux ayant perdu une source de protéine se retrouvaient en mauvaise santé et donc leurs prédateurs aussi. Le rendement agricole baisse quand la biodiversité disparaît alors il faut utiliser des machines qui pollinisent et des produits toxiques qui tuent encore plus l'environnement et un jour la fabrication de l'air sera impactée. L'eau douce l'est déjà.
La Princesse : Le milieu des affaires est aussi responsable de la famine dans mon pays et pourtant il clame que grâce à Bill Gates la faim dans le monde a reculé. Sans Bill Gates et tous ses clones, mon pays serait peut-être autonome en fruits, légumes, légumineuses, céréales.
Deux individus grimpés sur des échasses viennent se placer aux côtés de la dame au feu qui couve. Elle tend son ombrelle à l'un d'eux qui la replie et la place dans son dos puis elle part vers Arsin en faisant la roue. Le public se déplace pour la laisser passer et lui crie de faire attention à ne pas mettre le feu aux végétaux. Son torse devient noir. Elle pose sa main gauche sur le tronc d'Arsin puis disparaît dans des fourrés tandis que les échasses partent sur le sentier des écureuils.
Une partie du public écarquille les yeux de surprise, une autre d'effroi et quelques uns crient "Quel est ce sortilège ?"
Les yeux se tournent vers la Fée.
La Fée : Ninon explique leur.
Une femme de petite taille s'approche de la fée et part grimper sur un rondin-tabouret : Elle portait une veste kaki à capuche appelée Protège-ti. Elle a été inventée par le collectif Front d'enfants de mères, issus d'un quartier populaire, qui en avait marre des contrôles policiers et des nouvelles voies rapides qui ne traversent pas les quartiers cossus mais enfument les quartiers déjà trop bétonnés.
"Jamais entendu parler" commente une partie du public.
Ninon : La capuche dépasse le front et se prolonge avec une simili casquette qui réverbère la caméra de surveillance et ombre le visage. La veste est une cape à manche longue avec des gants intégrés. Un sac à dos en dessous donne à tous et à toutes le même aspect extérieur pour lutter contre la reconnaissance d'un corps par des logiciels.
"Quelle honte de vouloir vivre sans être suivies quotidiennement par les représentants de l’État" commente une partie du public.
Ninon : C'est une artiste qui milite CONTRE la Technopolice, POUR la transparence de la vie économique et politique, CONTRE les mensonges des Très riches relayés par des médias sans éthique journalistique et POUR une qualité de vie minimale garantie pour toutes. Le "toutes" étant appelé le "nouveau neutre" pour montrer au Grand vizir que ce genre de choix de langage ne peut pas être neutre.
- Ah le collectif QIQI IMIPIC LFI ?
- Oui j'appartiens au collectif "Quitte l'Insouciance, Quitte l'Indifférence, Imagine de manière Immodérée pour Impulser le changement, Lutte contre toutes les formes d'Insécurité".
- Oh j'en claque des dents ! J'ai peur ! Je ne veux pas être contaminé par des idées de changement !
Un homme part en courant.
- Le changement ?
- C'était une terroriste ?
- Non une sorcière. Le terrorisme signifie faire régner la terreur pour imposer une surveillance d’État ou tuer des êtres vivants pour se conformer à une idéologie.
Le public s'écharpe sur le mot à utiliser.
La fée sourit : Le dérèglement climatique est un changement. Ayez le courage de choisir les changements qui améliorent les vies d'une majorité. Je vous dis que c'est une artiste. Elle détourne la technologie qui est utilisée pour nuire à la population civile. La transparence est obtenue par des reflets de chaque côté. Je ne sais pas comment elle a fait pour mouvoir une image de feu.
- Ah c'est ce que je dis. C'est une sorcière.
- Les sorcières n'existent pas.
Le public se dispute au sujet de la définition.
- Quand vous ne trouvez pas la réponse dans votre culture générale c'est qu'il faut la chercher ailleurs, en interrogeant, en furetant, en lisant. Si les sorcières n'existent pas, des phénomènes restent inexpliqués.
Un sapeur-pompier prend la parole en agitant la main : ce feu m'évoque les méga feux auxquels nous allons devoir faire face si les gouvernements n'agissent pas pour arrêter de déstabiliser les cycles de vie sur la planète.
Une sapeur-pompier : Pour approcher les méga-feux, nous ne sommes pas équipés.
Une personne ayant participé à la manifestation contre la réforme des retraites prête son feu en carton qui était associé à une pancarte dessinée montrant l’Élysée en feu. Il est planté près d'Arsin.
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La fée à la princesse : Le feu est une expression de la colère et du ras-le-bol. Le signe d'un désespoir.
Un sapeur-pompier s'approche péniblement : A force de porter ce sac à dos, porte lance à incendie, pour aller dans des endroits inaccessibles, j'ai des douleurs et je deviens moins mobile.
- Le port de charges trop lourdes pour les épaules entraîne des troubles musculo-squelettiques en tassant le dos.
Un homme tout habillé de noir s'approche avec un sac à dos fluorescent jaune qui attire tous les regards : J'ai l'innovation qu'il vous faut. Un sac à dos qui ne fait plus reposer le poids sur les épaules et le dos.
"Un sac à dos qui ne fait plus reposer le poids sur les épaules et le dos" répète le public.
- Mon innovation est efficace et sans informatique. Il s'inspire des insectes et de leur exosquelette. Ce dernier protège entre autres l'intérieur de leur corps en les aidant à se mouvoir. Il sert à limiter la perte en eau. Il camoufle. Cette protection a été transposée pour inventer un sac à dos permettant à l'humain de se mouvoir en portant une charge lourde sans se blesser.
Il retire son sac à dos et le fait circuler : A cause des troubles musculo-squelettiques un sapeur-pompier vieillira en mauvaise santé. Les maladies chroniques, si elles sont trop nombreuses coutent et en même temps elles ne permettent pas aux individus d'avoir les mêmes chances de qualité de vie. Fin de mon interlude publicitaire, vous pouvez continuer.
Un raclement de gorge.
- Je rappelle que nous assurons une politique civile à moindre coût.
- Savez-vous que les pompiers volontaires sont indemnisés et pas payés sinon ils seraient des travailleurs ?
- A votre avis pourquoi les milliardaires ou leurs enfants ne décident pas de devenir sapeurs-pompiers professionnels ?
- Parce qu'ils obtiennent des légions d'honneur sans avoir besoin de mettre leur vie en danger ?
L'assistance rit puis devient pensive en se rappelant que les ultra-riches sont responsables de rendre malade le vivant à une échelle jamais vue dans l'histoire de l'humanité.
- L’hôpital, la médecine de ville se sont effondrés. L'été qui arrive verra encore plus de fermetures de services d'urgence que l'an dernier.
- Les pompiers sont appelés pour une engueulade en famille.
Un drapeau s'agite pour créer une nouvelle interruption.
- La CGT dénonce un gouvernement “radicalisé, obtus et déconnecté".
Le public applaudit.
- Savez-vous que policiers et pompiers sont des frères d'armes car l'un sécurise l'autre et inversement mais nous allons arriver à un point de rupture s'ils continuent à user de violences contre nous en manifestations et lors des piquets de grève.
Des forces du désordre et des gardes du corps envahissent les lieux et imposent le silence.
La Première ministre arrive. Des journalistes l'entourent et tendent leur micro.
- La réforme des retraites va repousser l'âge de départ à la retraite des femmes.
La Première ministre : Oui la femme est l'égale de l'homme.
La journaliste : Non. Elles sont moins payées que les hommes, la souffrance des femmes vous est-elle indifférente ?
Une militante vient planter sa pancarte sous les yeux des caméras des médias : Les femmes touchent en moyenne : 24 % de salaire de moins que les hommes, 200 euros de chômage de moins que les hommes, 40 % de retraite que moins que les hommes.
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La Première ministre : Comment osez-vous insinuer que je ressentirais de l'indifférence alors que je suis une femme et donc concernée aussi par l'âge de départ à la retraite.
La journaliste : Comment pouvez-vous comparer votre carrière, tellement rémunérée que vous pouvez épargner chaque mois plusieurs salaires minimums, plusieurs SMIC par mois, à celle d'une femme à la carrière hachée recevant une rémunération basse ?
La Première ministre : Ah mais avec la réforme du grand vizir nous allons dépenser un pognon de dingue pour que les femmes ayant travaillé à plein temps aient une retraite minimale décente.
Une syndicaliste : Encore un mensonge ? La retraite minimale à 1200 euros promise par le Grand vizir pour être réélu en 2022 était un sacré mensonge auquel a cru notre bon roi Soupi. Il fallait oser.
La Première ministre outrée : Ce n'est pas un mensonge. Il manquait sur la profession de foi l'astérisque indiquant les conditions d'accès.
La syndicaliste : Et votre pension de retraite sera tellement élevée que, si vous partez avant d'avoir cotisé plein pot, le montant de votre pension sera de toute façon supérieur à celui d'une carrière complète au SMIC.
La Première ministre : Ah mais je le mérite. Je vieillis sans m'abimer le corps au travail donc j'ai droit à une pension de retraite maximale.
Une journaliste : Que répondez-vous à ceux et à celles qui constatent à travers vos décisions une absence de connaissance du Royaume ?
La Première ministre : Soyez patients. Je vais bientôt laisser le poste de Premier ministre pour occuper le poste de députée, pour la première fois de ma vie, et je vous promets de faire l'effort d'essayer de comprendre ce qui se passe dans ma circonscription.
Une syndicaliste : Heuu ! Vous auriez du vous intéresser à votre territoire avant de vous présenter au poste de députée et avant d'être nommée Première ministre.
Une syndicaliste : Heuuuu ! Le peuple croyait que le grand vizir vous avait nommé suite à vos compétences.
La Première ministre : Et il a raison. Mes compétences en usines à gaz, en bureaucratie déshumanisante, en protection des droits des plus fortunés sont parfaites pour le poste.
Une syndicaliste : En 2019 la loi obligeant les autoroutes privées à devenir des autoroutes à flux libre, pour gaspiller encore plus les ressources minières, ont rendu nécessaire un nombre important de caméras de surveillance et surtout oblige à enregistrer les plaques d'immatriculation pour savoir où et à quelle heure les plus riches et les employés de sociétés circulent. En êtes-vous fière ?
La Première ministre : Évidemment. Des voies rapides gratuites à 110 km/heure, sans caméras, ne permettent ni de réserver des routes aux plus riches, ni de tenir un registre concernant les déplacements des véhicules.
Une journaliste : Est-ce que vous comptez un jour interdire aux bas-revenus et à vos opposants politiques de circuler sur les mêmes routes que les trop riches ?
La Première ministre : Ce qui n'est pas interdit aujourd'hui peut l'être demain. N'oubliez pas qu'avec le grand vizir nous sommes à l'origine du contrat permettant de privatiser des autoroutes et d'enrichir ses cadres dirigeants, des personnes qui nous sont ensuite redevables, de manière
- éhointée ?
- Il veut dire éhontée.
La Première ministre : Pas du tout. Nous ne pouvons faire plaisir à tout le monde. Et les perdants doivent toujours être les classes moyennes inférieures et les pauvres pour un souci d'efficacité. Les riches possèdent l'argent et donc le pouvoir de pratiquer le chantage à l'emploi. Lisez donc La Grande Fatalité.
- Pfff ! La Grande Fatalité s'oppose à l'intelligence collective.
La Première ministre : Évidemment si le droit m'avait autorisé à cumuler les deux fonctions je serais meilleure pour répondre aux attentes des Soupolés.
- Heuuu ! Occuper deux postes veut dire ne pas être à plein temps sur les deux. Un beau symptôme de l'Incompétence.
Une foule arrive en hurlant : Au secours ! Sauvez vous ! Des écoterroristes se trouvent au Louvre! Ils jettent de la soupe au lait de soja !
Des hurlements retentissent tout autour de la Princesse et des gens s'enfuient. Les pompiers repartent en rigolant. La Première Ministre s'enfuit avec ses gardes du corps.
La Folle de la reine arrive en courant, consternée : Des activistes ont jeté de la soupe au lait de soja bio sur la vitre de la Joconde.
La Princesse éclate en rire en voyant l'affolement autour d'elle : La population européenne m'a l'air sacrément névrosée. Il est produit où le soja ?
La Folle de la reine : Le soja bio pour l'alimentation humaine est produit dans le royaume.
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Histoire précédente : https://blogs.mediapart.fr/isabelle-clere/blog/240324/qui-reveillera-lebo-de-soupole-6z
Histoire suivante : https://blogs.mediapart.fr/isabelle-clere/blog/261024/qui-reveillera-lebo-de-soupole-8z
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Sources: https://www.mediapart.fr/
https://www.alternatives-economiques.fr/
plagiat de phrases venant de:
https://www.alternatives-economiques.fr/creations-demploi-angle-mort-de-semaine-de-quatre-jours/00107533
https://www.alternatives-economiques.fr/grande-disparition-candidats-a-lembauche/00106753
6 avril 2023 - Les pompiers à l'arc de triomphe - "On pousse le peuple à la révolution"
https://www.lemediatv.fr/emissions/2023/les-pompiers-a-larc-de-triomphe-on-pousse-le-peuple-a-la-revolution-koll14gvQUyNJZ-kejJgqw
La grève, acte 11 !
https://www.lemediatv.fr/emissions/2023/un-mouvement-est-en-train-de-naitre-pompiers-francais-et-belges-unis-contre-macron-et-leu-zxOU8CSMQQ6Df60ay2Q5iw