Élections : J.L. Mélenchon fait de la politique politicienne axée sur les présidentielles : Edouard Philippe est out puisqu’il veut la retraite à 67 ans, Retailleau va l’emporter sur Marine Le Pen, Hollande a pris le pouvoir au PS etc… Les échecs, aussi bien à Grenoble où après que le député LFI ait été obligé de démissionner, le candidat LFI n’obtient que 35% des voix, que celui de Villeneuve St Georges où Louis Boyard perd les municipales alors qu’il est le député élu à 60%, sont en fait … des succès car « PS et verts ont perdu plus lourdement » ! L’incapacité à constater le manque de mobilisation est sidérant ! « Si nous amenons 1 million d’abstentionnistes à aller voter, on a gagné ! » dit-il. Même en prenant l’hypothèse folle, complètement contredite par tous les résultats partiels, que tous les abstentionnistes votent pour lui, rappel du résultat des dernières élections présidentielles : Macron 9,8 millions, Le Pen 8,1, Mélenchon 7,7. Il est vrai qu’il nous a habitué à l’irréalisme total : « Nous serons un million sur les Champs Élysées ».
Rodomontades : « Nous devons tourner la page d’une alliance toxique » avec le PS et « S’ils veulent être des partenaires ce sera dans l’action » précise-il. Qu’est-ce qu’on parie que non ? Ne serait-ce que pour les municipales de mars 2026 des discussions reprendront ? Et c’est normal car le PS a beau trahir en permanence, tant qu’ils existent à gauche, au niveau des entreprises, des villes, des quartiers il est normal à chaque étape d’essayer de faire l’unité, et ce sera le cas aussi pour les prochaines municipales. A quoi servent ces postures définitives aussi tôt contredites ?
L’analyse de classe sous-jacente est toute aussi médiocre : « Nos priorités, les quartiers populaires, la jeunesse et les défavorisés de la ruralité » rappelle-t-il. Ce ne sont pas des défavorisés Mr Mélenchon, ce sont des exploités ! C’est la classe ouvrière, chassée des villes par l’organisation du capitalisme en cascade de sous-traitants et par le prix des loyers, qui forme aujourd’hui la ruralité ! Il vaudrait mieux travailler à l’unité de la classe ouvrière, en rappelant par exemple l’importance des travailleurs immigrés, et non pas en priorité « donner la nationalité française aux médecins étrangers (parce que) on en a besoin » comme JL Mélenchon le réclame. Et les autres travailleurs immigrés, on laisse le RN les dénigrer ? Le sujet de l’immigration est toujours éludé. Il est vrai que 3 millions de travailleurs immigrés n’ont pas le droit de vote[1] !
Sur l’Ukraine A raison, voir le billet Poutine, Trump, gauche « campiste » même combat ?, le journaliste lui demande « Vous êtes sur la ligne trumpiste ? ». JL Mélenchon ne répond pas, élude et dénonce « le retour de l’impérialisme américain ». Pas un mot contre Poutine, pas un mot de soutien aux travailleurs ukrainiens en résistance contre l’invasion.
Tout à la politique politicienne rien n’est dit pour préparer les travailleurs aux difficultés politiques à venir, des questions importantes comme l’immigration, la guerre d’Ukraine sont éludées, donc cela ne peut pas contribuer à l’unité des travailleurs. Il parait certain que LFI, trop inconséquent, ne sera pas le socle d’une position de gauche. Il est très difficile de savoir comment éclatera LFI, où se répartiront ses militants et où se positionnera J.L. Mélenchon lui-même. Ainsi il est parfois le défenseur de l’impérialisme français, glorifiant « le second empire maritime du monde » (grâce aux colonies !), la révolution bourgeoise française de 1789 et son drapeau tricolore, faisant de l’Allemagne l’ennemi principal[2], et parfois il est le défenseur des pays du Sud, de la créolisation de la France et dénonce son impérialisme. C’est pourquoi il est parfois nécessaire et trop souvent décevant.
[1] Jacques Lancier, Étrangers, immigrés bienvenue, vous aussi êtes ici chez vous ! l’Harmattan, 2023.
[2] Le Hareng de Bismarck, J.L Mélenchon, Plon 2015.