Même si la méthode utilisée, l’accroissement des droits de douane entraine le chaos, c’est en même temps une nécessité. Contrairement à l’accroissement prodigieux de la richesse des oligarques, les revenus moyens aux États-Unis ont stagné depuis 50 ans. Au mieux. La colère s’exprime dans l’abstention et les votes de défiance. La préservation de la richesse des oligarques exige de calmer cette colère.
L’augmentation des droits de douane, comme la lutte contre les immigrés sont des tentatives de détourner cette colère vers l’étranger, mais il est vrai que l’énorme dette de 35 000 milliards de $, qui s’accroit de près de 2000 milliards par an, qui a permis aux États-Unis de vivre au-dessus de leurs moyens, qui a permis d’acheter le consensus pour le système existant, devient une menace. La suspicion sur la soutenabilité de cette dette, la défiance des souscripteurs, font monter les taux d’intérêts. Les taux qui étaient de l’ordre de 2% il y a 10 ans ont frôlé les 5% récemment et restent de façon permanente au-dessus de 4%.
Le bon sens indique que cette dette ne peut croitre indéfiniment, qu’elle devra d’une façon ou une autre un jour être remboursée. Les pyramides de Ponzi finissent toujours par s’écrouler, et celle-ci risquait d’emporter le système qui bénéficie aux oligarques. Les droits de douane plus faibles que ceux que les autres pays appliquaient aux États-Unis étaient la contrepartie du rôle prépondérant du $, de la suprématie financière américaine qui fait cumuler les richesses du monde dans son système financier au profit de son oligarchie. Prétendre que c’est le Cambodge ou le Lesotho « qui profitent des États-Unis » comme le dit Trump, ne résiste pas aux faits : PNB par an par habitant : États-Unis 82 000 $, Cambodge 2400$, Lesotho 900$. Résorber cette dette en faisant payer tous les pays du monde, tous plus pauvres, y compris la Chine, est à la fois cynique et une nécessité, si l’on veut préserver la richesse des oligarques. Un autre moyen, qui a été discutée dans l’équipe de Trump était de faire défaut sur tout ou partie de cette dette. Mais la crédibilité économique et financière américaine en aurait été réduite encore plus rapidement.
LA LOGIQUE D'UNE POLITIQUE
D’une façon ou une autre la politique de Trump, sa « révolution » est une nécessité, un contrefeu pour tenter d’éviter la révolte. Cette politique va accroitre les difficultés ? Elle révèle que les États-Unis ne sont pas fiables ? que ses dirigeants agissent comme des mafieux ? qu’elle va générer de l’inflation, des guerres commerciales, du chaos ? pouvant mener à des crises économiques et à des guerres tout court ? C’est vrai. Mais elle n’en est pas moins inéluctable, logique. Trump lui ajoute simplement sa petite touche de fantaisie inimitable. Ce faisant il est à la fois le révélateur de la crise capitaliste et un accélérateur de cette crise. Plus il se débat plus il s’enfonce mais s’il ne se débat pas le système perd tout soutien aux États-Unis mêmes.
Ainsi la principale nation leader du capitalisme mondial s’attaque à tous les pays, se met à dos presque toutes les fractions politiques dans chacun de ces pays, révélant son inadéquation dans le monde comme il va. Inadéquation sur le plan économique et financier, à laquelle s’ajoutent, et ce n’est pas un hasard, les inadéquations toutes aussi catastrophiques sur les plans écologiques et démocratiques. Tout cela va à l’encontre des aspirations de la majeure partie des gens dans le monde pour la paix, la justice, l’égalité, le respect de la planète, les acquis démocratiques. Il apparait progressivement que seul un projet anti capitaliste, un projet communiste peut porter ces aspirations. Ce projet n’apparaitra comme la seule solution que lorsque la politique de Trump aura montré tous ses effets. Pour éviter les souffrances le plus tôt sera le mieux. Voir aussi : Trump est-il fasciste ?