DEFINITIONS : les mots-clés utilisés sont définis soit en annexe, soit dans des encadrés. Ils sont désignés dans le texte respectivement par les signes ♦ et ♣.
Dans les pages qui vont suivre, nous nous focalisons sur le champ des transports en commun (TC). Nous analysons la réalité de la demande de transports des populations de l’Est-95, exprimée par les déplacements domicile-emploi observés sur le territoire, à comparer avec les offres projetées (notamment la ligne 17 Nord et sa gare du Triangle de Gonesse). Nous présentons une cartographie des « bassins de main-d'oeuvre »♦ de 5 communes du territoire, avec l'analyse des « flux sortants »♦ et de leur lieu de destination. Les chiffres indiqués par l’Insee ne couvrent certes pas l’ensemble des déplacements (en particulier ceux qui sont "choisis" par les usagers), mais ils représentent la quasi-totalité des flux aux heures de pointe - notamment à l’HPM (Heure de Pointe du Matin) - dont l'importance sert ensuite à déterminer la capacité de l’offre de transport à prévoir.
I. FOCALE SUR LA DEMANDE DE TRANSPORTS D'UN ÉCHANTILLON DE 190 000 HABITANTS
N.B. Nous avons fait le choix d’analyser les 5 principales villes du territoire, qui cumulent près de 190 000 habitants et 83 000 actifs : Sarcelles, Garges-lès-Gonesse, Gonesse, Goussainville, Villiers-le-Bel. Soit un excellent taux de couverture de 71,5 % des populations de la partie Val d’Oise de l’agglomération de Roissy-Pays de France (CARPF) qui comprend 25 communes.
Voici nos constats, regroupés dans le tableau ci-après (Figure 1) des localités classées par ordre de taille :
- Gonesse, la moins peuplée des 5 villes (13,9% du total), la seule à avoir un excédent d’emplois par rapport aux actifs (+ 2755 postes), avec le taux de chômage le plus faible apparaît la localité la moins prioritaire en termes de demande.
- A l’inverse, les deux villes contigües de Sarcelles et Garges-lès-Gonesse sont les plus peuplées (100 000 habitants), les plus déficitaires en emplois (-22 000 postes à elles deux) et Sarcelles a le taux de chômage le plus élevé.
⇒ Question qui fâche : Pourquoi concentrer les nouveaux projets sur Gonesse
- alors que c’est la seule ville abondamment dotée en activités économiques ?
- alors que les emplois prévus ne répondent pas aux profils des actifs et aggravent le chômage ? (notion de « ville dissociée » : l’habitant n’y travaille pas ; le travailleur n’y habite pas.)
- On constate que le premier lieu d’activité des travailleurs des 5 villes est leur commune de résidence (travail sur place ♦), qui ne réclame aucun transport lourd, mais des transports de proximité (à pied, bus, vélo). Le pourcentage est relativement uniforme entre les différentes villes, entre 21 et 25% des destinations des actifs.
- A l’opposé, le deuxième lieu d’activité est Paris. La capitale ne serait nullement mieux desservie avec la ligne 17 N, excentrée par rapport aux zones urbanisées. Une offre inadaptée à la demande. Avec la nécessité de bus de rabattement rallongeant fortement le temps de transport, à la différence du RER D, qui malgré sa saturation, possède l'avantage de disposer de gares au sein des zones d'habitat.
- La destination vers Roissy est très marginale (6%) et en forte diminution. Elle plafonne à 4% pour Sarcelles. En intégrant les chômeurs (à qui soi-disant le métro 17 N serait destiné en priorité) l’offre ne couvrirait plus que 4,9% des besoins de l’ensemble des actifs.
⇒ Questions qui fâchent :
- Faut-il dépenser 2,6 milliards d’investissements (et combien de fonctionnement ?) pour une demande d’usagers aussi faible et avec des perspectives de développement aussi aléatoires, quand les entreprises aujourd'hui rechignent à s’implanter dans les zones d’activités déjà aménagées et vacantes du Grand Roissy, y compris très bien situées sur la plateforme (ITC) ?
Faut-il sacrifier un foncier supplémentaire d’excellentes terres agricoles qui pourraient améliorer l’autonomie alimentaire des villes et offrir un îlot de fraicheur et de respiration dans ce paysage ultra-minéralisé ?

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II. ANALYSE DE LA DEMANDE DE TRANSPORTS PAR VILLE
N.B. Sauf indications express, les chiffres dans les textes et les cartes qui suivent sont ceux du recensement Insee de 2016.
II.1. SARCELLES, source Insee 2016 : 25 000 actifs totaux (dont chômeurs) ; 19 600 actifs occupés.
La ville la plus déficitaire en emplois de l’Est-95, donc représentant théoriquement la principale demande potentielle d'une radiale reliant ce pôle de main-d’œuvre de grande banlieue aux pôles d’emplois de l’hypercentre. Mais en tant que principale ville du territoire, Sarcelles devrait bénéficier en priorité d'implantations d'emplois, bien plus de projets de transports !
La carte ci-après (Figure 2) démontre des besoins sans rapport avec l’offre de transport lourd envisagée. 5046 Sarcellois travaillent sur place, contre 14 554 sortants. Ces migrants se déplacent du Nord au Sud, voire Nord-NE /Sud-SO (Paris, la Défense, Saint-Denis, boucle de Gennevilliers…) La ligne 17 Nord vers Roissy (pointillés rouge) est de direction contraire SO / NE.
Les flux vers Paris concernent près de 5000 actifs (4973), 6 fois plus que vers Roissy (772, soit 4 % des Sarcellois en emploi). En comptant tous les flux à destination des communes situées dans un cône Sud, les sortants dépassent 7700 : 5 fois plus que l'attraction générée par l’ensemble de Roissy-Tremblay et communes adjacentes (1471 actifs).

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QUESTION : COMMENT RECONSTITUER LE RÔLE DE POLE D'EMPLOI DE SARCELLES ?

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- Les chiffres sont accablants : Sarcelles, la plus grosse ville de l'Est-95 n'a pas assez d'emplois pour ses propres habitants. Elle ne peut donc pas jouer son rôle "naturel" de pôle d'emploi pour son bassin local. Améliorer l'offre de transport ne répond absolument pas à cette question essentielle. Il est incompréhensible que les projets de développement portés la CARPF, le département et la Région soient focalisés sur le Triangle de Gonesse qui n'a pas d'habitants, alors que la priorité devrait concerner les villes en pénurie d'emplois les plus importantes.
- Disposer d'une liaison avec l’aéroport de Roissy ne correspond qu’à 4 % de la demande des Sarcellois.
- Les actifs qui se dirigent vers le sud n’auraient aucun motif de se déporter à l’est pour récupérer la ligne 17 N en plein champ, alors que la gare Sarcelles-Garges du RER D est en zone urbaine, desservie par plusieurs bus.
- Ceux qui vont au nord-est, vers Gonesse prennent le RER D ; vers Roissy (772 actifs), ils n’auraient aucun motif de se déporter à l’est pour rejoindre une gare « Triangle de Gonesse », qui les obligerait à effectuer un détour par Villepinte et à prendre un bus pour circuler sur la plateforme une fois arrivés à Roissy, alors qu'ils peuvent se rendre actuellement à l'aéroport côté Val d'Oise jusqu’à Goussainville en RER et prendre ensuite le bus 22 en ligne droite.
- L’aéroport couvre 3200 ha, soit l’équivalent de 10 arrondissements parisiens. Les gares de Roissy-CDG 2 et CDG 4 seraient situées à l’est de la plateforme, alors que l’essentiel des emplois est localisé au centre sud (zone Cargo, zone technique) et à l’ouest (zone hôtelière, Aéroville…) Ce qui supposerait une rupture de charge pour prendre un transport supplémentaire (bus) pour rejoindre son emploi. Alors que les lignes de bus urbains existantes qui s’y rendent directement ont plusieurs arrêts sur la plateforme.
- De plus, si les actifs font partie des 80% de travailleurs « postés » de l’aéroport de Roissy, ils sont fortement incités à utiliser un véhicule (souplesse des horaires, fluidité, facilités de stationnement par les entreprises), contrairement à ceux qui travaillent vers le sud.
- Cet exemple montre que pour prévoir la fréquentation d’un transport en commun (TC), il ne suffit pas de considérer un nombre de salariés usagers potentiels, mais aussi la direction future des flux (vers Paris, les actifs Sarcellois empruntent les TC à 82%, ce qui ne sera jamais le cas vers Roissy)
II.2. GARGES-lès-GONESSE, source Insee 2016 : actifs totaux, 18 140 ; actifs occupés : 14 430. Travailleurs sur place : 3127 ; sortants : 11 303.
La ville présente toutes les caractéristiques d’une « commune-dortoir » : c’est la seule des 5 localités étudiées qui présente un score de Gargeois qui travaillent à Paris (3356) supérieur à celui des actifs sur place (3127). Une caractéristique favorisée par sa plus grande proximité géographique avec la capitale. Constatons que cette dépendance s’aggrave encore, avec 3825 « sortants » vers la capitale en 2019. Là encore, les habitants ont bien davantage besoin d'emplois que de transports !
On observe des flux notables vers le nord-est Roissy (745) et Gonesse (400) mais bien insuffisants pour justifier un transport lourd. Et bien entendu la ville voisine de Sarcelles à l’ouest possède une certaine attraction (630).
Les autres flux sont tous dirigés vers le sud : outre Paris, relevons les destinations du pôle de Saint-Denis* (trois communes, 843 actifs), ou d’autres villes de Plaine commune (La Courneuve, Stains, Pierrefitte) ou du département 93 (Bobigny, Pantin).
Vers le 92, on comptabilise près de 500 actifs travaillant à la Défense (Nanterre, Puteaux, Courbevoie), à Gennevilliers (171) ou encore Clichy (108).
Sur la carte (Figure 3), constatons que le tracé de la ligne 17 N - complètement excentré par rapport au cône de flux - et se dirigeant vers le nord ne serait d’aucun secours pour les Gargeois en activité.

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QUESTION : COMMENT COMBATTRE LA DÉPENDANCE ACCRUE AUX EMPLOIS EXTÉRIEURS DE LA VILLE ?

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⇒ Il est dommageable que Sarcelles ne joue pas son rôle de pôle local auprès de sa commune adjacente Garges-lès-Gonesse, parce que ne disposant pas assez d’emplois pour ses propres habitants. Ces deux villes qui constituent un même ensemble urbain, auraient bien davantage besoin d’une politique d’emplois de proximité, moins exigeants en termes de qualification et plus adaptés aux populations locales, qui supprimerait les besoins de déplacements à la source. Faute d’emplois sur place, toute offre de transport lourd ne pourrait que vider un peu plus les deux localités de leurs actifs.
Une offre de transport vers le Nord-est à destination du pôle ultraspécialisé de Roissy représente un très faible intérêt pour les travailleurs d'une commune aussi proche et aussi dépendante de Paris. Il existe déjà un bus 95-02 qui permet d'aller à Roissy. Ou encore, les actifs peuvent prendre le RER jusqu'à Goussainville et ensuite un bus qui fasse du cabotage sur la plateforme.
Les projets de BHNS que le Conseil Départemental souhaite programmer et qui constituent des offres de transit vont à l’encontre de ce besoin de maillage de proximité.
II.3. GONESSE, source Insee 2016 : actifs totaux, 12 360 ; actifs occupés : 10 215. Travailleurs sur place : 2979 ; sortants : 7236.
Gonesse est la seule des communes analysées à constituer un pôle d’emploi. Malheureusement, ses habitants n’en profitent guère, car il s’agit d’une « ville dissociée » (inadéquation emploi/ main-d’œuvre).
Sur la carte ci-dessous (Figure 4), on observe un flux principal de sortants vers Roissy (758 actifs). D’autres destinations vers le nord-est (Tremblay, 171 actifs) très faibles. Beaucoup de petits flux de proximité vers le nord : Goussainville (192) ou d’autres communes du Pays de France rural (159, dont Fosses, Louvres...) et vers l’ouest (Vallée de Montmorency, 104), et surtout des communes de l’ancienne intercommunalité Val de France (857 flux vers Sarcelles, Villiers-le-Bel, Arnouville).
Pour les destinations plus lointaines, l’essentiel des actifs se dirige vers le sud-ouest, pour atteindre soit Plaine Commune (557 sortants, dont 327 pour le pôle Saint-Denis comprenant aussi Saint-Ouen et Aubervilliers) soit Paris (1884 sortants), notamment le QCA (674 actifs).
L’utilité pour les Gonessiens de la gare du Triangle et d’un métro vers Roissy serait très modeste.

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QUESTION : COMMENT STOPPER LA DISSOCIATION GRANDISSANTE EMPLOI/MAIN d'OEUVRE de GONESSE

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⇒ En raison d’activités décalées par rapport aux profils de ses actifs, le nombre de sortants est équivalent à celui de Villiers-le-Bel (7131), ville de même taille (27 247 hab.) pourtant fortement déficitaire en emplois (0,4 emploi pour un actif, contre 1,2 à Gonesse). Ce qui montre l'échec patent de la politique d'emplois de la ville. On se reportera à mon article sur "Gonesse, ville dissociée", déjà cité.
- Pour l’ensemble des destinations de proximité, la gare Triangle de Gonesse présente :
- une utilité faible pour le pôle de Roissy : il existe des bus beaucoup plus directs (comme le 22) qui ensuite offrent l'avantage d'assurer la desserte interne de la plate-forme aéroportuaire (qui couvre une vaste surface de 3200 ha), ou le transport à la demande le 27 (anciennement Fileo) fonctionnant comme l’aéroport 24 h/24 et 7 J/7.
- un intérêt nul pour les liaisons vers le nord ou l’ouest.
- En ce qui concerne les liaisons avec la capitale, les travailleurs Gonessiens fréquentent essentiellement les quartiers parisiens de la rive droite, dont le Quartier Central d’Affaires (QCA) avec 674 actifs ; puis le quartier gare du Nord/ gare de l’Est (293). Ils continueront à prendre le RER D, dont la gare est accessible en 10 mn depuis le quartier de la Fauconnière.
- Sans surprise, la relation avec le pôle de La Défense plus lointain est très modeste : à peine 300 Gonessiens pour l’ensemble Boucle de Gennevilliers-Défense, ce qui confirme l’absence de main-d’œuvre locale positionnée dans les filières spécialisées d’un quartier d’affaires (par différence avec le QCA multi-filières) et donc le très faible impact pour les actifs locaux qu’aurait un quartier d’affaires implanté sur le site du Triangle de Gonesse.
II.4. GOUSSAINVILLE, source Insee 2016 : actifs totaux ( dont chômeurs) 14 187 ; actifs occupés 11.604, en diminution (12 095 en 2011). Travail sur place : 2619 ; sortants : 7236.
Une commune pôle de main-d'oeuvre, fortement déficitaire en emplois. Les flux d'actifs "sortants" de cette commune vont du Nord-Nord-Est au Sud-Sud-Ouest, à l'opposé du tracé de la ligne 17 N du Grand Paris Express.(en pointillés rouge),
- Une attraction notable vers les pôles du voisinage : Roissy (1116 actifs) et Gonesse (546).
- Des flux lointains essentiellement dirigés vers Paris et orientés Nord-Est/ Sud-Ouest (le long du RER D).
Sur la carte (Figure 5), on voit que la ligne du métro est fortement déportée à l'est, alors qu’on compte un seul flux notable vers le 93 (Aulnay, 132 actifs). La gare du Triangle serait beaucoup trop éloignée de la ville et du cône principal de destination des actifs sortants pour constituer une offre vraiment utile aux Goussainvillois.

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QUESTION : COMMENT DÉVELOPPER L'AUTONOMIE LOCALE DE GOUSSAINVILLE ?

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⇒ On voit que Goussainville, la ville la plus proche de l’aéroport, est aussi la plus fortement impactée par la récession de l’emploi de Roissy. Il est urgent pour la commune de développer d'autres ressources d'emplois locaux.
- Les flux vers les communes adjacentes de Roissy et Gonesse, très courts, se résolvent par des transports de proximité (bus, voiture, vélo)…
- Aucun besoin de création d’une offre de transport en commun lourd en direction de Roissy : 29,3 % des Goussainvillois actifs empruntent les TC pour s’y rendre et il existe notamment le bus 32 qui dessert l’aéroport, avec plusieurs arrêts sur la plateforme. Sa fréquence actuelle est toutes les 30 mn. La commune réclame une fréquence améliorée (15 mn).
- Citons encore la ligne 95-18 qui passe au Carrefour de l’Europe et effectue ensuite la desserte interne de plusieurs zones de la plateforme aéroportuaire, sans compter la ligne 27 (anciennement Filéo) qui fonctionne à la demande en dehors des heures ouvrables 7 j / 7 et 24 h / 24.
II.5. VILLIERS-le-BEL source Insee 2016 : 11875 actifs totaux ; 9.300 actifs occupés. Travailleurs sur place, 2149 ; sortants, 7131.
Une commune pôle de main-d'oeuvre, fortement déficitaire en emplois, très dépendante de Paris, comme on le voit sur la carte (Figure 6).
En dehors de deux flux vers l’est (Goussainville, 149 ; Roissy, 562) et le sud-est (Gonesse, 368)… les déplacements domicile-emploi sont organisés Nord-N-Est/ Sud-S-Ouest, à l’opposé du tracé de la ligne 17 N (pointillés vert).
- Les destinations suivent le RER D : Sarcelles (485 actifs), Pôle de St Denis (3 communes, 377).
- Et surtout l'importance des déplacements vers Paris, avec près de 2000 flux : en tête le QCA (650), puis le quartier Paris-Nord (gare du Nord/gare de l’Est, 370) et Montparnasse (300).

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QUESTION : COMMENT RECONSTITUER DES EMPLOIS DE PROXIMITÉ QUI DIMINUENT LA DÉPENDANCE DE LA VILLE ?

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⇒ Ayant effectué une étude sur Villiers-le-Bel en 1990, je suis en mesure d'évaluer de 1990 à 2016 l'évolution de l’impact de Roissy sur cette ville : pendant que le pôle aéroportuaire enregistrait une augmentation de 40 000 emplois sur la plateforme, les Beauvillésois en activité récoltaient un bénéfice quasi-nul en profitant de + 0,6% des postes ainsi créés !
- A l'est de la ville, le Bus à haut niveau de service (BHNS) 20 qui relie les deux gares du RER D Arnouville/Gonesse/ Villiers le Bel et du RER B Parc des expositions ne présente guère d'intérêt pour les déplacements domicile-emploi des Beauvillésois. Avec l'abandon successif de deux des grands projets du Grand Roissy - le Dôme de Sarcelles et Europacity - on s’interroge sur l’utilité de ce BHNS, qui devait préfigurer un tronçon ferré dit « Barreau de Gonesse ». Notons que nous ne disposons d’aucun chiffre sur la fréquentation actuelle de cette ligne.
- A l’inverse, au vu de la direction des déplacements des Beauvillésois, certains projets de transport en commun sont fortement attendus, comme le prolongement vers Villiers-le-Bel du tramway T5 ayant son terminus actuel à la gare Garges-lès-Gonesse /Sarcelles.
- Mais surtout on attend toujours le bouclage du tram-train T11 (ancienne Tangentielle Nord), qui devrait à son achèvement permettre la connexion avec toutes les radiales de la moitié nord de l’Ile-de-France : non seulement les RER A, B, C, D, E, mais les lignes H, J et L ; les lignes 16 et 17 du Grand-Paris-Express, sans compter les tramways T8 et T1.
- Plus urgent que tout : reconstituer un tissu d'emplois de proximité qui puisse diminuer le besoin de transports à la source. Voir en encadré la disparition d'un certain nombre de services publics localisés autrefois à Villiers-le-Bel (Figure 7) .

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EN SYNTHÈSE
On voit clairement à cette analyse que l'urgence n'est absolument pas d'améliorer l'offre de transports de l'Est-95, mais de relocaliser la main-d'oeuvre sur place par des emplois de proximité qui permettent d’ÉVITER LES BESOINS DE DÉPLACEMENTS.
- Les élus du 95 s’enfoncent dans une impasse, à vouloir toujours « développer Roissy », alors que l’urgence climatique réclame à la fois la réduction des transports aériens et la protection des terres agricoles.
- Il est incroyable de constater que depuis 2008 - alors que Roissy a cessé de créer de l’emploi (malgré la hausse du trafic aérien) -, les dysménageurs s’entêtent à vouloir améliorer la desserte en transports de l’aéroport, comme si l’avenir du pôle d’emploi s’annonçait radieux, avec des retombées positives pour la main-d’œuvre locale.
- Roissy a supprimé 18 000 emplois de 2008 à 2019, les 25 projets d’aménagement du Grand Roissy ont connu un fiasco monumental engendrant en une dizaine d’années 5000 emplois contre 104 000 escomptés. Une dizaine de zones d’activités sont à l’arrêt, malgré des terrains aménagés et bien desservis.
- Le pôle de Roissy qui recrute sur 2000 communes n’a rien d’un pôle d’emploi de proximité. La politique de transport défendue par les dysménageurs s’adresse aux usagers de l'aéroport (voyageurs, touristes y compris d'affaires), non aux salariés.
- Le territoire a besoin d’activités plus diversifiées contrairement à la politique d’emploi de Gonesse, centrée sur la logistique, le commerce de grande distribution et l'international.
- Ce n’est pas l’offre de transports sans aucune analyse de la demande qui résout les problèmes d’emplois du territoire. Si la main-d'oeuvre locale possède un faible taux d’emploi occupé à Roissy, on ne peut pas invoquer sans cesse une soi-disant insuffisance de transport pour l'expliquer. Les villes d'Aulnay-sous-bois et de Villepinte, desservies par le RER B (dans le bon sens !) ne possèdent pas plus d'actifs travaillant à Roissy que d'autres communes du Val d'Oise.
- On voit tout au long de cette article qu'une offre existe déjà. La moindre des choses serait de faire une évaluation de l'existant, avant de prévoir un "Plan pour le Val d'Oise" hors sol, risquant un gaspillage de fonds publics.
- Le tram-train T11 est une pépite inutilisée pour le Val d'Oise, alors que certains élus persistent à défendre un BIP routier inutile.
De plus, les promoteurs de la ligne 17 Nord ont insuffisamment intégré qu'une ligne de métro fonctionne "dans les deux sens". Comme la main-d'oeuvre locale ne correspond pas aux emplois offerts, c'est la porte ouverte à ce que la ligne attire une main-d’œuvre « entrante » extérieure au territoire, nombreuse, qui ne pourrait que saturer les réseaux existants, concurrencer les actifs locaux, voire aggraver le chômage… Tel est le scénario qui se déroule à Gonesse de "ville dissociée", qui peut s'étendre à d'autres communes.
ANNEXE
MES DEFINITIONS
Pôle d’emploi : concentration d’activités économiques sur un site géographique restreint.
Bassin d’emploi : aire d’attraction d’un pôle d’emploi sur le territoire environnant.
Pôle de main-d’œuvre : concentration de population active sur un site géographique restreint.
Bassin de main-d’œuvre : aire de diffusion d’un pôle de main-d’œuvre sur le territoire environnant.
Déplacements domicile-emploi : trajets quotidiens des actifs en emploi (chômeurs exclus) entre leur lieu de résidence et leur lieu d’activité. Par convention, ne sont comptabilisés que les flux « aller » qu’il faut évidemment multiplier par deux.
Travail « sur place » : désigne le travail des actifs exerçant leur activité dans leur commune de résidence. Le taux exprimé en pourcentage se calcule par rapport aux actifs en emploi.
« Sortants » : actifs en emploi quittant leur commune de résidence pour aller travailler. Ils partent d’un pôle de main-d’œuvre et se calculent d’après leur lieu de DESTINATION.
Par opposition aux «Entrants » : actifs venant occuper un emploi dans une commune extérieure à leur lieu de résidence. Ils alimentent un pôle d’emploi et se calculent d’après leur lieu d’ORIGINE. Sortants et Entrants constituent ce qu’on appelle des « migrants alternants » ou encore des « navetteurs ».
⇒ Pour en savoir plus, voir site de J. LORTHIOIS, in « Concept généraux ».
https://j-lorthiois.fr/concepts-generaux/distinguer-les-bassins-sans-les-confondre/