Comme beaucoup, j'ai été soulagée que le RN n'arrive qu'en troisième position. Je suis contente que la gauche arrive en tête. La victoire numérique du Nouveau Front Populaire fait plaisir. Mais, on le savait déjà le soir des élections, la réalité de la répartition de sièges à l'assemblée est loin d'être rose. Derrière le titre très provocateur de ce billet il y aussi des faits.
Majorité populiste et xénophobe
La macronie dans son ensemble et LR ont servi la soupe à l'extrême droite pendant des années avant la dissolution minable de l'assemblée. Darmanin s'est lui-même placé à droite de Le Pen en la qualifiant de modérée par rapport à lui. Le président et ses gouvernements n'ont cessé d'exciter les haines xénophobes. Ils ont versé systématiquement dans l'autoritarisme et la répression (conseil de sécurité et de défense, gouvernement par ordonnances et autres contournements de l'assemblée et de mécanisme démocratiques). Ils ont choisi de s'opposer à la gauche plus qu'à l'extrême droite, Macron a été abondamment clair sur ce sujet pendant la campagne. Les prises de position de ses troupes, et leurs refus de se retirer quand ils sont arrivés derrière la gauche dans les triangulaires où le RN était en tête au premier tour, ont enfoncé le clou. Il a fallu une pression énorme de toute la société démocratique pour que la plupart finissent par se retirer. Macron a fait pression sur eux aussi, non par éthique démocratique mais, encore une fois, par calcul politicien pour s'assurer un bon soutien de la gauche à ses candidats dans les situations symétriques. En ne voulant pas se retirer et en refusant de se désister en faveur de candidats de gauche alors que le RN risquait fortement de l'emporter, ces candidats « centristes » ont bien montré leur priorités. Certains d'ailleurs ont réussi à faire élire le RN.
Il me semble que ceux qui ont propagé les obsessions d'extrême droite et la division sont majoritaire en sièges à l'assemblée : une grande partie des macronistes a versé dans la xénophobie et la stigmatisation de boucs émissaires, LR a, quasi intégralement, fait la course à qui sera le plus raciste avec le RN depuis la première élection de Macron. Avec les sièges du RN, ça fait probablement plus de 289 députés. Mon titre n'est donc pas aussi abject que cela. Mais c'est une majorité de gouvernement, heureusement, très improbable.
Quelle majorité de gouvernement ?
La gauche est arrivée première en sièges mais n'a pas de majorité suffisante pour gouverner. Pour qu'un gouvernement soit soutenu à l'assemblée il faudrait une coalition. L'addition des sièges du Nouveau Front Populaire (NFP) et des macronistes donne une majorité. Mais ces derniers ont exprimé leur opposition à gouverner avec la force du NFP ayant obtenu le plus de sièges : LFI. Les droites ont exprimé pendant toute la campagne un tel rejet des gauches qu'il semble difficile qu'elles s'allient avec la gauche. Il faudrait trouver un centaine de macronistes n'ayant pas trop basculé vers l'extrême droite et cela semble improbable.
Macron fidèle à son mépris des électeurs et de la gauche, n'a pas accepté la démission d'Attal du poste de premier ministre. Il faudra peut-être éjecter le gouvernement par une motion de censure le 18 juillet lors de l'ouverture de la session parlementaire. Dans son délire jupitérien, Macron a indiqué vouloir ignorer à nouveau que c'est à la gauche qu'il doit le fait d'avoir encore plus de 150 députés. Il cherche une majorité dominée par ses députés sans tenir aucune compte du fait qu'ils doivent presque tous leurs sièges aux électeurs de gauche. Ce sont ces électeurs de gauche, calomniés, méprisés et stigmatisés par le camp Macron et la droite qui ont fait preuve de responsabilité et d'abnégation pour battre de RN. Malgré les compromissions de Macron, des siens et de la droite, c'est la gauche qui a sauvé la France du RN et, espérons-le, de l'extrême droite. Macron s'en tape et continue dans sa nullité et ses magouilles politiciennes. Il ne semble pas vouloir reconnaître la dette qu'a son camp vis à vis de la gauche. Les socialistes, affichant leur couleur gluksmannienne dès le soir du deuxième tour, semblaient indiquer leur volonté de se joindre au camps présidentiel malgré ses turpitudes. Si on additionne les sièges PS, divers gauches, macronistes et LR on obtient une claire majorité absolue. Une telle coalition ne respecterait en rien les électeurs s'étant mobilisés pour vaincre l'extrême droite. Les macronistes ne respecteraient en rien le vote de ceux qui les ont élus, mais, comme on l'a vu, cela ne semble même pas faire partie de leurs préoccupations. Ils trahiront, probablement, encore une fois, les électeurs de gauche malgré le fait qu'ils leur doivent tout...